Spartacus et Cassandra – Avis +/-

Présentation Officielle

Deux enfants roms sont recueillis par une jeune trapéziste dans un chapiteau à la périphérie de Paris. Un havre de paix fragile pour ce frère et sa sœur de 13 et 10 ans, déchirés entre le nouveau destin qui s’offre à eux, et leurs parents vivant dans la rue.

Avis de Valérie

A mi-chemin entre documentaire et film d’auteur, Spartacus et Cassandra est une énigme en soi tant l’image est belle et souvent artistique et que le propos laisse derrière lui un malaise lié à une situation ingérable.

L’histoire est simple, une jeune trapéziste monte le chapiteau d’un cirque en banlieue où elle s’éclate et prend plaisir à s’occuper de jeunes enfants. Elle se prend d’affection plus particulièrement pour deux jeunes roms d’une dizaine d’années parmi d’autres.

Spartacus et Cassandra sont frère et sœur et se sentent bien avec Camille. Dotés de parents indigents (le père est alcoolique et bat sa femme, la mère semble simplette et ne peut s’empêcher de crier sa terreur d’être seule avec son époux devant ses enfants), il est évident que si le chef de famille veut faire respecter les traditions roms avec ses enfants, il a également à coeur d’avoir sa descendance comme paravent, comme monnaie d’échange avec le gouvernement français.

Camille, après avoir scolarisé les deux jeunes, va essayer de les faire placer en maison d’accueil pour qu’ils puissent avoir un toit, une sécurité et un futur. Elle-même l’avoue, elle est jeune et ne se sent pas d’entreprendre une éducation, ne veut/peut s’improviser parent.

Le documentaire parle d’une génération sacrifiée, celle qui a suivi l’immigration en Terre d’accueil, que ce soit parce que ces rejetons sont arrivés tout jeunes, ou simplement nés sur le sol français et bénéficiant alors d’un statut différent de leurs géniteurs.

Leurs aspirations, leurs besoins, leurs envies sont tiraillés entre ce qu’ils découvrent et ce que leur inculquent leurs parents. Le père des enfants ne lâche aucun point. Ils sont Roms, ils sont sa descendance, sa fierté, sa richesse. Ses enfants, il les a élevés et nourris, il n’est pas question que la France les lui prenne.

Et Spartacus est au milieu. Bien sûr qu’il a envie de s’amuser, de rêver à la stabilité, la sûreté. Mais à 13 ans, il comprend aussi le poids de la tradition, de l’identité. Camille pour l’obliger à respecter les décisions du juge lui fait un chantage affectif terrible. On ressent Cassandra (plus jeune) comme une elfe qui veut virevolter mais a à coeur sa famille. Chaque fois qu’elle prend contact avec sa mère ou son père, elle plonge dans les affres du remord, du sentiment de trahison, du désespoir…

Il nous est donc difficile d’accepter qu’un documentaire puisse avoir comme sujet d’expérience la délicate psyché d’enfants. Il est difficile de les voir évoluer devant nous, se demandant à chaque éclat, image ou décision qu’elle va être la conséquence sur leurs âmes.

Contrairement à ce que l’on peut penser, le sujet n’est pas les Roms, mais les enfants, la conséquence de ce que le monde des adultes leur fait subir et notre incapacité à agir face aux images qui nous sont présentées.

Et surtout… peut-on inculquer de force une tradition différente à des jeunes enfants au risque de leur faire perdre tout point de repère, leurs racines et leur essence sous le prétexte que c’est mieux pour eux ?

Fiche Technique

Durée : 80 minutes

Genre : documentaire

Sortie : NC