Les bonnes manières – Avis +

Présentation de l’éditeur

Le chic rétro, l’élégance glamour ne sont rien sans les bonnes manières. Comment éviter les faux pas, la gaffe honteuse et, surtout, l’abominable faute de goût ? Ce guide est à l’image de la plus incomprise et la plus célèbre, la plus traditionnelle et la plus impertinente, la plus délicieusement rétro et la plus moderne lady des années soixante : so british !

Avis de Callixta

Mais quelle mouche a piqué J’ai Lu de publier ce traité des bonnes manières écrit en 1962 par la célèbre écrivaine de romance rose bonbon, Barbara Cartland ? Inutile de chercher dans ce petit ouvrage des conseils pour soigner vos repas de fin d’année ! Parce que qui a besoin de savoir aujourd’hui qu’il est possible de porter un bracelet sur son long gant de soirée depuis que la reine Elizabeth le fait ? Ou que les enfants doivent impérativement appeler les domestiques en ajoutant mademoiselle ou monsieur alors que leurs parents peuvent se contenter du patronyme ?

Vous l’aurez compris, si vous vous plongez dans l’art des bonnes manières de Barbara Cartland c’est davantage pour y découvrir une période totalement disparue aujourd’hui et qui devait déjà disparaître lorsque ce petit livre a paru. C’est également, de façon détournée, une façon de distinguer de façon fugitive, celle que tout le monde appelait la dame en rose, à travers des anecdotes de sa propre vie ou des conseils qui prennent un sens particulier lorsque nous les confrontons à sa biographie. Ainsi, celle qui rompit ses fiançailles avec un officier de la garde royale suggère aux parents d’une jeune femme qui agit ainsi de ne jamais s’y opposer car elle a de bonnes raisons de la faire !

Le livre se présente de façon très agréable. Il est de petite taille, sa couverture cartonnée et son signet sont aussi désuet que le contenu mais l’illustration permet de prendre la distance qu’il faut avoir lorsqu’on le consulte. Barbara Cartland nous livre déjà dans une introduction sa définition des bonnes manières puis au gré de différents chapitres, nous donne ses bons conseils en matière d’étiquette dans son mariage, sa famille, lors des repas, des réceptions ou des voyages… Le tout est illustré de gravures des années soixante. Une vraie plongée dans le passé et dans l’éducation d’une femme qui avait déjà une soixantaine d’année à cette époque !

La lecture est parfois un brin ennuyeuse mais Barbara Cartland a écrit un texte dynamique et qui prête à sourire lorsqu’elle se moque avec un humour pince-sans-rire très anglais de ses contemporains ou lorsque bien involontairement, ses conceptions pour le moins dépassées aujourd’hui nous font éclater de rire. Ainsi, elle cite avec une pointe d’ironie certains de ses amis qui détestent les couverts à poissons puisque ils ont été inventés après Victoria et ne figurent donc pas dans les services d’argenterie très anciens qu’ils se plaisent à présenter.

Le meilleur est sans aucun doute les bons conseils de Barbara Cartland en matière de famille et notamment dans la chambre à coucher (c’est son premier chapitre). Je ne résiste pas au plaisir de petites citations : « …C’est à l’homme d’ouvrir les fenêtres pour aérer la chambre avant de se mettre au lit, pendant que la femme vérifie si le réveil est bien à l’heure et prépare à l’avance des effets propres, afin d’éviter toute hâte le lendemain matin » ou encore « N’oubliez pas que ces messieurs sont extrêmement susceptibles au sujet de leurs prouesses. Si une femme désire transformer un homme ordinaire en amant fougueux, qu’elle prenne soin de le complimenter sans cesse, de lui faire comprendre qu’il la satisfait pleinement, qu’elle est follement heureuse avec lui, qu’il correspond tout à fait à l’homme de ses rêves, etc. ». Tout un programme !

Au fil de conseils parfois frappés au coin du bon sens, parfois accrochés à un style de vie moribond, Barbara Cartland se livre un petit peu. Nous apprenons ainsi que ses enfants ont des prénoms courts car cela décourage le diminutif de très mauvais goût !

C’est une femme de l’aristocratie britannique qui cite ses amis souvent de sang royal sans sourciller qui se livre à cet exercice bien particulier. C’est totalement kitsch, décalé et c’est cela qui en fait le plus grand charme. Il n’y a pas grand-chose à retenir pour nos bonnes manières actuelles dans les détails qu’elle donne mais sa définition est par contre très intéressante : pour elle, les bonnes manières ne sont pas l’étiquette mais le respect des autres, le tact, la délicatesse, tout ce qui fait que l’on se préoccupe du bien-être d’autrui.

C’est en effet une notion un peu oubliée ! Comme le « merci » qui conclut son livre, merci d’avoir lu ses propos. Alors remercions-la, nous aussi, car si ses romances qui continuent à paraître chez J’ai Lu, sont sans doute dépassées, elles ont ouvert la porte à bien d’autres et conduit des lectrices vers ce genre.

Fiche Technique

Format : semi-poche
Pages : 249
Editeur : J’ai lu
Sortie : 3 novembre 2010
Prix : 10 €