Les Mains de Dieu – Avis +

Présentation de l’éditeur

« Onzième jour du mois de novembre de l’an 1215. Un jour terne se levait sur Rome, capitale de la Chrétienté. Tous les ecclésiastiques piétinant sur le parvis attendaient cela depuis plus de deux ans. Depuis le 19 avril 1213, date à laquelle le pape Innocent III les avait convoqués au quatrième concile du Latran. […] Les yeux rivés sur le portail, aucun des religieux ne remarqua les ombres furtives qui, à la dérobée, s’échappèrent du saint édifice par l’une des portes du transept. »

À l’heure où la croisade contre les albigeois fait rage, Théodore d’Havricourt, vieil érudit passionné, et la jeune Jehanne sont accusés à tort et doivent fuir Carcassonne pour sauver leurs vies. Pourtant, les chevaliers de Simon de Montfort, le chef des croisés, ne sont pas leurs plus farouches poursuivants. De mystérieux dominicains semblent résolus à s’emparer d’un étrange livre en leur possession… Et les Mains de Dieu sont prêtes à tout pour arriver à leur fin.

Ludovic Rosmorduc est un pur Tourangeau. Ce statisticien féru de vieilles pierres occupe son temps libre entre flâneries dans les cités médiévales et écriture. Les Mains de Dieu est son quatrième roman.

Avis de Claire

Après trois excellents opus destinés aux adolescents, Ludovic Rosmorduc s’essaie au genre du roman historique plus spécifiquement ciblé pour les adultes. Si l’on retrouve avec plaisir l’ambiance de ses précédents livres, un mélange d’invention et d’érudition, on découvre également un auteur plus aguerri, sûr de lui, très à l’aise dans le monde médiéval et ses dédales complexes.

Le romancier nous avait confié avoir un faible pour Le Nom de la Rose et son adaptation magnifiquement filmée par Jean-Jacques Annaud, son influence se ressent fortement dans cet univers un peu fantasmagorique, étrange, inquiétant et en plein bouleversements.

Nous sommes dans une époque charnière de l’Histoire de l’humanité, entre obscurantisme et quête de progrès, encore bien trop souvent catalogué d’hérésie, voire de sorcellerie, et il ne fait pas bon d’être trop érudit. C’est pourtant le cas de Théodore d’Havricourt, qui a passé sa vie à collectionner les livres, à l’époque des copies manuscrites, un bien ô combien précieux.

Le vieil homme a sacrifié sa vie à sa passion, celle d’acquérir le savoir dans sa forme absolue, chaque livre lu s’ajoutant à sa somme de connaissances, chaque connaissance acquise en appelant une nouvelle, comme un tonneau des Danaïdes. Si Théodore sait bien qu’il n’atteindra jamais cette chimère, il y emploie néanmoins toutes ses forces et ses deniers.

Le destin met un jour le vieux solitaire sur le chemin de la jeune orpheline Jehanne, d’origine albigeoise, et donc considérée comme hérétique par rapport à la très sainte religion catholique. La jeune fille a soif d’apprendre elle aussi. Et si elle pouvait être pour le vieil homme son dernier espoir ? Celle à qui il pourrait transmettre son savoir, celle qui pourrait poursuivre l’oeuvre de sa vie…

Mais c’est sans compter sur les forces ténébreuses qui manigancent en secret des plans pour retrouver un précieux manuscrit qui mènerait au plus grand trésor de la chrétienté, convoité par le Pape lui-même. Pour celui-ci, il a envoyé ses sbires, les terribles « mains de Dieu », qui agissent en toute impunité, parfois au mépris de la vie humaine…

Voilà un roman qui mêle avec talent mystère et Histoire, par le truchement de personnages au fort potentiel, nimbé de suspense et de réflexions pleines de sagesse, qui poussent au questionnement. «Là réside probablement le secret du bonheur. Faire en sorte que chaque instant soit précisément celui que l’on a envie de vivre, de telle sorte que, même si l’on apprenait soudain qu’il ne nous restait plus qu’une heure devant nous, nous ne changerions rien.»

Fiche technique

Format : broché
Pages : 477
Editeur : J’ai Lu
Sortie : 19 février 2014
Prix : 15 €