Décembre blanc – Avis +

Présentation de l’éditeur

Depuis des mois, des motards agressent des femmes au vitriol, en plein jour et en plein Paris, au nom d’un groupe d’islamistes radicaux jusqu’alors inconnu des services anti-terroristes.

Tandis qu’une vague de froid s’abat sur la capitale, ces derniers prennent pour cible l’une des rédactrices de Bakélite, un magazine d’investigation que dirige l’universitaire Réjane Anderson. Militante acharnée contre le sexisme, cette dernière n’est pas femme à se laisser intimider par les terroristes.

Encore moins par le commandant Simon Bedecker, en charge de l’enquête. Embarqués l’un et l’autre dans la tourmente d’un décembre pas si blanc, les deux protagonistes vont dénouer un à un, chacun dans leur domaine, les fils d’un sinistre complot…

Avis de Marnie

Réjouissant ! En effet, les romanciers de l’hexagone semblent enfin avoir compris que les thèmes « à l’américaine » réappropriés à la sauce française peuvent donner un résultat aussi détonnant que sympathique. Quel souffle revigorant lorsqu’ils nous présentent un contexte réel avec suffisamment de ‘vrais’ détails pour situer une époque et enrichir un arrière-plan qui soudain possède une envergure très actuelle qui sonne juste. Décembre blanc est un parfait exemple de cette réussite au parfum de l’air du temps.

En effet, vous souvenez-vous du mois de décembre enneigé de 2009 ? Justement, Sylvie Rouch nous replonge dans ce passé plus que proche, sur fond de terrorisme qui semble être devenu notre quotidien depuis quelques années. L’originalité de l’auteur, est d’avoir choisi comme héroïne non la brigade criminelle (récurrente dans nos polars…) mais la brigade antiterroriste, pour une enquête qui s’avèrera aussi inquiétante que bien troussée.

Simon Bedecker est un commandant cinquantenaire aux facettes complexes et attachantes. Les conséquences du drame survenu cinq ans auparavant dans sa vie imprègnent ses relations avec ses collègues, les victimes, les suspects et les témoins, mais aussi avec son fils. Sa frustration, son mal de vivre sont ressentis par un lecteur captivé aussi bien par l’intrigue finement pensée, que par ses réflexions désabusées. Tout sonne juste ici, des relations amicales ou tendues parmi le petit groupe de policiers jusqu’à l’islamophobie ambiante des rues de Paris.

Justement, Paris, est le second personnage du roman alors que nous suivons les déambulations de notre héros sur les pavés… les rues, les quartiers, les bistrots… l’auteur choisit délibérément d’oublier la nostalgie façon Maigret des années 50 sous les traits d’un Gabin pur et dur, optant pour la nostalgie d’un Paris aux senteurs de la Nouvelle-Vague où la jeunesse respirait les airs de Dylan. Même si cela paraît contradictoire, cette nostalgie dépoussière le polar parisien, qui en a bien besoin lorsque les écrivains laissent de côté comme ici les banlieues. De plus, Sylvie Rouch possède suffisamment de subtilité pour éviter des stéréotypes – qui pourraient faire grimacer – sur l’islamophobie et le fascisme.

Au final, nous nous laissons entraîner dans cette intrigue qui nous passionnera jusqu’à la touche optimiste finale, dans une atmosphère plus douce-amère que noire. Cela donne envie de lire d’autres romans policiers de cet auteur, qui a également publié des œuvres « jeunesse ».

Fiche Technique

Format : broché
Pages : 218
Editeur : Pascal Galodé Editions
Collection : Polars
Sortie : 7 octobre 2010
Prix : 17,90 €