Roomie – Avis +

Présentation de l’éditeur

Qui n’a jamais rêvé de partager les joies de la vie à deux à moindres frais ? Mise en commun des murs et des meubles, de la vaisselle et d’un bout de jardin ? Engagez-vous dans la colocation : indépendance et soirées garanties ! Quoique… et si partage devenait pillage, les confidences engendraient vengeance, et une entente superficielle une haine revêche ? Comment d’un simple oui, votre vie peut-elle sombrer dans un cauchemar acadabrantesque ? C’est facile…

Signez le bail en bas à droite et suivez l’une des colocataires qui vous montrera votre chambre avec vue imprenable sur le parking à scandales et la terrasse à disputes. Entre petites jalousies et suprême mesquinerie, vous ne regarderez plus jamais la colocation avec l’œil concupiscent de celui qui n’en a pas profité.

Avis de Marnie

Alors que la colocation représente un choix de vie de plus en plus obligé en France (faute de moyens financiers…), Candice Nicolas nous offre une plongée dans l’enfer d’une cohabitation plus que ratée : deux françaises perdues sur un campus d’une université de l’Ohio, tout un programme ! Par faiblesse, plus que par envie – et c’est peut être le défaut majeur de ce roman – notre héroïne va accepter de partager (bien que l’on ressente son évidente réticence) son appartement avec une autre jeune femme. Les problèmes vont affluer presque aussitôt.

Bien évidemment, ce qui nous brûle les lèvres, c’est de lui lancer qu’il s’agit d’une chronique d’une mort annoncée. Pourquoi donc accepter une colocation avec une inconnue qu’elle perçoit mal dès le départ ? Pourquoi au lieu de tenter une possible explication, nous n’assistons qu’aux délires de communication de l’autre, et à l’intériorisation de la colère glaciale de l’héroïne ?

Avec des petites phrases coupantes, décapantes, sèches, l’auteur nous livre son ressenti en observant avec acuité ces deux femmes qui n’ont rien en commun et qui vont s’empoisonner mutuellement la vie, de petits reproches, en énormes mesquineries, du mépris évident du départ jusqu’à la haine revencharde. Vous l’aurez compris, Candice Nicolas ne fait pas dans la subtilité.

Il n’y a pas de progression mais seulement une tension grandissante qui grignote rapidement et avec voracité l’existence de l’héroïne, qui d’ailleurs est loin d’être parfaite. Une des vraies qualités du roman qui sonne très juste, c’est d’avoir su montrer que cette situation de haine larvée fait ressortir le pire de nous-mêmes. Si la « méchante » est une folle mesquine, la « gentille » devient toute aussi folle et toute aussi mesquine.

L’attrait principal de ce premier roman, c’est le ton. Candice Nicolas choisit la férocité jubilatoire comme style, et cette option est parfaitement adaptée à ce récit. Ecrite comme un journal de bord qui nous raconterait le naufrage du Titanic, heure par heure, cette descente aux enfers est aussi rythmée que sympathique.

L’écriture à la première personne est soignée même si Candice Nicolas prend un ton familier, moderne, bourré de clins d’oeils décapants, ce qui ajoute au style affuté. Délibérément, comme pour mieux accentuer l’impression « entité malsaine » qu’elle donne à l’autre personnage féminin, l’auteur ne la nommera jamais, là encore une très bonne idée.

Un dérivé de la chick-lit qui flirte du côté des femmes au bord de la crise de nerfs sur fond d’histoire qui respire le vécu ! A noter, une présentation et une couverture aussi originale qu’attrayante !

Fiche Technique

Format : broché
Pages : 140
Editeur : Books on Demand
Sortie : 25 octobre 2010
Prix : 15 €