Interview de VanRah

Onirik : Malgré votre passion pour le dessin, vous avez choisi de devenir ostéopathe pédiatrique. Pourquoi ce choix ?

VanRah : Tout simplement parce que je viens d’une famille de scientifiques, mes parents sont médecins – respectivement, médecins et sage-femme. Et, il était absolument hors de question que je fasse un métier de crève-la-faim avec tout ce que ça sous-entendait derrière. On se fait souvent de mauvaises idées par rapport à ce genre de métiers. Ils ne voulaient pas me payer ni les études de dessins ni en parler.

Je précise que je n’ai pas du tout été malheureuse, loin de là. Du coup, j’ai fait ce que j’ai voulu, mais dans une autre branche. Cependant, j’ai continué en douce à dessiner, jusqu’au moment où l’en douce se soit transformé en moins en douce et en plus professionnel.

Jusqu’à très récemment, j’ai continué à faire mes deux professions à temps plein. Finalement, il a fallu que je fasse un choix parce que j’avais autant de travail que ce soit sur l’une ou l’autre profession. J’ai choisi le dessin parce que d’une part, c’était ma vocation première et d’autre part, le milieu dans lequel je travaillais était un milieu très très dur. Je travaillais dans la néonatalité. Et, c’est un milieu qui est très très compliqué dans le sens où il y a beaucoup de charges émotionnelles. C’est un travail au niveau duquel je m’impliquais énormément, voire trop, d’ailleurs. Et je n’ai pas réussi à tenir la distance, il y avait beaucoup de drames, de déceptions. Pour moi, ça devenait trop compliqué à gérer.

Quand j’ai eu le choix de prendre une profession, qui reste auprès des jeunes – une sphère que je côtoyais déjà depuis longtemps – et apportant que du positif, j’ai sauté sur l’occasion.

<img16376|left>Onirik : Depuis combien de temps avez-vous abandonné l’ostéopathie pédiatrique ?

VanRah : Depuis Octobre dernier.

Onirik : Votre don pour le dessin, vous l’avez perfectionné auprès de grands illustrateurs, encreurs et auteurs. Est-ce que vous pourriez me donner quelques noms de personnes que vous avez rencontrées. Peut-être une rencontre a-t-elle été particulièrement marquante et a eut un sens sur votre style ?

VanRah : Quand je présentais des travaux, même en amateur, et que je demandais des conseils dans des conventions ou des choses comme ça, on avait l’habitude de me répondre : « Mais n’essaie même pas, ça sera trop dur pour toi. » Donc, j’ai continué à grattouiller dans mon coin.

Il y a quelques années, quand msn existait encore – donc ça ne date pas d’hier ! [rires] – je lisais beaucoup de comics américains. Mon papa était fan de Batman. Il n’aimait pas le dessin, mais les comics, il en était super fan. Du coup, j’ai commencé à en lire… À un moment donné, je suis tombée sur un encreur qui était génial. Il mettait à la fin des planches ou à la fin du recueil d’une issue, les contacts msn. Et moi, je me suis dit pourquoi pas !

Je lui ai envoyé un message : « Je suis pas mal votre travail et j’aimerais percer là-dedans, mais en France c’est très fermé. Je n’ai aucune formation. Est-ce que vous auriez quelques conseils, parce que j’aimerais faire tel rendu, et je n’y arrive pas au niveau de mes planches. » Et le gars, il me fait (ndlr : Tony S. Daniels) : « T’as 5 minutes ? T’es en ligne ? », et je fais : « Bah oui. » Il me dit : « Ok, t’as une webcam ? » Je réponds que oui. Il me dit : « Ok, tu la branches, je te montre.»

Onirik : C’est une incroyable chance !

VanRah : J’ai eu l’occasion – et la grande chance – de le voir en personne, il y a quelques années. Il me semble que c’était en 2013, pour le ComicCon, à Japan expo, quand c’était encore lié. C’est quelqu’un que j’ai vraiment remercié. Il était venu dédicacer son nouveau comics. Je suis arrivée devant lui, je lui ai dit : « Bah voilà, je suis VanRah. » Il me dit : « Bah oui, je t’ai reconnue ! » Il a été aussi génial qu’il l’a été sur Internet et qu’il l’a été dans sa profession. Par son biais, ça m’a fait rencontrer d’autres auteurs. Parce qu’aux États-Unis, ils ne sont pas fermés comme nous. Là-bas, ce n’est pas : je suis l’auteur d’un projet, mais c’est notre équipe donne un projet.

