Le lys et les ombres – Avis +

Présentation de l’éditeur

Qui était Jeanne d’Arc ?

Le mercredi 30 mai 1431, Jeanne d’Arc a-t-elle été brûlée vive à Rouen, après avoir délivré la ville d’Orléans et mené Charles VII à Reims pour y être sacré roi de France ? De larges zones d’ombre recouvrent l’histoire officielle de la Pucelle.

Était-elle vraiment l’humble petite bergère lorraine que l’on nous présente ? Comment une paysanne de seize ans aurait-elle su monter à cheval, manier la lance et l’épée, commander à une armée ? Quel secret extraordinaire a-t-elle révélé à Charles VII lors de leur entrevue de Chinon, à tel point que le souverain en a eu les larmes aux yeux ?

Rompant avec les vérités officielles et s’appuyant sur une étude critique minutieuse et impartiale des sources, Bernard Simonay a reconstitué dans ce roman ce qu’a pu être l’autre destin de Jeanne d’Arc. Celle-ci n’est pas l’envoyée de Dieu des manuels d’histoire. En secret, une puissante toute terrestre l’a froidement utilisée pour réaliser l’un des plus spectaculaires retournements militaires et diplomatiques de l’histoire de France.

De cette fresque historique tumultueuse et haletante, incroyablement riche en rebondissements, se dégage le portrait d’une femme exceptionnelle, avec ses ombres et ses lumières, une héroïne animée d’une foi profonde, d’autant plus admirable qu’elle n’est pas la sainte intouchable du mythe. Une femme dont la légende s’est emparée sous le nom de Jeanne d’Arc, nom qu’elle n’a pourtant jamais porté de son vivant.

Avis de Marnie

Les cinquantenaires, [[ou les gens comme moi]] sont hantés par une menace : «Vous serez tous maudits jusqu’à la treizième génération de votre race !» proférée par Jacques de Molay. Il s’agit bien évidemment des Rois maudits, série emblématique de la télévision française où nous voyons se déchirer avec haine, violence la famille royale au XIVe siècle.

Trente-cinq années plus tard, les Américains lancent les Tudors, avec certes moins de rigueur historique, mais le ressort dramatique est le même ! Désolé, pour ce long préambule, mais en prenant ce gros pavé de 650 pages, qui revisite le mythe de Jeanne d’Arc, nous n’aurions jamais pensé nous retrouver avec un roman qui reprend l’essence de ce qui fait le succès de ces histoires dans l’Histoire… captivant !

Il est évident que Bernard Simonay a été sensible aux qualités de la saga des Rois maudits, dont il réussit à retrouver l’aspect passionnel, le souffle, le bruit, la fureur. Pas une seconde d’ennui… pas une page de trop !

Parallèlement à l’enfance et l’adolescence de la « jeune bergère de Domrémy », les puissants se déchirent le royaume, prêt même à le morceler et le livrer au roi d’Angleterre, sans aucun scrupule. Alliances, trahisons, adultères, famines, pillages, morts par milliers sur des champs de batailles, lâcheté, influences, tout nous est raconté avec un enthousiasme palpable fait de violence, de vils et de grands sentiments. Nous sommes au début du XVe siècle, au milieu d’une guerre de succession[[le trône de France étant revendiqué par l’Angleterre et la France]] alors que trois papes se déchirent pour prendre le contrôle de l’Eglise. Une époque bouillonnante, tragique, incertaine…

Nous avons tous appris à l’école l’histoire de la jeune lorraine qui a entendu des voix, et qui s’est donnée pour mission divine de bouter les anglais hors du royaume. Mais voilà, Bernard Simonay, après de longues recherches poussées[[soit compte-rendus de procès, des livres d’historiens qui ont soutenu ou démonté la thèse du « mythe » (lettres de la noblesse ou du clergé de l’époque, mémoires des chroniqueurs de la Cour, livres de comptes et d’intendance)]], nous propose une version romancée parfaitement assumée, mais reposant sur des faits avérés… très troublants !

Il met en lumière non une icône, mais une guerrière pleine de fougue et de passion, croyante, certes, mais surtout excessivement humaine avec des défauts et des qualités qui la rendent infiniment attachante. En lisant ce roman, vous pourrez constater que le surnom de « pucelle d’Orléans » a peut-être une signification inattendue qui éclaire soudain des scènes qui semblent sinon incohérentes. Pour ma part, peut-être est-ce mon goût du romanesque, mais j’adhère totalement à son idée !

Le meilleur atout de Bernard Simonay, c’est de nous raconter l’Histoire de France comme s’il s’agissait d’un roman de Walter Scott, et que la super-héroïne allait soudain surgir pour délivrer le pauvre Dauphin qui se demande comment il va survivre au nombre incroyable d’ennemis qu’il s’est fait juste en se présentant devant ses parents.

Nous ne pouvons que louer la simplicité du style, un vocabulaire faussement médiéval qui a l’air tout droit sorti d’un roman d’aventures picaresques. Comme tout ouvrage feuilletonnesque qui se respecte, à chaque fin de chapitre surgit soit un rebondissement, soit une question dramatique, ou encore une constatation tragique, sans oublier l’avertissement qu’il va survenir un coup de théâtre…

Nous nous régalons !

Fiche Technique

Format : broché
Pages : 656
Editeur : Calmann-Lévy
Collection : Littérature Française
Sortie : 27 avril 2011
Prix : 22,50 €