Le sceau du silence – Avis +

Présentation de l’éditeur

Après des années d’absence, Susannah Vartanian est de retour dans sa ville natale de Georgie pour assister à l’enterrement de ses parents. Au coeur d’un hiver glacial, elle retrouve la petite communauté de Dutton sous le choc de meurtres récents qui ont fait ressurgir des fantômes du passé. Un passé qui la renvoie à l’agression dont elle a été victime adolescente. Un passé qui n’a cessé de la torturer.

A l’époque, la terreur l’avait réduite au silence et elle avait préféré fuir. Depuis, le remords et la honte ne l’ont pas quittée : parce qu’elle n’a pas eu le courage de parler quand il le fallait, d’autres victimes ont été violées et assassinées.

Désormais décidée à surmonter son sentiment de culpabilité, Susannah brise enfin le sceau du silence et accepte de répondre aux questions de Luke Papadopoulos, l’agent du FBI chargé de l’enquête – un homme charismatique et mystérieux, lui aussi hanté par ses démons. Mais le temps presse, et Susannah sent l’ombre du mal planer à nouveau au-dessus d’elle…

Avis de Callixta

Le sceau du silence conclut la trilogie de Karen Rose sur la famille Vartanian, deux frères et une sœur dont l’un, Simon était un serial killer. Cette fois, c’est au tour de Suzannah, la plus jeune et unique fille et nous avions déjà une claire idée de ce qu’elle avait vécu dès le deuxième tome. La toute première recommandation que nous pouvons faire est qu’il faut absolument lire cette série dans l’ordre et notamment le deuxième et troisième opus. En effet, les deux histoires sont étroitement imbriquées à tel point que le début de ce roman reprend des moments de la fin du précédent et que certains coupables sont toujours pourchassés après avoir échappé à la police. Ce serait rendre l’histoire très compliquée et insipide que de lire celui-ci seul.

Susannah Vartanian est la victime de la famille Vartanian. Élevée par des parents égoïstes et foncièrement mauvais, les trois enfants ont connu une histoire chaotique et différente. Simon a surpassé ses géniteurs dans le mal, Daniel a fui et essayé de gérer ce qu’il savait au mieux mais Susannah est restée seule, jeune fille face à un frère abusif et dérangé et des parents cruellement indifférents. Elle fait donc partie des victimes de Simon et de ses amis dénoncés dans le roman précédent. Elle a été victime de viol et a fini par fuir sa petite ville et est devenue une brillante assistante du procureur à New York.

Contrainte par les évènements à revenir à Dutton, elle n’a qu’une hâte c’est repartir mais le développement de l’affaire à laquelle a été mêlée sa famille va l’obliger à rester et à s’associer à Luke Papadopoulos, ami et collègue de son frère Daniel à la police d’Atlanta. Luke a déjà été aperçu et sa jovialité et son apparente décontraction cachent mal sa souffrance face à son métier. Il est en effet affecté au service de la lutte contre la pédophilie, notamment sur internet. Les affaires sordides qu’il traite l’épuisent et le rongent. Mais l’enquête semble montrer que justement les anciens amis de Simon seraient liés à un trafic de jeunes filles poussées à la prostitution. Susannah, très sensible sur le sujet, et Luke dont c’est le travail, vont alors s’associer.

Comme d’habitude, l’intrigue va se dérouler sur quelques jours d’une intensité formidable et être racontée strictement chronologiquement avec un décompte des heures et des minutes qui contribuent à la montée de l’angoisse. Le temps passe, rappelant sans cesse que des victimes ont besoin d’être secourues et qu’il y a urgence. L’intrigue est d’une rigueur impeccable s’insérant à merveille dans le roman précédent. A la fin de cette trilogie, nous avons l’impression d’avoir pris sans cesse du champ pour pouvoir embrasser l’intégralité de l’affaire. Commencée par les meurtres de Simon dans le premier tome, nous avons découvert depuis l’ensemble des turpitudes et des crimes commis par de nombreuses personnes pour des raisons variées.

