The Young Lady (lady Macbeth) – Avis +

Présentation officielle

1865, Angleterre rurale.

Katherine mène une vie malheureuse d’un mariage sans amour avec un Lord qui a deux fois son âge. Un jour, elle tombe amoureuse d’un jeune palefrenier qui travaille sur les terres de son époux et découvre la passion.

Habitée par ce puissant sentiment, Katherine est prête aux plus hautes trahisons pour vivre son amour impossible.

Avis de Valérie

A l’époque victorienne, le sort des femmes s’est drastiquement resserré autour de devoirs et peu ou pas de droits. Faire un bon mariage est capital, le divorce étant pratiquement impossible, s’il est initié par la femme. Sans compter ensuite l’opprobre sociale.

La jeune lady Katherine épouse un propriétaire terrain aisé. Pleine de bonne volonté, elle semble rassérénée le matin des noces, puis même le soir où pourtant son nouvel époux la dédaigne. Mais le plus dur vont être l’enfermement, le mépris, voire l’humiliation. Alors qu’elle n’a aucune obligation et qu’elle aime se promener en plein air, son époux et le père de celui-ci lui interdisent de sortir. Elle se doit de rester, sans rien faire, et de faire acte de présence.

A la faveur d’un déplacement de ces deux hommes détestables, la jeune femme s’autorise enfin de vivre. Elle sort et effectue de longues promenades dans les landes. Un jour, elle surprend les ouvriers de son mari en train de malmener une jeune servante noire, qu’elle délivre. Mais elle remarque l’un deux, jeune et vigoureux, et elle n’aura de cesse – comme lui d’ailleurs – que de concrétiser leur attirance.

Sans aucune vergogne, ils vont s’adonner à leur passion, au point où cela va se savoir même en dehors du manoir. Son beau-père revenu, la situation va tourner au tragique…

Ce premier long-métrage est exemplaire : avec peu de moyens, on visionne un film historique riche d’éléments. L’enfermement ressenti par l’héroïne dans ce cadre pourtant bucolique se devine grâce au regard ascétique de l’objectif. L’esthétisme choisi séduit et porte en lui l’essence qui empoisonne petit à petit les relations des uns et des autres, comme la santé mentale de jeune femme.

La puissance du scénario est de nous fournir des éléments qui nous font accepter les choix de Katherine, jusqu’au moment où cela dévie, d’un peu, puis encore un peu pour devenir inhumain. C’est vraiment brillant, et l’interprétation Florence Pugh est également incroyable.

Avis de Claire

L’affiche du film – une belle jeune femme en robe bleue élégante occupe l’espace et un titre prometteur The young lady (Lady Macbeth) – nous laissent croire que l’on va découvrir un joli film en costumes, sans doute une histoire d’amour contrariée. Mais finalement, il n’en est rien, et ce film à l’ambiance hitchcockienne a de quoi surprendre, voire même complètement chambouler…

Aussi étonnant que cela paraisse, ce premier long-métrage de William Oldroyd est une adaptation du roman Lady Macbeth du District de Mtsensk (1865) de Nikolai Leskov[[ Publié en France aux éditions Classiques Garnier]], russe donc, et proche de Tolstoï. Tourné au Château de Lambton, à côté de Chester, ce film à petit budget, économie des moyens oblige, est saisissant de réalisme. En quelques plans habilement découpés, nous voilà transportés dans une Angleterre rurale et toute victorienne.

Le film se scinde clairement en deux volets, avec une montée croissante de la tension et de la furie. La première partie place le spectateur dans le rôle d’observateur. Impuissant, celui-ci assiste avec tristesse au mariage calamiteux dans lequel la jeune lady est prisonnière. Son calvaire, humiliant et injuste, dure un certain temps. D’emblée, l’empathie occupe tout l’espace de réflexion, c’est gagné, le spectateur est pris au piège, débordant de compassion.

La seconde partie, qui coïncide avec la découverte du plaisir dans les bras vigoureux d’un jeune amant, fait basculer l’héroïne dans une dimension dévorante. Elle en veut plus, tout le temps et tout de suite. Son beau-père la gêne ? Qu’il ait donc l’élégance de disparaître ! Son mari représente une entrave ? Il n’a qu’à jamais revenir de voyage ! Peu à peu, la spirale de la violence se déchaîne et entraîne les amants maudits jusqu’à l’innommable…

Florence Pugh, en lady Katherine au visage d’ange, hypnotise l’écran. De la première à la dernière image, elle capture le regard, que ce soit par sa présence silencieuse, par ses accès de folie, par ses manières parfois enfantines. Une véritable révélation !

Dans le rôle de l’amant, Cosmo Jarvis, tout en nuances, a quelque chose de Heathcliff, le héros des Hauts de Hurlevent, d’Emily Brontë. Une présence inquiétante et magnétique, une flamme qui s’éteint au fur et à mesure que la jeune lady prend de l’assurance.

William Oldroyd, le réalisateur et Alice Birch, la scénariste, viennent du théâtre, et ont posé leur empreinte très scénique dans la mise en scène et dans la narration. L’image, du début à la fin, est impeccable, d’autant plus que la tragédie est en marche, implacable. « Le monde entier est un théâtre, et tous, hommes et femmes, n’en sont que les acteurs. Et notre vie durant nous jouons plusieurs rôles»[[William Shakespeare, Comme il vous plaira]], telle pourrait être la conclusion, toute shakespearienne, pour une lady Macbeth.

Fiche technique

Sortie : 12 avril 2017
Durée : 89 minutes
Avec : Florence Pugh, Cosmo Jarvis, Paul Hilton, Naomie Ackie, Christopher Fairbank

Genre : drame