Les disparus de Dublin – Avis +

Présentation de l’éditeur

Entrez dans l’univers de Quirke, médecin légiste : un formidable nouveau venu dans le panthéon de nos détectives préférés… Dublin, années 1950. Quirke, légiste et handicapé du cœur qui noie ses questionnements dans la bière et le whisky (entre autres), découvre un soir son beau-frère assis à son bureau, à la morgue. Ce dernier, surpris et visiblement gêné, dissimule à la hâte le dossier sur lequel il était penché- en réalité l’acte de décès d’une jeune femme qu’il était en train de falsifier. Quirke entr’aperçoit le cadavre. Le lendemain, quand il revient à son bureau, le dossier a disparu, le cadavre s’est envolé… Et voilà Quirke embarqué dans une enquête qui va dynamiter la haute société catholique de Dublin. Et gangréner l’âme de sa propre famille, réveillant ses tourments les plus enfouis…

Une intrigue sombre, audacieuse, captivante. Un héros complexe et particulièrement attachant, à l’image d’un univers où les « bons » sont souvent plus véreux qu’ils n’y paraissent et les « méchants » plus droits qu’on l’imagine. Plus toute la virtuosité stylistique de Banville, alias Black… On est réellement replongé dans l’Irlande d’après-guerre, ultra catholique et pudibonde, on sent la fumée de cigarette dans le pub favori de Quirke, on touche les parois du couvent qu’il visite ensuite… Et on a hâte de lire la suite (trois volumes sont prévus) de ses aventures !

Avis d’Enora

Tout d’abord, sans ambages, il serait dommage de faire un résumé de ce roman qui amène le lecteur à découvrir, à son propre rythme, des faits qui s’étalent sur plus de vingt ans.

Sous le pseudo de Benjamin Black se cache le grand écrivain John Banville, lauréat du Man Booker Prize en 2005 pour  »La Mer ». Cela donne un roman policier atypique, non seulement au niveau de l’écriture mais aussi au niveau de l’intrigue ; une sorte de conte lyrique qui s’étire sur le temps, distillant délicatement les indices, et la personnalité des principaux protagonistes. Magistrale description du Dublin des années 50 avec le poids de l’église et de ses bien-pensants, ainsi que de la diaspora irlandaise outre-Atlantique toujours hantée par leur mémoire génétique de la Grande Famine et des bateaux-cercueils, ce roman est aussi celui d’un homme, Quirke, pris dans une intrigue qui l’amènera à déloger les squelettes du placard de sa propre famille.

Quirke est un personnage atypique au parcours complexe. Orphelin, adopté pendant l’enfance par la famille d’un juge, il est devenu médecin légiste à Dublin. Bâti comme un char d’assaut, il a de son physique, l’image moitié cocasse, moitié déprimante, d’une énorme toupie à l’équilibre fragile, susceptible au moindre effleurement de partir en vrilles incontrôlables. Le poids de son passé, de ses renoncements et de ses deuils, le pousse à rechercher l’oubli dans le whisky. Veuf mais amoureux, misanthrope mais compatissant, souvent saoul mais méditatif, ce n’est pas tant les morts que les vivants qu’ils trouvent inquiétants.

Sous le pseudo de Benjamin Black, Banville fait une entrée originale et fracassante dans la littérature policière. Son intrigue, témoignage d’une société et d’une époque, tourne surtout autour de ses personnages richement élaborés et ce n’est qu’en dévoilant les secrets qui les hantent, qu’elle trouvera sa résolution. On n’a qu’une hâte en refermant le livre, c’est de retrouver Quirke, ce personnage blessé, tourmenté, fascinant et tellement humain, dans la suite de ses aventures !

Fiche technique

Format : broché
Pages : 436
Editeur : Nil
Sortie : 7 janvier 2010
Prix : 21 €