Traverser l’enfer et croire encore au Paradis – Avis +/-

Présentation de l’éditeur

Michelle Knight n’a pas été épargnée par la vie. Maltraitée pendant son enfance, celle que l’on surnommait  » la naine  » – elle est atteinte d’un nanisme psychosocial, qui lui donne une allure enfantine –, met au monde un petit garçon, Joey, conçu lors d’un viol au lycée. Mais le destin s’acharne : elle est accusée à tort de maltraitance sur son enfant et se bat pour sa garde, lorsqu’elle est enlevée par le monstre Ariel Castro. Quand ce dernier qui la croyait adolescente découvre avec dégoût son âge, 21 ans, il en fait son souffre-douleur.

Les huit premiers mois, avant l’arrivée de deux autres filles, Michelle est enchaînée à une canalisation dans la cave, à moitié nue, avec un casque de moto sur la tête pour étouffer ses cris. Son bourreau lui inflige aussi cinq avortements à coups d’haltère dans le ventre, la viole quotidiennement et lui éclate un tympan. De surcroît – et ce n’est pas la moindre des atrocités de ce cauchemar éveillé –, ses proches ne font rien pour la retrouver, elle n’a même jamais été portée disparue…

Preuve que l’on peut survivre à l’impensable, Michelle Knight a tenu bon. Par amour pour son fils. En croyant à des jours meilleurs. Aujourd’hui, elle écrit ce livre pour donner de l’espoir à ceux qui souffrent en silence.

Avis de Valérie

« Heureux les pauvres en esprit car le royaume de Dieu leur appartient« . C’est à cette maxime (qui n’est pas à comprendre comme « pauvre d’esprit », mais plutôt comme sans duplicité) des béatitudes que l’on pense en lisant le témoignage de Michelle Knight tant ce qu’elle a subi ne peut être pardonné de notre point de vue. Pourtant la jeune femme fait la part des choses en condamnant l’homme et le mal qu’il a fait à elle, aux deux autres femmes, ainsi qu’aux dommages collatéraux comme leurs familles et amis, mais reste d’une troublante naïveté et espérance.

Le récit en lui-même, s’il évite la plupart du temps le voyeurisme grâce à l’innocence de Michelle, est abominable pour une raison simple, l’absence d’humanité que la jeune femme a connu depuis sa plus tendre enfance, pas seulement durant ces 11 ans de détention par Ariel Castro. Mais ce dernier est le pire si une gradation dans l’horreur peut être faite. Il avance pour sa part que sa cruauté est induite par les abus que lui même a vécus enfant…

Cela remet en question l’éducation américaine (même si les autres pays peuvent également regarder de leur côté), cette obsession de la performance et de la réussite et la stigmatisation de tous ceux qui sont différents, qui n’agissent pas selon la norme est totalement malsaine. Michelle est une victime, elle agit comme telle et attire à elle les bourreaux. Pour autant, cela ne donne à personne le droit de lui aliéner ses droits élémentaires.

Mais contrairement à beaucoup d’autres, elle choisit la vie, l’amour et l’espoir. Elle ne se plaint pas, ne rejette pas sur le monde entier son malheur ; elle veut juste s’en sortir, rester debout, et c’est cela qui est admirable. Ariel Castro, bien malgré lui, a permis à la jeune femme de se battre, de créer son avenir en devenant une ambassadrice de la prévention anti-viol. Elle est maintenant entourée, protégée, même si elle n’a pu retrouver son fils car trop jeune et ayant besoin d’être par dessus tout épargné par ces événements.

Dernière chose, à qui peut-on conseiller ce livre qui reste dur de par ce qu’il implique ? Aux autres victimes qui verront avec Michelle la possibilité de se reconstruire, de sortir de son état de victime, de comprendre aussi qu’aussi horrible que soit leur souffrance, il faut aller de l’avant.

Egalement aux personnes cherchant véritablement à comprendre le monde, celles qui veulent voir en face le mal tout en gardant l’espoir qu’on peut s’en sortir…

Mais peut-être pas aux personnes qui ne comprennent pas ou qui ne veulent pas voir, car leur lecture sera alors une succession de scènes abominables qu’elles seront incapables de digérer… et pourtant on avance le chiffre de 40 % de victimes d’abus sexuels ou moraux parmi la population mondiale, comme en France. Pratiquement une personne sur deux, nous tous avons autour de nous quelqu’un qui a été meurtri.

Ne nous voilons pas la face et comme le demande Michelle Knight, si vous avez le moindre doute sur la détention et l’abus de voisins, prévenez les autorités !

Fiche Technique

Format : broché
Pages : 315
Editeur : Michel Lafon
Sortie : 20 mai 2014
Prix : 18,95 €