Rashi : Ebauche d’un portrait – Avis +

Présentation de l’éditeur

« Il est la première référence. Le premier secours. Grâce à une étincelle venant de lui comme un sourire, tout s’éclaire. » Ainsi parle Elie Wiesel, qui rend un hommage poignant, dans ce livre bref et singulier, à l’une des figures majeures de la pensée juive : Salomon, fils d’Isaac, rabbin de Troyes au XIème siècle, plus connu sous le nom de Rashi.

Né en 1040 et mort en 1105, Rashi fut l’un des plus grands commentateurs du Talmud. La légende rapporte que ses parents possédaient une pierre précieuse, que l’Eglise voulut leur acheter ; plutôt que de céder à la tentation, ils jetèrent cette pierre à la mer – et le ciel, en récompense, leur donna un fils qui, par son esprit, brillait plus encore que cette pierre précieuse.

Mais Rashi n’est pas que légende : il est aussi le témoin d’une époque où la communauté juive, en France, jouissait d’un certain prestige et d’une certaine renommée. L’érudition rabbinique de Rashi, sous la plume à son tour lumineuse d’Elie Wiesel, est le signe d’une extraordinaire ouverture à toutes choses de l’esprit. Un appétit de chercher, de connaître, de comprendre, qui va bien au-delà de la lecture des textes sacrés ; un gai savoir qui nous parle encore, par delà les siècles.

Avis de Valérie

Rashi n’est pas le personnage juif ayant existé le plus connu. Mais il est sûrement le plus important quant à la compréhension de la Bible, quant à son ouverture à un public de non-érudits afin que le texte sacré soit montré au plus grand nombre. Étonnamment pour un homme qui avait emmagasiné une telle connaissance, il avait l’humilité presque incompréhensible d’avouer qu’il ne savait pas, ne comprenait pas, n’était pas sûr… Contrairement au roi du même nom, le célèbre Salomon, la connaissance extrême ne l’avait pas hissé au point culminant de la pyramide où il y était seul, mais la sagesse rabbi Salomon avait acquise lui a servi à illuminer la « base » de ses réflexions.

Français du XIe siècle, il a subi cette période troublée pour les Juifs (puisque correspondant avec les croisades) et a su garder un amour de Dieu et de sa Parole tel qu’il a traversé les temps par le moyen de ses commentaires sur la Bible. Très peu de livres en français lui sont dédiés, exception faite de quelques exégèses sur ses commentaires.

Elie Wiesel, que l’on connaît pour son oeuvre littéraire engagée, mêle les sentiments d’admiration qu’il porte à Rashi tout en se réclamant de sa lignée[[le chanceux !]] pour raconter une sorte de biographie rendue difficile par l’absence de documents historiques.

Il a cependant cette honnêteté intellectuelle de séparer ce qui est avéré de ce qui est a priori du mythe. Cela offre un récit particulièrement agréable à lire bien que documenté et précis, et sur lequel nous pouvons nous confier puisqu’il il indique soit pas un conditionnel soit par un complément d’information la nature de l’anecdote.

Cela dit, que peut vous apporter l’ouvrage, d’autant si le judaïsme n’est pas votre religion ? Tout d’abord, le talent d’écriture de Wiesel rend cette tentative de biographie passionnante. L’auteur mélange les éléments de la grande Histoire avec celle de la communauté de Rashi et nous dresse une avantageuse – bien que terrible – page du Moyen-âge. De plus, la richesse du personnage intéresse l’ensemble des lecteurs et rappelle que la connaissance est libre et se doit à tous.

Contrairement à un livre écrit avec une volonté religieuse, ce document est d’une lecture particulièrement fluide, même quelques mots peuvent vous sembler inconnus. Il est construit comme un ensemble et non pas comme un ajout d’informations successives et donne une chronique agréable et profonde.

Jolie découverte d’un Français peu connu.

L’auteur

Elie Wiesel est né le 30 septembre 1928 à Sighet (Roumanie). Il n’a que quinze ans lorsqu’il est déporté à Auschwitz avec sa famille. Il y perd sa mère et sa petite sœur. Il est ensuite transféré à Buchenwald avec son père, qui meurt quelques jours après son arrivée.

Libéré en avril 1945, il est pris en charge par l’Oeuvre de secours aux enfants (OSE). Il se consacre à des études de philosophie à la Sorbonne et devient correspondant parisien pour le quotidien israélien Yediot Ahronoth. Il décrit son expérience concentrationnaire d’abord en yiddish, sa langue maternelle, puis en français.

Il a reçu de nombreux prix pour ses livres et son engagement humanitaire, dont le prix Médicis en 1968 pour Le Mendiant de Jérusalem, le prix du Livre Inter en 1980 pour Le Testament d’un poète juif assassiné. Le prix Nobel de la Paix lui est décerné en 1986.

Il est l’auteur, chez Grasset, de plusieurs romans et essais, dont Le Cas Sonderberg (septembre 2008).

Fiche Technique

Format : broché
Pages : 131
Editeur : Grasset
Sortie : 17 mars 2010
Prix : 12 €