Le sujet traité dans ce roman est particulièrement dur et difficile. Certains passages sont difficilement soutenables par l’horreur qu’ils évoquent. C’est un livre qui traite de la pédophilie et des trafics humains commis par des êtres monstrueux et autour desquels gravitent des clients, des complices, des témoins qui se sont tus. La violence est très importante également. L’enquête va en effet révéler que le trafic met en jeu autre chose que des profits. La manipulation mentale et la domination sont au cœur des rapports des différents coupables, et c’est un des aspects les plus fascinants et effrayants du roman. Même les héros ont des réactions plus violentes et radicales que les autres, n’hésitant pas à faire justice eux-mêmes. Ce troisième opus est donc bien le plus dur de la série même si les précédents n’avaient pas été spécialement très légers.

Le couple de héros est aussi parfaitement réussi. Suzannah est totalement refermée sur elle-même et très traumatisée. Elle s’est reconstruite, et quoiqu’elle n’a jamais été brisée, elle en a été proche. Elle semble très fragile intérieurement et incapable de vraiment tourner la page. Face à elle, Luke est apparemment plus simple. Issu d’une famille grecque dominée par sa mère – une femme très protectrice et chaleureuse – il est relativement à l’abri, mais il a de nombreuses blessures à l’âme et peut parfaitement comprendre Susannah. Ils vont se reconnaître et il va surtout apprendre à apprivoiser la jeune femme.

De nombreux personnages, victimes ou amis des héros gravitent dans le roman et seront peut-être un jour repris par Karen Rose dans un histoire puisqu’elle choisit parfois de revenir sur ses personnages. Nous apercevons fugitivement d’ailleurs un policier, héros d’une intrigue précédente, Steven Fletcher.

Karen Rose maîtrise remarquablement son sujet et livre encore un roman dense, profond et impressionnant de rigueur. C’est violent, sordide souvent, et nous ne sortons pas indemnes de cette lecture. Mais, c’était son but et elle a parfaitement réussi à l’atteindre.

Avis de Marnie

Après avoir refermé ce roman, il ne vient qu’un adjectif… formidable ! Rarement, une intrigue n’a paru aussi improbable et pourtant qui fonctionne à merveille. Karen Rose est au sommet de son oeuvre, avec cette trilogie dont la tension est montée très vite et qui jamais, jamais ne retombera jusqu’à l’avant dernière page. Il faut féliciter non seulement la quatrième de couverture qui ne révèle absolument rien mais donne l’envie de lire, mais aussi et pour une fois le titre français bien mieux trouvé que l’américain, avec une astuce à plusieurs interprétations très bien venue !

Qui aurait pu deviner en lisant les premières pages du premier volume que l’action nous entraînerait aussi loin, qu’au moins soixante morts allaient joncher les pages, gentils, méchants, ou tout simplement personnages qui avaient seulement la mauvaise idée d’être présents au mauvais moment. L’excellente idée de l’auteur est d’avoir réécrit le troisième tiers du second tome, en très long prologue ici, les mêmes évènements, les mêmes discussions, mais interprétés, vus et racontés par d’autres personnages. Si bien que nous sommes replongés dans l’histoire avec déjà une incroyable intensité au début du Sceau du silence, et notre attention ne se relâchera pas avec les rebondissements qui s’enchaînent comme une mécanique emballée.

L’intrigue est devenue si complexe… qu’il est impossible de lire cette histoire sans avoir dévoré les deux précédents. Honnêtement, il y a tant de personnages, de trahisons, de coïncidences qui en sont ou n’en sont pas, de rappels d’évènements antérieurs, de ramifications en parallèle, que nous nous y perdons presque, le rythme haletant ne nous laissant pas le temps de « digérer » les péripéties incessantes du récit. Les deux héros, Susannah et Luke découverts dans les deux autres romans, dévoilent le potentiel que nous espérions, notamment la mystérieuse jeune femme froide et agressive nous montre ici toute sa vulnérabilité mais surtout sa force devant les épreuves traumatisantes qu’elle subit depuis des années.

Les deux héros sont attachants et la partie « romantique » est impeccablement dessinée, cohérente et pleine d’émotion, même si la complexité de l’intrigue et le nombre assez impressionnant de personnages secondaires prennent le pas, façon rouleau compresseur très éprouvant, sur tout le reste. Du haut de gamme…

C’est certainement la meilleure trilogie traduite en français, en romantic suspense de cette année !

Fiche Technique

Format : broché
Editeur : Harlequin
Collection : Mira
Sortie : 1 novembre 2009
Prix : 11,50 €