Une mère en danger – Avis +

Présentation de l’éditeur

Jamie a accepté de devenir mère porteuse pour Amanda Hartmann, une évangéliste charismatique qui dirige la plus importante organisation religieuse conservatrice des Etats-Unis. Mais en décidant d’habiter dans le ranch d’Amanda, Jamie ignore qu’elle va mettre sa vie en danger.

Avis de Callixta

Judith Henry-Wall ne vous est peut-être pas inconnue puisqu’elle a déjà été publiée en français avec ce livre justement aux Editions Gutenberg sur le titre maladroit de Ne tuez pas la mère porteuse !. Judith Henry Wall écrit des best-sellers souvent basés sur des histoires d’amitiés féminines dans une veine que nous appelons en France les romans féminins. Ce livre s’apparente davantage à un bon romantic suspense sur une trame assez classique mais l’intrigue est bonne, le rythme soutenu et les personnages attachants.

Au cœur du livre, il y a Jamie Long, une jeune femme d’une vingtaine d’années que la vie n’a pas ménagé. Orpheline, élevée par une grand-mère âgée et pauvre, sa vie n’a pas été spécialement simple. Quand la grand-mère décède alors que Jamie n’a que vingt ans, elle découvre que la maison est hypothéquée et que la vieille dame croulait sous les dettes. Ce début est un peu maladroit dans son insistance à souligner le malheur de Jamie mais est fort court. Pour trouver une solution à ses problèmes d’argent, Jamie va accepter de devenir mère porteuse en répondant à une annonce. Elle va alors mettre les pieds dans une famille apparemment bien sous tout rapport, les Tutt Hartmann. Ils sont de riches Texans, propriétaires d’une compagnie pétrolière et très influents puisqu’ils ont largement contribué à l’élection du dernier président. Mais plus rassurant encore est leur profonde foi puisqu’Amanda Tutt Hartmann, la femme pour qui Jamie doit porter un bébé, est évangéliste et à la tête d’une mission religieuse particulièrement conservatrice. Elle est belle, séduit tout le monde et a bien le droit d’avoir un bébé après avoir perdu son propre fils quelques temps auparavant.

La famille Tutt Hartmann est l’une des grandes qualités de ce roman. Largement détaillée, l’histoire familiale est une sorte de condensé de l’American Dream avec des parcours de self made men et l’alliance de la réussite économique et de la foi. Judith Henry Hall montre toutes les facettes de ce rêve : la légende dorée mais aussi la légende noire. Ce succès formidable n’a pas été sans compromis avec la morale et l’honnêteté. Les deux principaux membres de cette famille que nous apprenons à a connaître, Gus et Amanda, le frère et la soeur, sont deux serpents aussi hypnotiques qu’inquiétants. Il est aussi particulièrement intéressant de voir une femme dans le rôle de chef religieux charismatique. C’est aussi une plongée dans les milieux hyper-conservateurs religieux américains et leur influence morale et politique. Le roman a été publié en 2006 aux États-Unis en plein période Bush. Ce n’est sans doute pas un hasard.

C’est aussi l’histoire de Jamie. Elle aussi incarne une sorte de modèle américain : grande, blonde, sportive et intelligente, elle a tout pour plaire hormis sa pauvreté. C’est sans conteste son intelligence qui va lui permettre de se sortir du piège dans lequel elle est tombé. C’est un personnage attachant, courageux et bourrée de ressources mais parfaitement crédible. De façon très malencontreuse, la quatrième de couverture nous révèle certaines péripéties de l’intrigue qui ne se produisent que dans la seconde partie du livre. En effet, pendant la plus grande partie du temps, Jamie fait face seule à la fois à sa grossesse poursuivie dans des conditions étranges mais aussi à ce qui passera après la naissance de son bébé. Grâce un prologue, nous savons vite que la jeune femme va avoir des problèmes. De façon astucieuse, l’auteur ne se focalise que peu sur les sentiments de Jamie par rapport au bébé mais bien plus sur ce qu’elle deviendra après la naissance.

L’intrigue est très rigoureuse et très rythmée. Jamie va peu à peu comprendre ce qui se passe autour d’elle et agir en conséquence. Les pages tournent vite et si le roman est long (plus de cinq cents pages), il se lit très vite.

J’ai Lu a donc eu une bonne idée de publier en poche ce roman qui était peut-être passé inaperçu au moment de sa première édition. Judith Henry-Wall n’est sans doute pas l’auteur d’un grand roman policier ni même d’un romantic suspense traditionnel exceptionnel, mais elle se sort bien de son intrigue et réussit à captiver ses lecteurs grâce au soin qu’elle a mis à décrire la personnalité des différents personnages et à la grande rigueur de son histoire.

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 505
Editeur : J’ai lu
Collection : Frissons
Sortie : 3 mars 2010
Prix : 6,90 €