Bonsoir, la rose – Avis +

Présentation de l’éditeur

Il faut d’abord imaginer ce Grand Nord de la Chine aux si longs hivers, les fleurs de givre sur les vitres et l’explosion vitale des étés trop brefs. Puis Xiao’e, une jeune fille modeste, pas spécialement belle, dit-elle, pour qui la vie n’a jamais été tendre :« j’appartenais à une catégorie insidieusement repoussée et anéantie par d’invisibles forces mauvaises ».

Et puis Léna aux yeux gris-bleu et au mode de vie raffiné, qui joue du piano et prie en hébreu, dont le visage exprime une solitude infinie. Elle qui avait une vie intérieure si riche, comment pouvait-elle ne pas avoir connu l’amour ? Xiao’e rencontre donc Léna, une vieille dame juive dont la famille s’est réfugiée à Harbin après la révolution d’Octobre. Tout semble les opposer, pourtant on découvrira qu’un terrible secret les lie. C’est un monde où les fantômes côtoient les supermarchés, où les blessures de l’enfance restent vivaces. A la fois désabusé et espiègle, tragique et gai.

Avis d’Emilie

Le thème n’est vraiment pas courant : on parle ici des Juifs qui se sont réfugiés en Chine lors de la Révolution d’Octobre, en Russie. Le roman se déroule donc en Mandchourie, une région du Nord de la Chine, proche de la Sibérie. C’est une région assez peu représentée en littérature. Originalité de thème, originalité géographique… Que faut-il de plus pour capter notre attention ?

Léna est une vieille femme juive dont l’histoire s’est arrêtée à la seconde Guerre Mondiale. Elle s’est réfugiée là après la Révolution d’Octobre. Par hasard, elle se retrouve à héberger Xioa’e, une jeune chinoise menacée de viol par son ancien logeur.

Elles apprennent à vivre ensemble, dans le secret malheur des femmes qui subissent les hommes. Récits et souvenirs bercent leurs journées : Lena se régale à raconter sa jeunesse, et Xiao’e est éduquée par la sagesse de la vieille femme.

Le ton du livre est très doux et bienveillant. Tout en pudeur, on entre peu à peu dans l’intimité de ces femmes, sans jamais toucher au voyeurisme. C’est un roman profondément féministe que l’on découvre ici, dans le sens où il montre les dégâts qu’a fait le capitalisme sur le statut des femmes.

Avec une lucidité intelligente et jamais agressive, on découvre un pan de l’histoire qui a influencé notre époque contemporaine.

Fiche technique

Format : broché

Pages : 176

Éditeur : Philippe Piquier

Collection : Grand format

Sortie : 5 mai 2014

Prix : 20 €