Quand on regarde au niveau des comics, c’est un studio qui fonctionne avec un scénariste, un dessinateur, un encreur, un coloriste, un lettreur… Ce n’est pas le travail d’un tel, c’est le travail d’une équipe. Ils ne se disent pas « Si je lui donne un conseil, il va me piquer ma place. » Et aussi, on n’a pas le problème de : si tu n’as pas fait d’école, tu es recalé ; parce que cela veut dire que tu n’es pas sérieux.

Chez eux, il n’y a pas d’école. Les gens se forment sur le tas. Même Jim Lee, qui est maintenant une grosse pointure de Dc Comics, qui est pratiquement le directeur de DC Comics pour la partie Batman, a commencé en tant que cuisinier. Il s’est formé sur le tas. Donc ils ( Ndlr : les Américains ) n’ont aucun a priori de ce côté-là. C’est surtout le mode : « Montre-moi ce que tu sais faire, et après on discute. Je ne veux pas savoir d’où tu viens, ce que tu faisais avant. Montre-moi. Montre-moi ce que tu sais dessiner. Montre-moi des choses qui m’intéressent, et éventuellement, j’ai quelque chose pour toi. »

Par son biais (Ndlr : Tony S. Daniels), j’ai rencontré d’autres auteurs qui m’ont vraiment permis de travailler au sein du comics : Ivan Reis, Angus Og, Inkist, qui est l’empereur de Jim Lee et qui fait des encrages de folie. Au départ, j’ai bossé sur ces séries-là en tant qu’encreuse. Parce qu’au départ, j’étais tombée amoureuse du style de Tony S. Daniels. C’est par ces rencontres-là que je me suis mise à dessiner du comics.

Mon style graphique : pour l’encrage, c’est de l’encrage comics comme on peut le voir sur beaucoup de planches. Pour le style des personnages, c’était plutôt des coups de cœur, par rapport à certaines BDs, des mangas, etc.

Niveau manga, ce serait Miwa Shirow, qui dessine le manga Dogs, et qui fait tout ce qui est illustration de supers salles pour les bocaloïdes. Il y a également Yone Kazuki qui fait pas mal d’illustrations. J’avais adoré sa méthode de colorisation, et ça avait commencé à changer la façon de coloriser les miennes. Ou encore Hiroyuki Asada qui a fait Letter bee – qui est juste magique – ou encore Génération basket, ce qui m’a fait aimer le basket en manga, ce qui n’est pas donné à tout le monde. Je pourrais citer aussi Masashi Kishimoto, parce que mine de rien, Naruto, c’est Naruto ! Ça m’a donné une autre idée du manga, dans le sens où on peut un truc marrant, libéré et sans complexe. Avec une liberté d’expression quasi-totale, quoi.

Onirik : Vous avez choisi de centrer l’histoire sur le personnage de Toru, la bête du Gévaudan, qui est tout de même l’une des plus grandes énigmes de France. Pourquoi ce choix en particulier ? Qu’est-ce que cette énigme peut représenter à vos yeux ?

VanRah : Je suis une férue de loup. Je pense que ça se voit [rires] dans tout ce que je fais. Je vivais dans une région proche du Gévaudan, et à l’époque, tout tournait autour du mythe de la bête. On ne m’a jamais dit : « Si tu ne vas pas te coucher tôt, le père fouettard va venir taper à la fenêtre. » C’était : « Si tu ne te couches pas assez tôt, si tu n’obéis pas à tes parents, la bête va venir te dévorer. » Partout, il y en avait les statues, les enseignes, les magasins, les girouettes… On avait tout pour nous rappeler l’histoire de cette bête, de ce qui s’est passé à ce moment-là. Ça m’a toujours intriguée.

Quotidiennement, on voit des stigmates. C’est quelque chose qui s’est passé à notre porte. Et, il y a quand même eu 300 personnes qui ont été décimées sur une très courte période. Sur 2 voire 3 ans. On n’a jamais eu ni explication ni volonté de l’expliquer. C’est aussi ce qui m’a donné envie de travailler sur ce mythe-là. On a “X” recueils sur Jack l’éventreur, avec plein d’hypothèses. Le nombre de recueils, qui essaient d’avoir une explication plausible et qui essaient de revenir sur les éléments, se comptent sur les doigts de la main.

