Suite(s) impériale(s) – Avis +

Présentation de l’éditeur

Clay, l’anti-héros du premier best-seller de Ellis, Moins que zéro, revient à Los Angeles. Il a vingt ans de plus, il est un peu plus vieux, un peu plus seul et désœuvré. Il retrouve ceux qu’il a connus dans sa jeunesse, Blair, Trent, Julian, Rip… les représentants d’une génération dorée et perdue, abandonnés à la vacuité, la solitude et la vanité qui les détruisent.

Producteur associé à l’adaptation cinématographique de son dernier scénario, Clay participe au casting du film, joue de son pouvoir, séduit Rain, une jeune actrice sublime et sans talent, lui fait de fausses promesses. Il est prêt à tout pour la posséder. Mais qui manipule qui ? Clay découvre vite qu’il est constamment observé et suivi…

Jalousie, trahisons, meurtres, manipulations… ici, dans la Cité des Anges, chacun se heurte aux mêmes jeux d’emprise et aux mêmes démons, s’enivre de sexe, d’images, de drogues, de fêtes irréelles… et se révèle toujours plus amer et désespéré. Le vide et la fureur aspirent les personnages, et leur font perdre tout sens des limites.

Avis de Nicolas

Less Than Zero a eu un impact particulier dans ma vie de lecteur[[après Oui-Oui et le champignon magique, une claque]] car c’est la première fois que j’ai refermé un livre en détestant ce que j’avais lu mais cette histoire m’entêta plusieurs jours durant pour finalement me faire changer d’avis. Un changement radical d’opinion sur cette expérience de lecture, je devenais un fan de Bret Easton Ellis, chantant ses louanges dès que possible.

Le bouquin n’avait aucune intrigue et pas de réel fil conducteur. On suivait Clay, 18 ans, étudiant à Camden de retour pour les vacances de Noël. Dans ce Los Angeles des années 80, il retrouvait ses anciens amis, tous plus dépravés et paumés les uns que les autres. Il se posait des questions existentielles sur l’avenir de sa relation avec Blair, déambulait sans but de restos en boites de nuit. Clay passait tel un spectateur dans cet univers superficiel ponctué de coke, de snuff movie chez Trent ou de la séquestration d’une gamine de 12 ans, droguée et transformée en esclave sexuelle chez Rip. Tout y était amoral, violent, malsain et surtout vain. Chaque sujet était égal, une marque de fringue, un viol, un clip vidéo, une overdose. Pas d’histoire donc, peu de sens, du vide, même pas, moins que zéro.

Présenté comme ça, il n’est pas évident que je réussisse à vous communiquer ma passion pour ce bouquin. Il y avait pourtant quelque chose de nouveau et d’unique dans Less Than Zero. Le lieu et l’époque ? Le L.A. des fils de riches pendant les années MTV ? Probablement pas. L’attraction tient plus à la narration et au style minimaliste, les interminables énumérations de marques (name-dropping) et sa description clinique du vide de leur existence.

25 ans après… Imperial bedrooms est promis comme la suite de Less Than Zero. Publié le 15 juin 2010 chez Picador, la traduction française sera disponible le 16 septembre 2010. On reprend les mêmes « héros » et on recommence. Clay est une nouvelle fois le narrateur et débute par un retour sur Less Than Zero . On apprend dès les premières lignes qu’il n’en était pas l’auteur. Un autre étudiant qui gravitait dans leur milieu l’a écrit mais, dans l’ensemble, ce qu’il a raconté était vrai. C’est donc sa vengeance qu’il exerce en commençant Imperial Bedrooms. Less Than Zero l’a blessé. C’était leur vie qu’il a volé et leurs noms qu’il a exhibé. Pire, c’était le livre qu’il aurait voulu écrire lui même.

Un quart de siècle après, il quitte New York et revoit ses vieilles connaissances. Ils ont vieilli mais pas vraiment mûri, ils sont juste liftés et botoxés, encore plus désabusés qu’ils ne l’étaient. Cliché « L.A. » oblige, la plupart bossent dans le cinéma ou le monde de la nuit. Blair a fait un mariage sans amour avec Trent, devenu producteur. Julian a été promu du statut de prostitué à celui de proxénète de luxe. Clay revient pour le casting d’un de ses films. Alors qu’il coupe une relation « amoureuse » new-yorkaise, il rencontre Rain une actrice dont il devient complètement obsédé. Cette poursuite va débuter pour lui une véritable descente aux enfers.

La ligne floue entre la vie de Bret Easton Ellis et ses écrits a toujours fait coulé beaucoup d’encre. Il joue une nouvelle fois à ce jeu en distanciant son Clay de celui de Less Than Zero (puisque Clay n’en était pas l’auteur, mais Ellis n’est-il un peu Clay ? Le premier ? Le deuxième ?), les niveaux s’imbriquent pour le plus grand plaisir du lecteur. Le style est typiquement Ellis, un minimalisme agréable à lire, de courts paragraphes se suivent sans découpe en chapitres.

Contrairement au premier opus, il y a une intrigue et une progression dans ce récit. Je ne comprends pas cependant à quoi sert la scène de torture des deux prostitués (garçon/fille) dans le désert. Non pas qu’elle soit plus choquante que le reste du livre, Ellis reconnaît d’ailleurs l’avoir édulcoré, mais elle ne sert à rien à mon sens.

Si vous n’avez pas aimé Ellis dans le passé, il n’y a aucun doute que ce dernier ouvrage ne vous fera pas changer d’avis. Si par contre, vous êtes déjà fan, alors cette nouvelle dose vous satisfera… jusqu’à la suivante. C’est donc un avis positif mais qu’on ne recommandera certainement pas à tous les lecteurs.

Fiche technique

Format : broché
Broché: 227
Editeur : Robert Laffont
Collection : Pavillons
Sortie : 16 septembre 2010
Prix : 19 €