Docteur à tuer – Avis +

Présentation de l’éditeur

Le Dr Peter Brown est interne dans le pire hôpital de Manhattan. Il a du talent pour la médecine, des horaires infernaux et un passé qu’il préférerait taire. Qu’il s’agisse d’une artère bouchée ou d’un projet machiavélique de procès pour erreur médicale, il connaît le mal qui se tapit dans le coeur des hommes.

Il faut dire que, dans une autre vie, le Dr Brown a été Griffe d’ours, un tueur à gages pour la mafia. Eddy Squillante, son nouveau patient, n’a plus que trois mois à vivre, et peut-être moins, lorsqu’il découvre que sous les traits de son nouveau médecin se cache Griffe d’ours. Avec la mafia, le gouvernement et la mort en personne qui s’abat sur l’hôpital, le Dr Brown parviendra-t-il à survivre et à saisir sa dernière chance de rédemption ?

Avis de Marnie

Il semble que les critiques soient plus que divisées pour ce surprenant thriller, qui a au moins le mérite de ne laisser personne indifférent. Si tout le monde s’accorde sur son originalité, considérer ce médecin comme un Docteur House au pays des Sopranos me paraît très loin de la réalité. Par ci, par là, on nous le présente comme le best seller américain de plus, prétentieux, mal écrit, avec une psychologie limitée, plat jouant le corrosif en oubliant l’émotion, et des effets provocateurs sans aucune profondeur… Il est vrai que ce genre de récit s’apparente à des films comme Fight Club ou Pulp Fiction, non pour le propos mais juste pour le fun, soit une sorte de démonstration brillante, très brillante, dotée d’un insupportable sous-titre genre « voici ce que vous allez voir, je suis le meilleur et je le sais » écrit au cours d’une nuit alcoolisée par un auteur qui semble avoir testé les produits dont il parle !

Ainsi, soit la moitié des lecteurs deviendront allergiques au bout de dix pages, irrités par l’aspect superficiel, hurleront contre un final aussi halluciné qu’hallucinant et oublieront alors le contenu aussitôt après avoir lu le roman, soit, les autres s’attarderont (comme moi) sur le portrait d’un homme qui a tout perdu, qui vit son existence de médecin comme une impossible rédemption, et dont le décor autour de lui, et donc le système médical aux Etats-Unis est encore plus terrifiant que de se voir poursuivi par des maffieux vengeurs ! Il est tout aussi singulier de parler ici de rythme rapide, alors que toute l’action (une huitaine d’heures) constitue, certes, une impossible course contre la montre supportée par notre héros qu’avec l’aide de puissantes drogues, entre malades à sauver, pauvres gens à protéger de l’inhumanité des compagnies d’assurance, confrontations avec des chirurgiens imbus d’eux-mêmes et incompétents, infirmières dépassées, des étudiants ébahis, et malades qui jouent avec leur vie pour tenter de gagner un procès pour faute professionnelle.

Cependant, le récit est totalement hâché, ralenti par notre héros lui-même qui nous raconte de façon chronologique et très rythmée (un chapitre actuel, un flashback et ce jusqu’à la fin) ce qui l’a amené à vivre ainsi ces huit heures de folie. Vous ajoutez à ces freins perpétuels, un commentaire en bas de presque chaque page, avec l’opinion ou même des digressions dont certaines n’ont carrément rien à voir avec le propos, et vous obtenez un récit quelque peu allumé, profondément pessimiste pour ne pas dire désespéré, certaines situations tragi-comiques, d’autres peu politiquement correctes et surtout une sorte de questionnement aussi enfantin que stupéfait qui va de : « qui suis-je, qu’ais-je envie de faire de ma vie, et serai-je vivant demain pour même y penser encore » ce qui se résumerait par : « mais qu’est-ce que j’ai été faire dans cette galère ? [[qu’est-ce que je fous dans ce merdier ? serait nettement plus adapté au style du livre]] ».

Nous souhaitons bien du courage aux scénaristes de Hollywood pour adapter ce roman foisonnant qui part dans tous les sens, ce qui en fait toute son étonnante richesse. Nous espérons qu’il ne feront pas que garder les quelques heures de tension et d’adrénaline qui résonnent façon Urgences, ce qui ferait rentrer le tout dans le moule habituel de certaines séries B, surtout que le final possède une tonalité too much impossible à visualiser. Leonardo di Caprio (choix singulier…) semble pourtant s’y atteler. En attendant, ne manquez pas ce passionnant exercice sur le fil du rasoir !

Fiche Technique

Format : broché
Pages : 303
Editeur : Jean-Claude Lattès
Sortie : 3 mars 2010
Prix : 20 €