<img16377|right>Il y a eu pas mal de témoignages qui décrivent la bête. C’est un tout, c’est ça qui est intéressant. On ne sait pas si il y a vraiment eu une bête, si c’est quelqu’un qui a pris la forme de, si ce n’est pas quelque chose qui a été dressé pour… Si ce n’est pas la jonction d’un homme et d’une bête qui a fait que. Ce ne sont que des hypothèses et grosso modo, au jour d’aujourd’hui, personne n’essaie d’y répondre. Mis à part trois équipes sur lesquelles je me suis bien calée. Henri Pourrat, par exemple, qui a fait un bon travail de recherches, de synthèse à ce niveau-là.

Au-delà du côté humain, il y a tous les stigmates qui restent aujourd’hui et le folklore qui traîne autour, mais également tout ce que cela impliquait à l’époque. Il y a eut une connotation religieuse qui a fait que ça a pratiquement failli remettre en cause l’Église. Parce qu’à force que celle-ci dise que c’est le malin qui se soit installé sous la forme de cette bête ; et que l’on n’arrive pas à l’éliminer, cela voulait dire que l’Église était impuissante face au malin. Cela a pratiquement remis en question la monarchie. On a vu des louvetiers, des garnisons ; personne n’est arrivée à l’attraper. Cela voulait dire que le roi, qui était censé être la réincarnation de Dieu sur Terre, n’arrivait pas à soulager son peuple, etc. Finalement, il n’était pas si divin que ça.

Tout est là pour faire une bonne histoire. Je rajoute la connotation fantastique pour pousser à l’extrême le surnaturel. Mais quand on y regarde bien, il y a le côté politique, avec l’Église et le gouvernement d’Ishtar. Il y a le côté folklorique avec les loups-garous, parce que c’était aussi une hypothèse de l’époque ! Et que ce soit aussi l’hypothèse d’un homme qui contrôle une bête, qui provoque les attaques avec le personnage de Toru qui est à la fois l’homme et la bête.

Sur toutes mes séries, je pars d’une légende, d’un conte. Et, je le démonte entièrement, je fais référence à tout ce qui compose ce conte, de près ou de loin. Cela me permet d’avoir plein de niveaux de lecture, et de faire réfléchir le lecteur. Si on retire le côté folklorique de mes histoires, ce sont des choses qui pourraient très bien se passer actuellement.

Même dans le nom des personnages, par exemple, le premier maître de Toru, Lawrence Morrians. C’est l’anachronisme de Morangiès (ndlr : Jean-François Charles de la Molette, comte de Morangiès) qui l’un des premiers à avoir participé aux battues. Et, on le soupçonne d’être lui-même le possesseur de la bête, au départ. Et Morrians le dit dans le premier tome : « La bête est dans la famille depuis longtemps. ». Et, si on prend en compte le fait que Toru a une longévité très très longue, cela veut dire que Toru était dans sa famille depuis le départ, quoi. Cela rejoint l’hypothèse que ce soit eux qui sont à l’origine des attaques, s’il y avait bien un maître et une bête.

Onirik : En admettant que ce qui se passe dans Stray Dog soit une réalité, quelle serait votre réaction face au fait de devenir le maître de quelqu’un ?

VanRah : Je pense que ça serait très très compliqué à vivre. C’est une chose sur laquelle Tsubaki répond à ma place. Parce que je mets un peu de moi-même dans chacun de mes personnages… Quand elle dit dans le tome 3, « Je ne préfère pas être ton maître parce que je ne vois pas de quel droit je pourrais décider à ta place. Et en quoi j’aurais le droit d’être en possession d’un être vivant. » Je la rejoins totalement sur ce point-là.

J’ai plein d’animaux chez moi, ce sont plutôt eux qui décident à ma place de ce qu’ils font, parce que c’est compliqué de se considérer supérieur à un être qui ressent, qui éprouve…

Onirik : Pensez-vous que Senri Aokidesu a raison d’une possible vie commune entre karats et humains ?

VanRah : Je pense que oui. Quand on regarde bien, ce sont deux races qui s’opposent, bien sûr, mais qui ont les mêmes griefs les uns envers les autres. Bien sûr, il y en a un qui a commencé, l’autre à suivi. Mais si chacun y mettait un peu du sien, ça suffirait pour que les choses changent. Après, ce sera expliqué dans la suite de Stray Dog, il faudra qu’il y en ait un pour faire le premier pas pour que la situation change. Senri a décidé que ce sera par son biais, par ce qu’il a mis en place avec le Bird. Il se dit : « On a commencé par leur voler leurs terres, leur liberté. Ce ne serait-ce que le droit d’être humain, c’est à nous de la rendre. »

L’esclave, le racisme et la différence entre les gens sont des sujets qui me sont chers. Qu’est-ce qui définit le droit d’être humain ? Est-ce que c’est sa condition d’être humain ou ses actes ? C’est pour cela que je choisis des personnages poussés à l’extrême, pour faire réfléchir les lecteurs. Dans quel camp se placeraient-ils ? Pour qu’ils ne s’arrêtent pas à la première impression.

