Le bouquet de la mariée – Avis +

Présentation de l’éditeur

Alors, c’était lui ? Lui, l’homme obsédé par son travail qui délaissait son adorable fille de dix ans ? Devant ce ténébreux aux yeux bleu foncé et aux traits virils, Philippa se sentit prise de court. Elle avait fait venir Joe Fraser pour lui dire ses quatre vérités, pas pour imaginer ce qui se passerait s’il la prenait dans ses bras ! Et voilà que, en dépit de tous ses défauts, elle commençait malgré elle à lui trouver… des excuses.

Joe Fraser faisait-il toujours cet effet-là aux femmes ? Son pouvoir de séduction réussissait-il à transformer une tigresse en chaton ? Soudain, le projet qu’elle comptait lui soumettre – un projet qui lui tenait à coeur – lui parut extrêmement imprudent. Seulement, il était trop tard pour reculer. Aussi prit-elle son courage à deux mains pour annoncer :  » Votre fille souffre de votre absence. Afin que vous vous rapprochiez, je vais vous demander d’accompagner notre groupe pour un week-end de vacances. De l’accompagner avec moi, naturellement…  »

Avis de Marnie

Diamond legacy est une série écrite à plusieurs mains (dont un exemplaire est publié chaque mois) et non des moindres. Si le premier opus de Tara Taylor Quinn était raté, pour cause évidente d’un mauvais scénario de base aussi compliqué que peu intéressant, le second récit de Kathleen O’Brien nous réconciliait avec cette série, l’auteur usant d’un artifice intelligent pour sauver son roman, s’éloigner le plus possible (en l’évoquant à peine) du fil rouge poussif et incompréhensible. Avant de nous plonger avec délectation dans le très prometteur roman de Janice Kay Johnson, il nous faut donc peut-être subir l’histoire d’une inconnue, Karina Bliss. Cette néo-zélandaise a écrit cinq romans depuis 2006 et a déjà gagné plusieurs prix. Le fait que les éditeurs l’ait choisie pour faire partie de vraies têtes d’affiches est intrigant !

Ne prolongeons pas inutilement le suspense, ce roman est une des meilleures publications de la collection Prélud’ de cette année. Ne parlons pas du titre, totalement en dehors du coup, vu qu’il n’y a ni bouquet ni mariée… Par contre, le titre anglais Like father, like son (c’est à dire : tel père, tel fils) touche au coeur de l’histoire, celle d’un homme qui a toujours fait ce que son devoir lui dictait de faire, mais n’a jamais réussi à se construire à cause des sentiments ambivalents qu’il éprouve pour son père.

Dans les deux premiers tomes, Joe était un personnage froid, difficile et intransigeant, et Karina Bliss lui donne exactement cette apparence au début de son récit. Toutefois, dès que l’auteur met en lumière ses réflexions, sa sensibilité d’écorché vif avec son traumatisme d’enfance jamais surmonté, le poids des responsabilités qu’il supporte (il est rare dans la romance d’avoir un héros qui n’a même plus les moyens d’avoir un toit au-dessus de sa tête) sa profonde solitude, soudain Joe prend une envergure aussi passionnante que complexe.

Face à lui, Pip. Notre héroïne est une mademoiselle je-sais-tout, spontanée, amusante et coléreuse. Son seul but ? Son retour dans quelques semaines en Nouvelle-Zélande, elle ne supporte plus d’être éloignée des siens qui l’attendent avec impatience. En attendant, pourquoi ne pas vivre une aventure amoureuse qui n’engage à rien… sauf que bien évidemment, cela ne va pas se passer si facilement que cela.

Le déroulement de l’histoire est bourré d’idées, et si certaines sont attendues, l’auteur sait astucieusement intégrer le petit détail décalé qui apporte à son récit une originalité et une fraîcheur attrayante, notamment les passages racontés par la fille de Joe, avec le ton qui pourrait être emprunté au petit Nicolas (par exemple sa réponse quand on lui demande de quelle maladie sa mère est atteinte, je vous défie de ne pas rire). Nous apprécierons aussi l’évolution de personnages secondaires qui avec sa plume deviennent soudain nuancés, comme Sam ou même Damien, notre prochain héros…

La plus grande réussite de Karina Bliss ? Le second degré omniprésent. Comme nous, elle a certainement trouvé que l’intrigue de base était incompréhensible, alors elle jette littéralement son héroïne en plein coeur de la mêlée au cours d’un repas de Thanksgiving où l’on tente une fois de plus de nous expliquer les tenants et les aboutissants. Comme nous, Pip n’y comprend rien et par de mauvais concours de circonstances, elle va commettre gaffe après gaffe dans une sorte d’envolée tragicomique… hilarante !

Mais si l’auteur sait jouer avec l’humour (visiblement c’est un de ses points forts) elle sait superbement bien « dramatiser » son texte, dans une sorte de rupture de ton assez saisissante. Il faut saluer le naturel et la profondeur de deux de ses dernières scènes, aussi sombres qu’émouvantes, qui font évoluer Joe et lui permettent d’affronter ses peurs.

Décidément, ces jeunes auteurs de l’hémisphère sud… le renouveau de la romance contemporaine !

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 313
Editeur : Harlequin
Collection : Prélud’
Sortie : 1 septembre 2010
Prix : 5,35 €