Paraître à mort – Avis –

Présentation de l’éditeur

11 mai 1981. Le corps d’un homme est rejeté par les flots sur une plage du Touquet. Dossier facilement bouclé : un tragique accident ! Le défunt laisse derrière lui un fils en bas âge et une jeune veuve enceinte, Angélique. Février 2007. Une inconnue est tuée aux abords de la propriété d’Angélique.

Celle-ci, harcelée par le juge, appelle à la rescousse Gabriel Rampart, ancien amour de jeunesse devenu journaliste de premier plan. Le retour de Gabriel sur les terres de son enfance n’est pas sans conséquence. Assassins et maîtres chanteurs en font leur terrain de chasse. Et peu à peu remontent à la surface des secrets nauséabonds. Dans une atmosphère rappelant les films de Chabrol, Philippe Bouin fustige une bourgeoisie hautaine et passéiste pour qui le paraître compte avant tout. Des notables bien sous tous rapports, y compris celui des compromis abjects…

Avis de Marnie

La quatrième de couverture ne nous trompe pas, en mentionnant une « atmosphère rappelant les films de Chabrol ». Le problème, c’est que justement, si l’on constate de façon très marquée l’influence de notre grand réalisateur, tout cela sent le réchauffé, notamment à cause d’une écriture classique à la française qui ne correspond plus du tout à la langue actuelle. Ici, on fustige les méchants bourgeois, on cache d’immondes secrets de famille pour préserver des fortunes et des noms… dans une intrigue complexe, et pas mal ficelée il est vrai, avec des estocades mouchetées où l’on s’injurie à coups de paltoquet et de jean-foutre !

Soit nous adhérons à cette ambiance totalement hors du temps où nous nous attendons à tout moment à voir entrer Jean Poiret venu faire une enquête genre Poulet au vinaigre dans cette petite ville morne de province, soit nous commençons à trouver le temps très long à force de découvrir un défilé de personnages déplaisants, galerie peu attachante sur fond d’hypocrisie, avec des commentaires qui mêlent sarcasmes et attaques en règles sur la politique des années 80 et sur la campagne de Sarkozy en 2007, le tout baignant dans une amertume plombante.

Il est évident que Philippe Bouin a du talent, une vraie maîtrise de ce langage suranné, avec des envolées violentes où l’auteur sait manifestement lancer des flèches acerbes en prenant un ton sardonique très réussi. Cependant, la morgue n’est jamais loin, l’impression un peu suffisante de donneur de leçon est palpable, et surtout nous sommes dans un monde qui nous semble avoir été dénoncé depuis longtemps. Bien évidemment, ces gens, ces différences sociales continuent d’exister mais Philippe Bouin semble avoir oublié de faire surgir la noirceur du monde moderne dans ses descriptions… et aussi d’insérer même subtilement une toute petite pointe d’humour !

Certains trouveront ça brillant, pour ma part, c’est le roman par lui-même qui est passéiste et assez prétentieux !

Fiche Technique

Format : broché
Pages : 291
Editeur : L’Archipel
Sortie : 7 avril 2010
Prix : 19,95 €