<img16378|left>Onirik : L’atmosphère de Stray Dog est assez sombre alors que l’interaction entre les personnages est plutôt légère. Est-ce une façon d’adoucir un peu la réalité de ce monde ? Ou d’en adoucir le récit ?

VanRah : En fait, ni l’une ni l’autre. Le monde est très sombre, parce que l’époque où les personnages évoluent est très dure. Très crue, aussi. Après, j’ai envie de dire que même dans les pires épreuves, l’être humain arrive à sourire et arrive à apporter un peu de légèreté. Moi, je me contente de raconter le récit. Je ne vais pas forcément mettre de l’humour parce que j’ai atteint mon quota de pages tragiques, etc.

Si certaines pages sont très noires, c’est parce qu’il y a besoin de les montrer ainsi. J’ai vraiment voulu montrer des pans de l’histoire, où il y a eu le racisme dans tel ou tel pays, le C.S.A., la ségrégation, etc. Ce n’était pas forcément plus gai que là, mais c’était peut-être un peu plus brutal parce qu’à l’époque où l’on vit, on est moins sujet à cela. Et encore ! Cela permet de montrer que la vie continue. Je me place vraiment en tant que spectatrice, et je montre les choses qui sont à montrer. Je ne prends pas partie, même si j’ai mes chouchous, même si des fois, ça me rend très triste de faire subir telle ou telle chose à telle personne. Je ne vais pas mettre quelque chose d’édulcorer. Je n’ai pas de race préférée, il y autant de karat que d’humain que je déteste dans l’histoire. J’ai envie de montrer quelque chose de vrai. Ça plaît, c’est bien ça ne plaît, eh bah, c’est dommage. [rires]

Onirik : Est-ce que l’on pourrait dire que la partie démoniaque que l’on voit, par exemple chez Toru, est une illustration de la part sombre que chaque être humain possède ?

VanRah : Je pense que oui… Parce que chez lui, ça se matérialise à l’extrême. Lui, véhicule des thèmes comme le deuil, la rancœur, la disparition, la colère, etc. Le remords, surtout. Chez lui, tous ses sentiments sont compactés et poussés à l’extrême, et ça lui fait prendre cette forme de bête. Toru le dit lui-même que quand il est sous sa forme de bête. Il ne contrôle plus rien, mais ça ne le rend pas plus heureux pour autant. Il en souffre énormément, parce que ce sont des sentiments avec lesquels il vit au quotidien. Et au bout d’un moment, quand ça déborde, cela prendre cette forme-là.

Onirik : Senri a choisi la bête du Gévaudan pour protéger sa fille. En quoi la rédemption de Toru lui est-elle si indispensable ?

VanRah : Déjà, d’une part, il a découvert que c’était l’une des bêtes les plus puissantes qui existent, donc si ce monstre-là continue à tuer, il peut bouleverser la Terre voire la détruire. Toru le dit lui-même à un moment donné, il me semble.

Je ne veux pas spoiler l’histoire, mais ces personnages ont vraiment un lien fort et qui sera plus détaillé ensuite. Pour Senri, Toru est un personnage qu’il veut vraiment sauver parce que c’est un personnage qui ressemble énormément à sa fille. Et c’est aussi dans le caractère de Senri de ne pas abandonner les gens, même s’il vient seulement de les rencontrer. C’est pour cela qu’il a créé le Bird, qu’il a sauvé pas mal de karats, notamment Tarot de l’exécution. Il arrive à voir au-delà de la première apparence. Il arrive à faire la part des choses. Pour lui, c’est nécessaire pour le salut de la planète. C’est quelqu’un qui est incapable de passer à côté de quelqu’un en souffrance sans s’arrêter.

Onirik : Donc, pour lui, il était inenvisageable de confier directement sa fille au Bird ?

