Présentation officielle
« – Tu es sorceleur ou tu ne l’es pas, tonnerre ? Ils disent que tu as tué une kikimorrhe que tu as apportée sur un bourriquet pour la faire estimer. Une kikimorrhe est un animal stupide qui tue parce que les dieux l’ont créé pour ça. Stregobor est pire qu’une kikimorrhe. C’est un homme cruel, un maniaque, un monstre. Apporte-le-moi couché en travers d’un bourriquet, et je ne lésinerai pas sur l’or.
– Je ne suis pas un tueur à gages. »
Geralt de Riv pénètre dans la cité de Blaviken en quête de rétribution, une kikimorrhe fraîchement abattue sur sa monture, et se voit proposer de livrer la carcasse au mage Irion. Mais ce dernier n’est autre que Stregobor, un magicien dont le Sorceleur a déjà croisé le chemin, et qui a trouvé refuge incognito à Blaviken pour échapper à la croisade vengeresse de la princesse Renfri, « La Pie-grièche ». Pris dans l’étau d’un conflit auquel il ne voulait pas prendre part, le Sorceleur devra opter pour le moindre mal…
Avis de Chris
Tiré d’une des nouvelles du tome 1 du Sorceleur d’Andrej Sapkowski, Le moindre mal a été mis en images par Ugo Pinson. Cette nouvelle est particulièrement propice à la représentation graphique. S’inspirant des mythes et légendes des contes, on y retrouve le sorceleur Geralt dans une aventure qui fera de lui le célèbre Boucher de Blaviken.
Alors que Geralt de Riv arpente les contrées sauvages de Blaviken, il tue une kikimorrhe, monstre peu évolué mais très dangereux pour la population. Etant un sorceleur, un mutant aussi détesté qu’indispensable au bas peuple, ne pouvant laisser passer une prime, Geralt ramène la tête de la bestiole au village. Il y exige alors une récompense à son maire. Au lieu de lui verser quelques sous, comme le voudrait la bienséance, le maire lui propose une rencontre avec un mage. Ce dernier loue le destin qui lui amène un sorceleur sur un plateau d’argent alors qu’il est lui-même menacé.
Loin des contes que l’on abreuve à nos chérubins en culottes courtes, Le Moindre mal s’appuie pourtant sur des thèmes bien communs à ces derniers. Mais Sapkowski y instille un peu de réalisme dans son univers fantastique, illustré d’une bien belle manière par Pinson. Vous comprendrez pourquoi des femmes sont prisonnières en haut de tours imprenables ou encore découvrirez également une légère inspiration de Blanche-Neige, par exemple.
Le grand format de l’album illustré permet au dessinateur de laisser libre court à son talent sur des doubles pages magnifiques et représentatives du monde dans lequel interagissent les personnages. Les couleurs sont choisies avec parcimonie, passant d’un noir profond à des paysages aux mille couleurs. Il est seulement dommage que le texte apparaisse parfois sur des fonds clairs. La lecture en devient alors fastidieuse par moment. On peut alors être tenté de lire le livre tout en feuilletant le roman graphique, d’autant que la traduction est la même.
Les portraits sont détaillés et on sent la chaleur à travers le regard de certains personnages. Des scènes de la vie quotidienne y sont dépeintes avec justesse. Le village avec ses maisons traditionnelles, ses rues pavées et ses habitants, apportent une profondeur nouvelle à ce récit très fort. Lorsque l’on voit les scènes de combat, c’est tout juste si on n’entend pas les coups d’épée, si on ne sent pas l’odeur âcre du sang et les cris des passants horrifiés. Ce réalisme est à saluer pour un ouvrage d’une beauté sans pareille. Cette collection s’ouvre sur un très bon récit avec des illustrations qui mettent en valeur une des histoires les plus connues de la série du Sorceleur.
Si vous ne connaissez pas cette saga fantastique polonaise, cet album illustré est un premier pas pour la découvrir. Pour les fans, c’est un très bel ouvrage qui embellira votre bibliothèque.
Fiche technique
Format : broché
Pages : 56
Éditeur : Bragelonne
Sortie : 28 octobre 2020
Prix : 24,90 €