L’enfant sans nom – Avis +

Présentation de l’éditeur

Clara Marsh s’occupe des morts qu’elle maquille une dernière fois avant le grand voyage. Dévouée à son métier, elle s’est construit un monde de silence et de solitude, où elle se cache des vivants.

Mais ce rempart cède le jour où elle rencontre la petite Trecie, dont le visage obsédant lui rappelle celui d’Aimée X, une enfant assassinée il y a quelques années. Et puis Trecie disparaît… dans les mêmes circonstances que  » l’enfant sans nom « . Clara n’a d’autre choix que la retrouver.

Pour le souvenir d’Aimée X. Pour ne pas perdre la raison. Mais n’est-il pas déjà trop tard ?

Avis de Marnie

Amusant cette manie bien française de présenter un romantic suspense comme un polar pur et dur ! Hormis ce petit détail, la quatrième de couverture est parfaite car elle intrigue le lecteur, lui donne envie d’en savoir beaucoup plus, lui apporte un petit indice sur le contexte qui constitue la réussite fondamentale de ce livre, sans rien dévoiler. Amy Mackinnon nous livre son premier roman, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle est indubitablement un auteur à suivre !

L’influence de la bit-lit est omniprésente chez les nouveaux auteurs de policiers. C’est évident avec des Britanniques comme Sharon Bolton, mais aussi l’américaine Amy Mackinnon. L’écriture est à la première personne, les héroïnes sont traumatisées, et l’atmosphère tragique et effrayante frôle ou franchit la frontière du fantastique. Si précédemment dans beaucoup de romans ainsi écrits avec un gros « moi je » omniprésent, le récit était frustrant, puisque le défaut majeur qui ressortait était qu’on ne savait jamais ce que pensaient les autres personnages engendrant frustration et arrière-goût d’inachevé, en ces temps présents, ces deux auteurs ont en commun de se servir avec habileté de cette subjectivité obligée pour créer un monde biaisé, une vision « pervertie » de la réalité qui apporte alors un ton et une singulière originalité littéralement envoûtante.

Clara est thanatopracteur, elle travaille dans une petite entreprise familiale de pompes funèbres et « prépare » les morts pour leur dernier voyage… donc ne voyez surtout pas en elle une nouvelle héroïne façon Scarpetta, le célèbre médecin légiste créé par Patricia Cornwell, leur métier, leur démarche, leur motivation, leur état d’esprit et même leur caractère sont résolument différents. Clara a trouvé en fait dans cette vocation un monde qui ne l’agresse pas, une vie paisible et solitaire au coeur de laquelle elle s’est réfugiée.

Cette jeune femme effacée, dont on ne saura jamais si elle a le moindre attrait physique, possède pour les morts un respect qu’elle n’a pas pour les vivants qui constituent pour elle une menace, une atteinte à son intégrité, un monde de violence, d’incompréhension et de haine… et ne peut qu’en constater les conséquences lorsqu’elle s’occupe de personnes assassinées que le médecin légiste lui demande de prendre en charge. Il est ainsi presque dérangeant de voir ainsi le soin, l’application, avec laquelle Clara habille, maquille ces corps, alors que cette jeune femme ne supporte même pas d’être effleurée par le moindre être vivant.

Mêlée bien malgré elle à une enquête sur la disparition d’une petite fille à laquelle Clara s’identifie à cause d’un très lourd passé que l’on découvre peu à peu par de toutes petites touches terrifiantes, la jeune femme va se retrouver face à ses propres fêlures. Elle va devoir apprendre à faire confiance aux autres… au risque d’être trahie. Bien évidemment, un homme qui a ses propres démons à affronter va se placer, lui aussi malgré lui, sur son chemin.

C’est l’écriture qui ici fait toute la différence ! En effet, nous devinons facilement la plupart des tenants et aboutissants de l’intrigue, mais c’est la perception littéralement poétique pour des éléments terre à terre, le mélange de terreur et de méchanceté oppressante qui semble baigner le quotidien transformant le funérarium en hâvre de paix, qui nous entraîne dans une atmosphère captivante et singulièrement bouleversante. Peut-être certains seront rebutés par l’aspect macabre qui imprègne l’esprit désespéré de cette jeune femme qui cache – sans beaucoup de succès – ses troubles dérangeants du comportement à son entourage. Mais de nombreux lecteurs pourront s’identifier à son angoisse latente de ne pas avoir la force de prendre l’inspiration de plus qui lui permettra de respirer…

Impressionnant !

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 350
Editeur : 10/18
Collection : Domaine policier
Sortie : 18 mars 2010
Prix : 7,90 €