Au milieu d’un monde frappé par une étrange épidémie qui détruit progressivement les cinq sens, un cuisinier et une brillante chercheuse tombent amoureux…
Avis de Claire
L’histoire de Perfect sense nous plonge au coeur d’une dystopie inquiétante, où le monde tel que nous le connaissons est victime d’une étrange et terrible épidémie, peu à peu, l’être humain partout sur la planète perd un à un l’usage de ses sens…
Catastrophe mondiale, cet état de fait est la facture à payer pour avoir trop longtemps méprisé la planète. Alors que les premières manifestations de cette pandémie commencent, nous suivons en parallèle l’électrique histoire d’amour entre deux écorchés de la vie.
On comprend que leur vie sentimentale n’a jamais été simple, pour Michael, chef-cuisinier dans un grand restaurant de Glasgow, l’amour est une question de sensations, de plaisirs plus que de sentiments, son égoïsme mordant l’empêche de s’abandonner à l’autre.
Pour Susan, brillante épidémiologiste qui ne pense qu’à sa carrière, l’amour n’est pas une priorité, un grand chagrin a laissé des séquelles d’une souffrance latente. Et pourtant, l’alchimie entre ces deux personnalités différentes va bouleverser leur routine.
Leur relation devient rapidement intense, sensuelle et passionnée, tandis qu’un mauvais timing du destin les met face à la plus terrifiante des tragédies.
Les premiers signes sont une profonde mélancolie, une tristesse qui pousse les gens contaminés dans une intense dépression. L’humanité toute entière traverse cette phase et s’adapte peu à peu à la perte de l’odorat, premier sens touché.
Lorsque vient le tour du goût, le réalisateur va très loin et n’hésite pas à plonger la race humaine dans une crise orgiaque de nourriture. Affamé, paniqué, chacun agit à l’instinct, emmagasinant un maximum de sensations, dans une quête désespérée, dévorant avec avidité tout ce qui lui passe sous la main. La scène est pathétique, dérangeante jusqu’à l’écoeurement.
Perfect Sense peut tout à fait être compris comme une allégorie sur la faculté de s’adapter lorsque l’on perd l’un de ses sens, car c’est ce que font les hommes à chaque palier franchi, à chaque fois qu’un sens est perdu. La faculté d’adaptation de l’humain semble alors infinie.
Mais tout est à recommencer, avec à chaque fois, un pas de plus dans
Le parallèle entre la construction de l’histoire d’amour et la destruction de la race humaine est un parti-pris audacieux, qui donne au film un ton inexorablement tragique, dans le sens antique. L’implacable deus ex machina est en marche.
Le film est volontairement sombre, autant dans le propos qu’à l’image, avec une palette de couleurs équivoque, une lumière contrastée, une bande-son oppressante, voire carrément absente vers la fin du film, ce qui tend à créer chez le spectateur une sensation de malaise, et surtout de totale empathie avec les personnages.
Susan et Michael sont portés à l’écran par la superbe performance d’Eva Green et d’Ewan McGregor, en parfaite complicité, passant naturellement du glamour au désespoir. Ce couple, au centre d’un microcosme glaswegien rude et triste, devient peu à peu le symbole de l’humanité tout entière.
Difficile de démêler autre chose de ce film qu’une audacieuse mise en garde contre les effets pervers de la pollution et des dérives que nous faisons ainsi courir à la planète.
Dommage que le ton choisi soit si catégoriquement négatif, ne laissant place à aucune concession. Quand la loi de la nature se retourne contre l’Homme, celle-ci est sans pitié.
Perfect sense pousse bien évidemment à la réflexion, à l’introspection, mais impossible d’échapper à la dimension destructrice, pessimiste et extraordinairement sombre de la morale de cette histoire.
Fiche technique
Sortie : 28 mars 2012
Durée : 92 minutes
Avec : Ewan McGregor, Eva Green, Connie Nielsen, Stephen Dillane, Ewen Bremner
Genre : science-fiction