Les mots qu’on ne dit pas – Avis +

Présentation de l’éditeur

« Salut, bande d’enculés ! » C’est comme ça que je salue mes parents quand je rentre à la maison. Mes copains me croient jamais quand je leur dis qu’ils sont sourds. Je vais leur prouver que je dis vrai. « Salut, bande d’enculés ! » Et ma mère vient m’embrasser tendrement.

Avis d’Emilie, elle-même sourde

Ce petit livre est une perle de drôlerie et de tendresse. Véronique raconte son enfance, puis sont adolescence et début de l’âge adulte. Sa famille est un peu particulière : ses deux parents sont sourds. Elle est entendante.

Écartelée entre deux monde, celui des oreilles et celui des mains, elle peine à trouver sa place. Ses parents ne veulent pas se servir d’elle comme interprète, ils prennent soin de l’envoyer à l’école rapidement pour qu’elle apprenne à communiquer oralement.

Mais la langue des signes (et s’il vous plait, ne dites pas langage, ça passe très mal, c’est péjoratif !) est directe, brute. On n’y trouve que peu de nuances, pas de jeux de mots. En ce sens, Véronique déplore l’absence de grandes discussions avec ses parents. Mais la langue des signes est également très vivante, elle évolue avec le temps et les gens bien plus vite qu’une langue qui s’écrit.

Ce qui est un atout dans le théâtre, car elle est expressive. Pour peu qu’on s’intéresse à la LSF (la Langue des Signes française), on apprendra un tas d’informations utiles qui donnent envie de se lancer. Par exemple, les dialogues en LSF sont retranscris selon la grammaire de celle-ci : personne, temps, action, sujet. On a un peu l’impression de lire du petit nègre, mais ça explique bien à quel point cette langue est concise.

On rit franchement à de nombreux passages. On éclate vraiment de rire quand les filles de sourds apprennent de faux signes aux collègues de leur oncle. Il se voit donc être salué par le signe « lesbienne ». Blague d’ado potache.

Les sourds ont tendance à être très à l’aise avec leur corps, puisqu’ils l’utilisent pour communiquer. Aussi n’y a-t-il pas de tabou envers le sexe. Mais les signes sont parlants. Obscènes mêmes. Aussi l’éducation sexuelle de Véronique est pour le moins traumatisante ! Mais la jeune fille en parle avec humour et dérision.

On aime ce livre pour sa légèreté. Il est composé de très courts chapitres, qui abordent différents sujets. Malgré des sujets parfois graves, le ton n’est jamais dénué de drôlerie qui fait sourire et même franchement rire. Le livre est très différent du film, il ne faut pas s’attendre à y retrouver la même histoire. Véronique parle de sa vie avec beaucoup de recul et d’objectivité. C’est bien simple, c’est un régal !

Fiche technique

Format : poche

Pages : 160

Éditeur : Le livre de poche

Collection : Littérature et documents

Sortie : 30 septembre 2015

Prix : 6 €