Toute une vie – Avis +

Présentation de l’éditeur

« Le temps a passé si vite… A l’orée de ma fin de vie, alors que la mort se profile à ma porte, j’ai eu le désir de faire revivre ces personnes qui m’ont habité durant leur vie et après, durant leur absence. Tous ces êtres que j’ai connus, rencontrés, appréciés et aimés et qui, un jour, sont partis. Loi de vie, dit-on en Espagne. Peut-être. Alors, pourquoi certaines de ces morts m’ont-elles paru si impitoyables, si cruelles, si inutiles, si injustes parfois? »

A partir de là, Armand de Lafront commence le plus périlleux de ses voyages, un aller sans retour dans sa mémoire.

Avis de Claire

Alors que faible et malade, Armand de Laffront a atteint l’horizon de sa vie, ses souvenirs lui reviennent en mémoire. Il a la joie de les partager avec une personne qui lui est particulièrement chère, son petit-fils Laurent. Pour lui, il est bien temps d’en tourner des pages et des pages, et du passé faire table rase… Le temps presse, la vieillesse et surtout la maladie, sournoise, se pressent déjà au pas de sa porte.

Ses souvenirs les plus doux, sa mère, son petit frère, sa petite soeur, le cocon familial, les sentiments chaleureux de son enfance, les femmes qu’il a aimées lui reviennent en tête et attendrissent son coeur. Au plus profond de ses réminiscences, les blessures, les remords et les regrets trouvent aussi leur place. Il les jette pèle-mêle sur le papier, les feuillets se recouvrent alors de tous les personnages surgis du passé et qu’il se défend d’oublier.

Dans ce récit composé principalement à la première personne, ainsi s’égrène « toute une vie », d’où le titre si justement trouvé. Quelle gageure de faire ainsi l’inventaire d’une vie humaine, quelle imagination débordante il faut pour nourrir ainsi une mémoire. Exercice périlleux dont se sort parfaitement bien Virginia López Peñalver.

Des anecdotes d’un autre siècle, celui qui n’avait pas encore vu les deux grandes guerres qui déchireront si durement les hommes, nous invitent à faire la connaissance de personnages hauts en couleur, on pourrait presque parfois les croire sortis des nouvelles de Maupassant, comme les parents d’Armand, si beaux, si parfaits dans leurs atours de bourgeois, si touchants dans leur amour.

Les souvenirs se distillent au gré des déménagements du jeune couple, des naissances, des secrets de famille, des évènements historiques, en exergue au début de chaque chapitre. On sent le martèlement des faits, Armand a besoin de laisser une trace, une empreinte. Confier ses souvenirs à son petit-fils n’est pas un acte anodin, mais essentiel, dernier rempart pour rappeler à la mémoire des vivants un monde disparu.

Si l’on est particulièrement happé par le côté intime et remarquablement tendre des souvenirs d’Armand, on constate que sa langue est parfois hésitante, il se répète, il mélange les temps et les époques, sans doute trop de souvenirs se bousculent-ils avec trop de virulence au seuil de sa mémoire. Il y a la belle Marion, son grand amour, il y a Pierre, le fils incompris, et aussi la douce Geneviève, avec laquelle il a trouvé la sérénité…

On ne peut être qu’admiratif devant ce premier roman audacieux et foisonnant de détails. Parfois, si l’on peut croiser au détour d’une page un phrasé hésitant c’est parce que son auteur est espagnole, le français n’est pas sa langue maternelle. Admirable pari que celui de rédiger ainsi plus de 450 pages !

Cette histoire pourrait être la sienne, celle de son grand-père, celle du vôtre…ou pas, finalement. Les histoires de famille ont cette extraordinaire faculté d’être universelles. Toute une vie est une histoire émouvante, parfois émaillée de quelques longueurs et d’une certaine naïveté, mais son message demeure intemporel, la vie n’est qu’un cycle répétitif, une succession d’émotions, de sentiments et de murmures du passé.

Fiche technique

Format : broché
Pages : 456
Editeur : Mon petit éditeur
Sortie : 1er juillet 2011
Prix : 25,65 € ou version PDF 13,50 €