Soeur des cygnes – Avis +

Présentation de l’éditeur

Au domaine de Septenaigue, au cœur de la forêt, vivait une fratrie de sept enfants dont Sorcha, la benjamine, était la seule fille. Leur mère était morte, leur père toujours en campagne militaire contre les Britons. Mais un jour il décida de se remarier…Ainsi commence l’aventure de Sorcha. De l’Irlande aux côtes britanniques, une longue et douloureuse épreuve l’attend pour sauver ses frères d’une cruelle malédiction. Inspirée d’un conte de Grimm, Sœur des cygnes est une fantasy médiévale irlandaise, mais aussi le récit poignant des années de formation d’une jeune fille de caractère.

Le roman a obtenu le prix Alex de l’American Library (Association des livres adultes accessibles à un jeune public). Il a été finaliste du prix Aurealis australien du meilleur roman de fantasy de l’année et du prix RWA du meilleur roman romantique de l’année.

Avis d’Enora

Juliet Marillier s’est inspirée pour son roman, d’un conte des frères Grimm mais aussi de la version plus mélancolique d’Andersen ainsi que de la mythologie celtique avec le récit des Enfants de Lir. On y retrouve les éléments classiques du conte- marâtre, malédiction, challenge, métamorphose, perte de l’innocence, exil et déchirement- qui se mêle à ceux de la fantasy – quête initiatique, voyage, épreuve, croyances médiévales et mythe biblique.

A cela s’ajoute tout le merveilleux des contes et de la fantasy ; le chiffre 7 qui est symbole de perfection et de plénitude (la quête de Sorcha et de ses 6 frères est de se réunir de nouveau car ainsi ils seront suffisamment forts pour affronter le mal), le 6 est le nombre physique de l’homme sans son élément sauveur que Sorcha incarnera, d’où sa quête initiatique qui passera par la perte de l’enfance, seul âge heureux de l’existence, perte de l’innocence aussi, avec la découverte de la violence des hommes, la souffrance, le déracinement. La grotte qui apparait plusieurs fois dans l’histoire joue à la fois un rôle initiatique mais est également un lieu d’introduction entre les deux mondes, celui des humains et celui du petit peuple ou fées et aussi entre celui des vivants et des morts. Le mutisme d’ailleurs est une épreuve qui doit être prise comme une représentation de la mort.

La métamorphose en cygne est extrêmement intéressante ; dans les mythes du monde entier, le cygne est symbole de la lumière, pour la psychanalyse il est celui du désir sexuel et de la parole – Sorcha ne doit retrouver la parole que lorsque la malédiction jetée sur ses frères sera levée et en même temps ses premiers mots sont inspirés par l’amour qu’elle éprouve pour un homme. Dans la mythologie celtique, les cygnes sont souvent les messagers entre les deux mondes et parce qu’ils n’ont qu’une seule et même compagne au cours de leur vie, ils sont aussi le symbole de l’amour (d’où la détresse de Finbar, le frère auquel il reste une aile). On ne peut s’empêcher de faire une analogie entre ces messagers des dieux celtiques et la figure des anges chrétiens, représentés souvent avec des ailes de cygnes…

Juliet Marillier a une profonde connaissance des contes et des mythes mais elle a choisi de les explorer à partir des ressentis d’une très jeune fille, Sorcha qui est la narratrice de l’histoire, donnant ainsi à son histoire une portée universelle sur ce qu’il y a de plus merveilleux et de plus terrible dans le destin humain. Du coup ses personnages nous paraissent extrêmement proches dans leurs dilemmes, leur joie, leur souffrance, dans le meilleur et le pire de leurs comportements (peur, haine, confiance, courage, amour, trahison, envie, lâcheté, honneur). Tout à tour ils nous font rire ou pleurer mais ne nous laisse jamais indifférents.

Avec un merveilleux talent de conteuse, l’auteur nous entraine dans un univers à la fois réel et symbolique, un monde dans lequel le peuple des fées se sert des humains dans un jeu sinistre sans se soucier des dommages qu’il provoque, mais un monde aussi dans lequel grâce au courage, à l’amour vrai et à l’abnégation, chacun peut échapper à son destin pour choisir sa voie et écrire la fin de son histoire.

Une histoire très réussie qui parlera aussi bien aux adultes qu’à un plus jeune public et qui a parfaitement mérité le prix des Imaginales 2010.

Fiche technique

Format : broché
Pages : 350
Editeur : Atalante
Sortie : septembre 2009
Prix : 16 €