La nuit du tricheur – Avis +

Présentation de l’éditeur

Cinq oeuvres majeures du peintre Georges de la Tour, doivent être exposées dans l’ancien couvent des Jacobins à Rennes. La sécurité déployée est à la hauteur de l’événement, munie de toutes les nouvelles technologies, inviolable, dixit le responsable de la surveillance… le couvent se transforme alors en fort Chabrol.

Malheureusement, un certain Fletcher et sa bande de malfrats parisiens ne voient pas les choses de cette manière. Génie de l’embrouille, Fletcher élabore un plan divinement machiavélique pour s’emparer des tableaux. Une fois encore, le commissaire Workan et son équipe vont devoir être au mieux de leur forme pour sortir leur épingle du jeu.

Hugo Buan signe ici le troisième volet de la série des enquêtes du commissaire Workan.

Avis de Marnie

Pittoresque… est le mot qui résumerait le mieux ce thriller raconté totalement dans la lignée de ces polars comme on les écrivait dans les années 60, de San Antonio en passant par Audiard. Paradoxalement, certains détails peuvent se révéler singuliers, notamment le casse magistralement imaginé par un auteur doué.

Cependant, qui dit dialogues à la Audiard, dit également rythme lent accentué par une action quasi-inexistante, par exemple basé sur des lieutenants se plaignant souvent d’avoir faim, une construction volontairement attentiste, soit un vol qui ne survient que pendant le dernier tiers du roman, une mise en situation hors du temps[[que ce soit en 2011 ou bien en 1940, hormis les inventions comme le téléphone portable, il n’y pas le moindre rattachement à une réalité]] et des relations humaines complètement improbables.

Alors, soit le lecteur est séduit par la gouaille cynique et jubilatoire d’un auteur en verve, soit il trouve ce scénario et et ce style aussi peu réaliste qu’inintéressant. Eternel problème du fond et de la forme !

Pour ma part, je me suis laissée entraîner par cette histoire policière où les deux cousins Workanowski vont s’affronter : le premier, Lucien Workan est le gentil policier, le second Fletcher Nowski est le méchant voleur. Bien évidemment, les lignes sont loin d’être aussi bien tracées !

Nous voici donc à Rennes[[l’auteur a visiblement regardé sur son ordinateur les rues puisqu’il nous les cite souvent, ce qui ferait la joie des gens de la région !]], où Fletch a imaginé le casse du siècle. Aidé par trois malfrats tel qu’on peut les imaginer en Bernard Blier, Robert Dalban ou encore Jean Lefebvre, il met patiemment (mais aussi à coups de mandales) son plan en marche.

De son côté, et d’une façon assez drôle, Workan traite ses lieutenants de la même manière. Cris, séduction, mots d’esprit, coups… le lecteur suit avec plus ou moins d’attention cette préparation du vol. Franchement, c’est plutôt long… très long.

Toutefois, ce rythme qui souffre aussi de la tendance « nerveuse » des polars actuels est contrebalancé par une écriture qui joue de façon excessive, mais cela n’est absolument pas une critique, avec les paraboles et expressions jouissives, répliques et jurons qui fusent de tous côtés.

Ce langage coloré, imagé est vraiment ce qui fait le talent de l’auteur comme le sel de ce roman. Vous ajoutez une intrigue donc peu crédible, mais futée, astucieuse et drôle comme tout et vous obtenez un cocktail assez détonnant de bonne facture !

Fiche Technique

Format : broché
Pages : 372
Editeur : Pascal Galodé
Collection : Polars
Sortie : 21 janvier 2010
Prix : 17,90 €