Kristine Cashore : Merci pour cette interview, je m’appelle Kristin, je vis à Cambridge dans le Massachussetts à coté de Boston. Une ville dans laquelle on trouve beaucoup d’universités. C’est la seconde fois que je viens en France, et j’apprécie énormément cette deuxième visite et ce festival en particulier, et, j’écris des livres.
Bit-lit.com/Onirik : Quand vous est-il venu l’idée et l’envie d’écrire ?
Kristin Cashore : j’ai toujours pensé que j’avais envie d’écrire, je suis une rêveuse impénitente et je lis énormément. Mais j’avais jamais vraiment pris le temps d’écrire jusqu’à ce que j’ai 27, 28 ans, j’en ai 33 maintenant, et j’ai finalement décidé que bon, ça y est j’étais prête !
Je me suis donc inscrite dans un cours d’écriture et je suis tout de suite devenue complètement accro. Et finalement depuis le jour où j’ai commencé à écrire, je n’ai jamais arrêté. J’écris tous les jours.
Bit-lit.com/Onirik : Vous avez écrit sur votre blog : » Écrire est une forme socialement acceptable de schizophrénie » j’aime beaucoup cette définition de l’écriture non dénuée d’humour. Vous êtes donc une grande schizophrène ?
Kristin Cashore : Non alors pas littéralement parlant. En fait, j’ai repris cette expression de quelqu’un d’autre, mais ça me semblait me convenir parfaitement, et bien sûr dans un sens humoristique ! Je ne voudrais surtout pas manquer de respect aux gens qui sont véritablement schizophrènes. Ça a commencé avec mes personnages qui me parlaient dans ma tête, je marchais dans la rue et avec ces personnages en tête du coup je ne faisais plus attention à rien d’autre.
Bit-lit.com/Onirik : Vos deux héroïnes sont des femmes dotées de pouvoirs extrêmement dangereux, elles doivent sans cesse composer entre leur nature profonde et ce qu’elles auraient envie d’être, pourquoi cette ambigüité ? Est-ce ainsi que vous voyez les femmes contemporaines ? Ou est-ce une image fantasmée de celle-ci ?
Kristin Cashore : Je ne sais pas exactement, les gens sont compliqués et ces personnages me sont venus exactement comme ça, compliqués, complexes. Je trouve que les femmes aujourd’hui doivent composer avec beaucoup de désir, beaucoup d’envies, d’essayer de les réaliser un peu ensemble, en même temps. Mais à la fois je pense qu’il n’y a jamais vraiment eu de périodes où il était très simple d’être une femme.
Bit-lit.com/Onirik : A l’instar de Rouge ou de Katsa, vous aimez les femmes fortes qui défendent envers et contres tous leur indépendance. La liberté est un thème récurent dans vos ouvrages, pourquoi ?
Kristin Cashore : Sans doute parce que c’est quelque chose d’extrêmement important dans ma vie. Pour moi la vie c’est vraiment un apprentissage d’une forme de liberté et surtout d’être capable de penser par soi même.
Bit-lit.com/Onirik : Contrairement à beaucoup d’autres auteurs de fantasy vous faites évoluer vos personnages dans un univers où la douceur et la générosité sont les sentiments dominants, est-ce intentionnel ou cela vous vient-il spontanément ?
Kristin Cashore : Je ne suis pas complètement sûre d’être d’accord. Bien sûr il y a sans doute des personnages qui portent en eux une forme de générosité et de douceur mais il y a aussi de personnages dont ce n’est pas le cas et même d’autres personnages occasionnellement qui eux sont carrément porteur de choses beaucoup plus sombres et aussi beaucoup de paysages de décors ou d’animaux qui ne sont pas du tout doux. Cela dit c’est intéressant, ça fait réfléchir et c’est sympathique d’avoir ce genre de lecture.
Bit-lit.com/Onirik : Dans vos ouvrages, les Monstres sont représentés de manière peu habituelle, ils sont tous magnifiques aux couleurs chatoyantes. Est-ce une faculté chez vous de voir de la beauté dans ce qui parait laid aux yeux des autres ?
Kristin Cashore : Oui, je pense. Je vais avoir des difficultés à vous répondre plus que ça, j’essaie de voir la beauté un peu partout. Et je pense en même temps que rien n’est jamais noir ou blanc, en tous cas, dans le monde dans lequel je vis.
Bit-lit.com/Onirik : Comment vous es venu l’idée des Gracelings et des Monstres ?
Kristin Cashore : Je ne sais pas, c’est le genre de choses qui se passent un petit peu inconsciemment, indépendamment de la conscience que l’on peut en avoir.
Les personnages se sont développés lentement dans ma tête comme ça, et c’est comme ça qu’ils étaient. Je suis désolée, c’est quelque chose d’intuitif, je ne peux pas vraiment m’expliquer.
Bit-lit.com/Onirik : Avez-vous l’intention d’écrire une suite à Graceling ?
Kristin Cashore : En ce moment je suis en train d’écrire un roman qui s’appelle « Bitterblue » ce n’est pas exactement une suite directe à Graceling, parce que Katsa n’est pas le personnage principal, mais Bitterblue qui avait 10 ans dans Graceling en a 16 dans « Bitterblue », elle est le personnage principal, et Katsa et d’autres personnages de Graceling seront présents.
Bit-lit.com/Onirik : Du fait que vos deux œuvres se passent dans le même monde, pourrait-on espérer un tome qui relierait ces deux contrées si proches mais qui s’ignorent ?
Kristin Cashore : Je ne réponds jamais aux questions qui dévoileraient les intrigues futures, mais je dirais « Restez connectés » !
Bit-lit.com/Onirik : Avez-vous déjà eu des propositions pour une adaptation cinématographique de vos livres? Si oui : suivrez-vous ce projet de près ou laisserez-vous carte blanche au réalisateur? Si non : comment réagirez-vous si cela arriverait ?
Kristin Cashore : C’est une bonne question, si jamais ça arrive, je pense que je préférerais ne pas être trop impliquée. Parce que personnellement, j’aime vraiment contrôler ce que je fais, et je sais que je ne pourrais pas contrôler le film, donc c’est beaucoup mieux de ne pas s’impliquer. Et puis de faire confiance à une personne qui ferait beaucoup mieux.
Bit-lit.com/Onirik : Avez-vous quelque chose à ajouter ?
Kristin Cashore : Simplement, je suis très reconnaissante. Quand j’ai commencé à écrire, jamais je n’aurais pu imaginer être vendu dans autant de pays[[elle est vendue dans 26 pays]]. C’est vraiment un rêve qui est devenu réalité et ce n’est même pas un rêve en fait, parce que je ne pouvais même pas l’imaginer. Donc simplement merci de vouloir m’interroger, me poser des questions et de lire mes livres.
Merci beaucoup Kristin Cashore pour votre disponibilité et votre patience.
Nous vous souhaitons le meilleur à venir.
Si vous souhaitez voir les vidéos de l’interview, c’est par ici.
Crédit photo : bit-lit.com