Poison City : tome 1 – Avis +/-

– Montrer le héros avec une cigarette devant une mineure te met en danger !

Tout à son oeuvre créative, le mangaka Mikio Hibino s’est enfermé depuis des semaines dans son appartement. N’ayant pas suivi l’actualité il ignore que la société japonaise est sur le point de basculer.

C’est ainsi qu’il apprend que s’il va vouloir paraître, son manga horrifique Dark Walker va devoir connaître quelques aménagements : éviter les représentations trop directes, les scènes trop gores, ne pas représenter de cadavre… Voulant que son manga soit publié, il l’a peu à peu débarrassé de sa substance. Puis le verdict est tombé. Son manga a été considéré comme un « ouvrage nocif » et a été rappelé des centres de vente.

Juste avant les Jeux Olympiques de 2020, la « loi pour une littérature saine » a été votée et les politiciens ont déclaré qu’elle serait « appliquée avec modération ». Bref, la censure s’abat sur la création et en particulier sur les mangas.

Le mangaka Tetsuya Tsutsui qui eut à subir les foudres de la censure pour son manga Manhole nous présente deux histoires parallèles. D’une part les difficultés d’un mangaka confronté à la contagion du puritanisme, et de l’autre les héros du manga Dark Walker combattant une menace épidémiologique.

Tout en faisant une allusion à Orange Mécanique cet ouvrage mentionne le « comics code » qui frappa les USA 70 ans auparavant en se basant sur les élucubrations du psychiatre Fredric Wertham. Un éditeur américain donne l’alarme : « Ce genre d’individu peut apparaître à tout moment, dans n’importe quelle civilisation !« .

Le dessin de Tetsuya Tsutsui diffuse efficacement l’inquiétude dans la représentation des deux histoires. Dans les deux cas la contagion (qu’elle soit celle du puritanisme ou virale) se développe.

Fiche Technique

Format : album
Pages : 242 p. dont 2 pages couleurs, sens de lecture japonais
Traduction : David Le Quéré
Adaptation graphique : Clair Obscur
Editeur : Ki-oon
Collection : Latitudes
Sortie : mars 2015
Prix : 15 €