Séduction – Avis +

Présentation de l’éditeur

Et si Freud avait tout faux ! Et si la fameuse  » théorie de la séduction  » n’était qu’une invention fondée sur des souvenirs extorqués à des patientes… C’est en tout cas ce que s’apprête à rendre public Anders Konzak, directeur de l’Institut freudien, lorsqu’il est assassiné. Son aveu a suffisamment effrayé pour motiver le crime.

Est-ce un psychanalyste craignant pour sa pratique ? Ou Anna Freud protégeant la mémoire de son père ? Incarcérée depuis dix ans pour meurtre, Kate Fitzgerald, devenue une éminente spécialiste de Freud, accepte l’étrange marché que lui propose son psychiatre : enquêter sur ce  » secret  » susceptible de remettre en cause les fondements de la psychanalyse en échange de sa liberté conditionnelle. Un formidable thriller mental peuplé de cadavres et d’impensables révélations.

Avis de Marnie

Une critique américaine (qui tient en une phrase) de ce roman peut laisser quelque peu perplexe : « Je n’ai pas aimé ce livre car il y a trop d’introspection« . Or, lorsque vous lisez la quatrième de couverture et que vous constatez que toute l’intrigue tourne autour des découvertes de Freud, je ne crois pas qu’il soit évident de s’attendre à des tirs à la mitraillette et des poursuites en voiture. Donc, vous l’aurez compris, nous nous retrouvons avec une enquête intellectuelle, notamment au milieu d’éminences grises de la psychiatrie, petit monde en émoi, le directeur de l’institut freudien s’apprêtant à divulguer des révélations sur la vie du père de la psychiatrie moderne qui tendraient à démonter ses théories les plus célèbres !

Ce roman peut se lire à plusieurs niveaux. Fans de policiers, vous trouverez une intrigue de bonne qualité assez bien ficelée, amateurs de romantic suspenses, l’évolution de la relation sentimentale est aussi fragile et attachante que parfaitement mise en relief par petites touches pleines de sensibilité. Enfin, fous de psychanalyse, Catherine Gildiner, psychiatre elle-même, vulgarise avec brio et finesse les théories qui ont changé le monde à la fin du XIXe siècle, en comparant les idées de Freud avec celles de Darwin. Quand vous saurez qu’il s’agissait du sujet de thèse de l’auteur dans les années 70… vous réaliserez que son aisance est aussi brillante que compréhensible.

Il faut tout de même oser deux petites restrictions qui pourraient gêner certains lecteurs. Les néophytes qui n’ont jamais eu d’enseignement scolaire sur Freud pourront trouver quelques points ardus. Pour d’autres qui détestent que l’on mêle des faits et des personnages véridiques à une fiction, au vu du déroulement de l’intrigue, ils seront particulièrement agacés par le traitement concocté par Catherine Gildiner qui pourtant dans la préface avertit les lecteurs que toute cette histoire est issue de son imagination. Donc, il s’agit d’une « fantaisie » et assumons-là comme telle !

En fait, ce qui pour ma part m’a le plus passionné, c’est l’héroïne, Kate, qui croupit depuis dix ans dans une prison du grand nord canadien. Condamnée pour le meurtre de son mari en 1971, la voici qui « risque » de sortir de prison neuf années plus tard, si et seulement si, elle obtient l’aval de son psychiatre pour une possible liberté conditionnelle.

L’excellente idée est de raconter le récit à la première personne. Forte mais perdue, paranoïaque lorsqu’elle est fragilisée ou se sent menacée, Kate a passé la plupart de ses années de prison à se focaliser sur Freud et ses théories pour tenter de garder toute sa raison et mieux se comprendre. La liberté tant convoitée est aussi exaltante qu’effrayante… ses réflexions sur tout ce qu’elle ne connaît pas, sur les inventions qui en dix ans ont changé la civilisation mais dont elle ne voit pas l’utilité, nous offre de savoureux passages, de petits moments légers qui rythment des scènes dramatiques.

Enfin, la relation très complexe entre Kate et Jackie, ancien criminel d’envergure notoire reconverti depuis une quinzaine d’années en détective privé, chargé de « coacher » la jeune femme, nous offre des passages émotionnels, à fleur de peau, fort bien venus parmi toutes ces froides théories analysant les moindres réactions humaines. Ils n’ont rien en commun, que ce soit le milieu social, leur tempérament, leur façon de réfléchir, de raisonner… sauf peut-être une chose : la peur de s’engager affectivement.

Décidément, on ne dira jamais assez à quel point cette collection Grands Détectives propose à ses lecteurs des policiers « historiques » aussi différents que passionnants. Celui-ci tient toutes ses promesses !

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 521
Editeur : 10/18
Collection : Grands détectives
Sortie : 3 juin 2010
Prix : 8,60 €