La femme qui décida de passer une année au lit – Avis +

Présentation de l’éditeur

Le jour où ses jumeaux quittent la maison pour entrer à l’université, Eva se met au lit… et elle y reste. Depuis dix-sept ans que le train de la vie l’entraîne dans une course effrénée, elle a envie de hurler : « Stop ! Je veux descendre ! » Voilà enfin l’occasion.Son mari, Brian, astronome empêtré dans une liaison extraconjugale peu satisfaisante, est contrarié.

Qui lui préparera son dîner ? Eva ne cherche qu’à attirer l’attention, prétend-il. Mais la rumeur se répand et des admirateurs par centaines, voyant dans le geste d’Eva une forme de protestation, se pressent sous la fenêtre de sa chambre, tandis que son nouvel ami, Alexander, l’homme à tout faire, lui apporte du thé, des toasts, et une sollicitude inattendue. Depuis son étrange prison, Eva va-t-elle trouver (enfin) le sens de la vie ?

Avis d’Emilie

Ce récit commence avec légèreté et finit plein d’amertume. Pas du côté du lecteur, rassurons-nous ! Plutôt pour les héros. Ce roman est une véritable galerie de personnages, où certains se révéleront plus attachants que d’autres. Tous auront leur moment, toutefois.

On déteste l’affreuse Poppy quand elle apparaît, puis on fond pour son histoire. Les jumeaux qui sont un peu comme des victimes au départ se révéleront être que des bons à rien sans cœur.

Mais notre attendrissement ira avant tout au pauvre mari d’Eva. Loin de nous l’idée de le défendre, c’est un mari indifférent qui compte sur sa femme uniquement pour les tâches domestiques. Mais son univers explose littéralement quand sa femme prend la décision de rester au lit.

Il ne sait pas faire tourner une machine à laver le linge, ni se faire à manger, ni repasser, ni même s’habiller ! Sa mère et sa belle mère lui viendront en aide, mais il devra surtout se débrouiller par lui-même. Le moment où il est chargé de préparer Noël est savoureux. Ce pauvre homme ne pouvait se douter que c’est un moment de l’année si difficile pour les ménagères laissées à elles-mêmes.

Eva, notre héroïne alitée, sert de catalyseur à tous les gens qui l’entourent. Ils racontent leurs vies, leurs envies, leurs peurs et Eva est vite propulsée au rang de sainte, qui peut tout résoudre, voire de médium. Cela l’agace prodigieusement, tout ce qu’elle veut, c’est se reposer et réfléchir.

Le style est délicieusement sarcastique, très anglais. Toutefois, ce roman n’est pas une comédie. Il commence comme tel, certes, mais une réflexion sur le sens de la vie y est abordée, et de façon plus profonde qu’on pourrait le penser de prime abord. Régulièrement, après un éclat de rire, on se dit « Quand même… C’est vrai ! » et cela fait réfléchir à notre propre situation.

Eva, de sympathique femme au bout du rouleau, nous tape sur les nerfs par ses caprices (elle ne dit jamais merci, ou a des exigences assez ridicules et obtuses) puis devient franchement antipathique.

Pourtant, elle reste attachante, et son portrait est juste, vrai. Sa situation va un peu loin, on ne peut pas dire que l’on verrait ça dans la vie de tous les jours, mais cette exagération constante donne justement à ce personnage la vie qui lui aurait manqué sans.

On remarquera que l’auteur s’est énormément documentée pour ce roman : chaque sujet, aussi hétéroclite que l’astronomie, la cuisine, les travaux, la psychologie ou encore l’informatique… est poussé et on se laisse prendre aux explications, avec le secrète fierté d’être heureux d’y comprendre quelque chose.

Très loin des romans chick-lit moyens, aussi vite lus qu’ils sont oubliés, ce livre est une étude sociologique de la société dans laquelle nous vivons, accessible, drôle et poignante. Notre cœur se serre parfois à la lecture, et les propos qui sont tenus nous font réfléchir.

Un monument de la littérature anglaise !

Fiche technique

Format : poche
Pages : 454
Editeur : 10/18
Collection : Littérature étrangère
Sortie : 17 avril 2014
Prix : 8,80 €