La Petite fêlée aux allumettes – Avis +

Présentation de l’éditeur

Une nuit, dans les rues de Pandore, Nake tombe sur un sale type qui la séquestre. Elle réussit pourtant à s’échapper et se réfugie chez sa grand-mère, une charmante vieille dame qui l’a élevée à la mort de sa mère en la nourrissant de contes de fées pour la protéger des horreurs du monde.

Mais la jeune fille la retrouve morte au pied de son lit, une boîte d’allumettes nichée dans le creux de sa main. Nake s’en empare comme un précieux talisman, ayant toujours en mémoire l’histoire de La Petite Fille aux allumettes qui a tant bercé son enfance.

Désemparée et seule, elle se met en quête de retrouver son père, disparu à sa naissance. Mais en fouillant dans les affaires de sa grand-mère à la recherche d’indices, Nake déniche de terrifiants secrets de famille. La vieille dame lui a-t-elle menti tout au long de sa vie ou est-elle victime d’un complot ? Que dire aussi de cette vision affreuse qui la bouleverse à chaque fois qu’elle craque une allumette, celle du cadavre d’une fillette déguisée en Blanche Neige ?

Mais le pire est à venir lorsque, le lendemain, elle découvre dans le journal la photo de la même petite fille, sauvagement assassinée. L’inspecteur Cooper et son coéquipier Michou, flic le jour, travelo la nuit, vont mener l’enquête avec l’aide inattendue de mémé Cornemuse, l’infernale punaise sans scrupules qui lit dans les lignes de son tricot et voue un culte à Jean-Claude Van Damne…

Avis de Claire

Roman policier férocement atypique, au ton grinçant, pétri d’humour mais sans complaisance, le dernier roman de Nadine Monfils a tout pour plaire aux fans de San Antonio ou de Michel Audiard.

Avec son ton piquant assumé, et c’est ce qui fait sa vraie originalité, bien plus que l’intrigue, qui finalement passe un peu au second plan. La force du livre est de mettre en scène des personnages terriblement loufoques, au phrasé impertinent, à la mise patibulaire, à la destinée aussi à la dérive qu’un cafard au fond d’un lavabo, si vous lisez le livre, vous comprendrez l’allusion.

Chaque chapitre apporte un nouveau personnage, un nouveau palier dans l’intrigue policière, c’est prenant, on a envie de savoir rapidement ce qui se passe de page en page. Nadine Monfils sait y faire !

Revendiquant pleinement ses origines belges et surréalistes, avec des hommages marqués à Magritte et à son univers décalé, elle offre à son roman une dimension fantasmagorique particulièrement réussie, avec la ville de Pandore, lieu imaginaire et mystérieux où se déroule l’intrigue.

On peut dire que l’histoire tourne autour de la jeune Nake, dealeuse carrément paumée, orpheline, sa mère est morte en couches, un peu comme dans le fameux conte d’Andersen. Nake a un don, quand elle craque une allumette d’une boite qui appartenait à sa grand-mère, elle a des visions de meurtres qui vont avoir lieu, mis en scène à la façon des contes de fées, en plus.

L’autre personnage qui se démarque est la fameuse Mémé Cornemuse, iconoclaste en diable. Nymphomane, malgré ses 85 printemps, sorte de Maud sans Harold complètement barrée, elle aime d’amour fou Annie Cordy et Jean-Claude Van Damme. Mais son problème est qu’elle dégomme à tout va! Dès que quelque chose ne lui plaît pas, elle sort le flingue. Ce qui ne va pas sans créer quelques problèmes au quotidien.

C’est très très drôle, sans être vulgaire, bien que parfois un peu grivois ou fleuri. Les chapitres ont un format court, ça va vite, comme dans un film d’action. La conclusion du mystère n’est pas si originale que l’on pouvait s’y attendre, cependant encore une fois, ce n’est pas ce qui compte le plus, mais le ton de l’auteur, fondamentalement cocasse et follement singulier.

Fiche technique

Format : broché
Pages : 264
Editeur : Belfond
Sortie : 16 février 2012
Prix : 19 €