E-ciné : Paradise – Avis +

Présentation officielle

« A quel âge une femme peut-elle se marier ? – A 6 ans, avec l’accord du père. – Qu’est-ce que doit couvrir le hijab ? – Tout. Sauf les mains et les pieds. – Et les chevilles ? – Aussi. – Et le cou ? Dis la vérité… Tu ne le portes pas souvent, n’est-ce-pas ? ». Voilà le genre d’interrogatoire que doit subir Hanieh, 25 ans et enseignante dans la banlieue de Téhéran. Confrontée à une réalité hypocrite, violente et souvent absurde, elle doit se battre pour que soient satisfaites ses modestes demandes.

Avis de Chris

Paradise a été tourné en Iran, un pays où il est interdit de produire des films à cause de la censure. L’exploit est d’autant plus important qu’il fait la part belle aux femmes, en dénonçant, mais sans jugement, certaines coutumes sexistes que les femmes subissent et reproduisent elles-mêmes à travers l’enseignement et la pression sociale. La caméra demeure pudique, presque cachée pour rester à l’écart et laisser le spectateur entrer doucement dans une société patriarcale où la religion musulmane y fait foi.

Le film retrace la vie de Hanieh, une jeune femme de 25 ans, dont la vie lui échappe. Institutrice dans une école primaire pour filles de la capitale, elle se débat avec l’administration, aussi chaotique qu’en France, pour que sa mutation soit validée par l’État afin de se rapprocher de chez sa sœur enceinte. Elle espère alors éviter les longues heures de transports en commun qui l’épuisent. Découragée par son quotidien éreintant, la réalisation semble être de son avis : grise, lente, statique. Peu enjouée, voire dépressive, Hanieh subit son quotidien comme les poissons emprisonnés dans leur aquarium. Impossible pour eux comme pour elle d’échapper à leur sort.

À travers son point de vue, le spectateur entrevoit des scènes où les femmes, jouées par des actrices novices pour la plupart, sont reines ici, et pourtant si peu considérées dans la société iranienne. Contrairement à ce que l’on pourrait s’attendre, rares sont les hommes à qui l’on donne la parole.

D’ailleurs, la plupart sont soit flous, soit totalement effacés par une caméra discrète qui joue à cache-cache avec eux. Le peu d’hommes qui conversent avec elles semble animé d’un sentiment de rébellion à peine perceptible qui dénote avec les enseignements de la directrice de l’école des fillettes dont tout ou presque leur est interdit.

Toutefois, quelques rares éclats de gaîtés transparaissent, propulsés par des chansons dynamiques et modernes, ainsi que par la joie de vivre des fillettes de l’école, encore éloignées des contraintes de leur sexe dues à leur jeune âge, ce qui contraste beaucoup avec l’environnement morne de l’héroïne.

En conclusion, ce film sans prétention donne un point de vu documentaire sur la société iranienne et sur comment elle voit ses femmes à l’heure actuelle.

Fiche technique

Sortie : 22 décembre 2017
Durée : 100 minutes
Avec : Dorna Dibaj, Fariba Kamran, Fatemeh Naghavi…
Genres : Drame
Distributeur : E-CINEMA.com