VanRah : Cela aurait été un autre choix, mais ce sera aussi expliqué par la suite. Tout est bouclé de A à Z, je sais où je vais. Certains éléments que je n’ai pas mis au départ seront repris par la suite. On embarque sur le tome 4. On voit au niveau du Bird, qui est dirigé par son meilleur ami, qu’il y a des tensions. Tous les employés qui travaillent au Bird ne sont pas tous pour la réhabilitation des lycans, des karats. Ils voient ça comme un travail. Ils ne considèrent pas les karats comme des gens. Ce n’est pas parce que vous travailler à tel endroit que vous adhérez à la cause. Senri le sait très bien. Il y a aussi des tensions entre le Bird et d’autres organismes, parce que le Bird leur fait de l’ombre. Ils se disputent l’autorité du pouvoir politique en place et de l’Église. Et, mettre sa fille là-dedans alors qu’il n’est plus là pour veiller au grain… Il ne préfère pas. Il la met sous la protection de Toru, qui est le meilleur garde du corps qui soit. Ok, il peut avoir des excès, ceci dit, en la mettant sous sa garde, étant donné que Toru est inégalable au niveau de la puissance, forcément, elle sera en sécurité.

<img16379|right>Onirik : Comment était l’enfance de Toru avant que tout bascule pour lui ?

VanRah : Je spoile la suite de la série ? [rires] C’est une question sur laquelle je ne peux pas répondre parce que ça spoile toute une partie de mon suspens. Ça sera traité de long en large.

On sait qu’il a eu un drame dans son clan qui a fait qu’il s’est transformé en ça. En cette fameuse bête altérée. On sait qu’il y a eut une altercation avec un certain clan, il parle des lycans rouges… Après, le fait qu’il soit le seul descendant de son clan, le seul Alpha fait que l’on comprend qu’ils ont été décimés. Après, je laisse en imaginer les raisons.

Onirik : Sans spoiler, comment envisagez-vous l’avenir de Toru sur le plan personnel ?

VanRah : Alors, je mettrais de l’espérance. Je vis avec mes personnages. Ce sont pour moi de vraies personnes. J’aimerais que Toru change, dans le sens où, pour l’instant que ce soit lui ou Aki (Ndlr : Tsubaki), ce sont des personnages qui sont bloqués par les épreuves qu’ils ont subies. Ils ne sont pas passés à autre chose. Les deux fonctionnent sur la même manière, à savoir, ils ont énormément de colère en eux. Ils n’ont pas réussi à faire leur deuil, à passer outre ce qu’ils ont vécu ou subit. Il n’en reste que de la colère brutale.

Toru paraît plus posé. À la fin du tome 3, on voit vraiment sa manière de penser. Avant, il s’est contenté de nous raconter ou nous montrer ce qu’il a vécu, sans forcément le commenter. Il y a des indices qui montrent qu’il n’est pas forcément quelqu’un de gentil. Il est très froid, parce qu’il a été extrêmement déçu. C’est quelqu’un qui ne s’attache à rien. Par exemple, quand il montre à Aki comment fonctionnent les dévoreurs de cauchemars, c’est une scène où il ne met pas d’affect. Tarot, contrairement à lui, est quelqu’un de plus chaud, plus humain. Il met des émotions dans ce qu’il fait, dans ses paroles. Alors que Toru est plus placide. Il dit lui-même à la fin du tome 3 que le sort des karats, du monde, ne le concerne pas. C’est quelqu’un de très détaché.

Ce que j’aimerais, c’est qu’il évolue, qu’il change, qu’il arrive à dépasser ce seuil de « tout le monde est pareil, personne ne me mérite. » ou « Je ne peux avoir confiance en personne parce que quelqu’un m’a trahi. ». C’est pareil pour Aki. À chaque fois qu’elle a fait confiance à quelqu’un, elle a été trahie ou déçue. Ou, ça s’est mal terminé.

La meilleure optique, puisqu’ils sont le miroir l’un de l’autre, c’est qu’ils puissent trouver l’un dans l’autre, la force d’avancer. Faire leur deuil ensemble et redevenir humains ensemble, quoi.

<doc16373|left>Onirik : VanRah, avez-vous un petit message pour vos lecteurs ?

VanRah : Je prends toujours énormément de plaisir dans ce que je dessine, dans ce que je raconte dans mes histoires. Si les lecteurs pouvaient prendre autant de plaisir à lire que ce que je fais chaque jour, ce serait super !

Un grand merci à VanRah d’avoir pris le temps de faire cette interview après une longue séance de dédicaces sur le stand Glénat de la Japan Expo 18ème Impact.

Crédit photo : Prettyhoney aka Emilie Lefaut pour Onirik
Légende photo : VanRah

Le tome 3 de Stray Dog est sorti en mars 2017 aux éditions Glénat !
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