Point de non-retour – Avis +

Présentation de l’éditeur

Karel est grand reporter au Weekly Globe. Il va là où nous ne sommes pas, pour être nos yeux et nos oreilles, pour informer et surtout témoigner.

Spectateur privilégié des soubresauts de notre époque, journaliste la fois idéaliste et désinvolte, amateur de femmes et assoiffé d’ivresses, il traque la vérité, passant des… rues de New York aux poussières de Gaza, des hauteurs de Lima aux terrasses du Caire, des guerres civiles d’Indonésie aux insurrections d’Amérique latine.

Toujours en équilibre précaire, jusqu’au basculement final. En même temps qu’il essaie de comprendre le monde en crise autour de lui, il tente de débrouiller l’écheveau compliqué de sa vie sentimentale. En marge de ce qui fait son quotidien déraciné et violent s’ébauche une histoire d’amour et se profile l’ombre d’une catastrophe.

Avis d’Enora

Le point de non retour de Karel – le narrateur, grand reporter au Weekly Globe, fils d’émigrés tchèques, naturalisé américain et vivant à Lima – est celui où ne supportant plus de n’être qu’observateur, aussi bien dans sa vie professionnelle qu’amoureuse, il va devenir acteur et s’engager.

L’histoire commence au moment où les doutes se font de plus en plus nombreux et pressants. La mort d’un ami, la résurgence des souvenirs, l’image rémanente de la femme aimée et disparue, le renvoient à sa solitude et à ses terreurs d’enfant.

Ce métier qu’il avait choisi pour la liberté et par désir de rendre compte de la souffrance des êtres humains, le laisse à chaque fois rempli de culpabilité et de désarroi. Ses témoignages écrits sont le but et la légitimation d’un mode de vie justifié par la peur d’appartenir à quelque chose qui apprend à croire à l’inconnu… Mais à force d’être le témoin de guerres et de massacres au nom d’idéologies politiques, religieuses ou pour la survie, il se sent vide, pourri, émotionnellement sous-développé à l’instar de ceux qu’il méprise.

Assis entre deux chaises, rebelle mais n’ayant pas le courage d’être complètement hors du système, il perd peu à peu la légèreté que lui conférait sa soi-disant liberté. Grand amateur de femmes, il prend conscience de l’amour qu’il porte à une de ses maitresse, jeune japonaise mariée, en apprenant un détail de son passé qui le blesse. C’est aussi cet amour et cet engagement qui le feront basculer vers ce point de non retour.

Point de non retour est le premier roman d’André Vltchek, romancier, poète, essayiste et journaliste de guerre et il se peut que dans cette fiction le narrateur ait plus d’un point commun avec son créateur. Au moins par les questions qu’il se pose sur notre monde moderne, sa violence, ses guerres, sa politique financière et par son regard plein de compassion sur la souffrance qui en découle pour les êtres humains et surtout pour les plus pauvres.

La lecture de ce livre amène un certains nombre de réflexions : jusqu’où peut-on être témoin, non impliqué, sans être responsable ? De belles considérations sur l’amour aussi, que nous ne rêvons que dans les limites autorisées par la société et les morales religieuses « Si c’est vraiment de l’amour, alors rien d’autre ne devrait compter. Si elle a des valises, je devrai les porter, si lourdes qu’elles soient. Sinon, je finirai comme eux, en calculateur à sentiments programmés, à la conception du bien et du mal médiocre et simpliste »

Un livre instructif et brillant qui interpelle le lecteur : quel monde livrons-nous à nos enfants ? Comment le justifierons-nous ? Jusqu’où sommes-nous prêt à aller pour le changer ?

Fiche technique

Format : broché
Pages : 384
Editeur : Yago
Sortie : 26 aout 2010
Prix : 20 €