Grandes chaleurs et Beckett – Avis +

Grandes Chaleurs

« Grandes chaleurs est un titre coquin, comme le regard des marocains. Il dit qu’il fait chaud dehors. C’est vrai. Il fait encore plus chaud, terriblement plus chaud au contact de leur intelligence. (…) Quelque soit leur âge, leur douleur, leur grandeur intime l’ordre au photographe de fixer ces regards, ces gestes, ces attitudes de la permanence de leur recherche spirituelle qui les relie, et nous aussi, chaînons du drame de la misère humaine, à l’infini de la création et de l’esprit. » François-Marie Banier

Beckett

« ‘Il me fallait fixer cette allure et ce visage si grands, donc prendre de la distance, abandonner ces trésors qu’étaient ses mots, ses points de vue, et rejoindre la place du photographe, derrière l’objectif. » François-Marie Banier

Avis d’Enora

Oublions l’homme et les polémiques qui l’entourent, pour nous consacrer à l’artiste qu’est François-Marie Banier. Cette année, il publie aux éditions Steidl, deux albums de photographies marocaines. Dans l’un il suit Beckett à Tanger, dans l’autre il capte la vie quotidienne d’un Maroc intime entre optimisme et pessimisme, douleur et humour.

C’est peut-être dans la photographie que Banier, aussi peintre, dramaturge et écrivain, révèle le mieux son extrême sensibilité et sa générosité dans son désir de dévoiler l’œuvre d’art en chacun. Le véritable artiste crée à partir des autres mais son œuvre parle surtout de lui, à travers les regards, les gestes, les attitudes de ces hommes, de ces femmes, on ressent la tendresse et l’amour du photographe pour le Maroc et ses habitants.

Dans l’album sur Beckett, François-Marie Banier a regroupé les photos qu’il a prises il y a près de trente ans lorsque l’écrivain hantait les plages et les rues de Tanger, avec d’autres, prises à Paris dix ans plus tard. Le contraste est fort entres les clichés en couleurs sur lesquels l’écrivain et sa femme Suzanne se promenaient à Tanger et les clichés en noir et blanc priss à Paris en 1989.

Sur celles ci, toujours aussi droit, Beckett a une canne qui loin de lui donner une impression de faiblesse, lui confère une plus grande noblesse de port. Il est seul ; les feuilles jonchent le sol, c’est peut-être l’automne ; Suzanne, sa femme est décédée en juillet, il la suivra le 22 décembre de cette même année. Est- ce tout cela et la magie de l’artiste qui donnent à ces photos cette puissance en émotion ? Sur la couverture Samuel Beckett est à demi caché par un arbre, sur la quatrième, il nous tourne le dos et s’éloigne, avec ce port altier qui le caractérise et il nous vient alors l’écho de ses mots écrits quelques trente ans auparavant : « je serai trop pris, à tenir debout, à changer de place, à tenir le coup, à parvenir au lendemain, à l’autre semaine… »

Fiche technique

Grandes Chaleurs

Editeur : Steidl
Format : relié
Pages : 144
Sortie : 5 novembre 2009
Prix : 45 €

Beckett

Editeur : Steild
Format : broché
Pages : 88
Sortie : 5 novembre 2009
Prix : 18 €