Chinatown Beat – Avis +/-

Présentation de l’éditeur

Jack Yu est muté à Chinatown, quartier où il a grandi. Dans un secteur à 99% chinois, 99% des flics sont blancs. Jack Yu est donc le « chinois de service », le seul capable de comprendre les mentalités des habitants, dans un secteur où, par principe, on n’aime pas les flics. Lorsqu’une fillette de dix ans est violée dans une cage d’escalier, on préfère faire appel à la communauté, pas aux diables blancs. Oncle Quatre, figure de la communauté chinoise et patron des Hip Chings, un gang d’origine hong-kongaise, est descendu froidement. Traditions, misère, justice parallèle, guerre des gangs, jeux d’argent … une immersion au coeur de Chinatown.

Avis de Hirone

Johnny, chauffeur de nuit, est fou de la belle et mystérieuse Mona. Mona est une femme énigmatique au bras du chef des Hip Chings, Oncle Quatre. Oncle Quatre domine les quartiers du Chinatown de New York et n’a pas que des amis. Jack est un policier qui vient travailler là où il a grandi alors que son père vient de décéder. Enfin, dans les rues de Chinatown, un volatile violeur de petites filles sévit.

A côté de ces grandes lignes, qui forment ce premier volume, de nombreux personnages agissent dans l’ombre et poussent les personnages à agir. Dans ce roman, nous ne suivons pas seulement Jack Yu et son enquête, on change de point de vue et d’acteurs dans les différents chapitres. Chacun apporte sa pièce au puzzle qui se construit lentement devant nous. Les acteurs se croisent, se côtoient, interagissent et permettent de comprendre comment on vit et on perçoit le monde lorsqu’on vient de ce quartier.

Chinatown est un autre univers, ce n’est pas les États-Unis, c’est un quartier qui a son propre coeur et ses propres poumons. On voit une communautarisation forte et un entre-soi qui est tiraillé entre une volonté et une obligation. Les personnes qui vivent ici sont venues d’Asie, pas forcément de Chine, ne parlent pas l’anglais, et perpétuent leurs traditions. C’est une mini-Asie indépendante qui est dépeinte. L’histoire d’une population qui n’est pas acceptée par les « démons blancs » qui profitent d’eux, mais qui est également victimisée par les autres de « couleurs ». Le roman dépeint une forte dimension raciale et ethnique. Les Asiatiques sont les victimes « des noirs lorsque ces derniers sont rabaissés par les blancs ». Les Asiatiques semblent être à la fin de la « chaîne alimentaire » de la rue.

Mais on nous démontre bien également qu’ils ne sont pas « gentils et doux » comme les clichés peuvent nous le faire croire. Chinatown a ses propres règles et Jack, bien qu’il vienne de là, ne va pas pouvoir faire comme bon lui semble. L’uniforme qu’il porte fait de lui un traître, un traître qu’on préfère néanmoins avoir en interlocuteur lorsque l’action policière est vraiment nécessaire. On ressent le tiraillement de Jack entre sa culture familiale et sa culture environnementale qu’il s’est construit hors des murs de Chinatown. Cette question est prégnante, elle consume Jack car on l’oblige à faire un choix quand il n’est pas renvoyé sans cesse à ses origines.

Chinatown Beat est un roman surprenant. Il est sombre dans ses propos et son développement. Il fait apparaître un malaise latent autour de cette population. Il fait mal au coeur de voir tellement de déchirures et de cassures entre les personnes, mais semble tout de même décrire une réalité palpable aux États-Unis. Il faut néanmoins essayer de garder un certain recul, ne connaissant pas réellement le contexte américain, il ne faut pas prendre la violence des relations comme argent comptant.

Il n’est pas un roman à mettre entre toutes les mains. Et n’est pas non plus forcément très facile à lire tant au regard de son style que par les événements qui y sont décrits. De plus, le résumé fait perdre de sa saveur à l’histoire car il dévoile un élément de l’intrigue qui n’aura lieu que vers la fin. Cette attente à travers le synopsis coupe le rythme du texte, car on s’attend à un roman policier plus classique.

Fiche technique

Format : broché
Pages : 253
Editeur : Editions Filature(s)
Sortie : 29 mai 2020
Prix : 20 €