Fifty-fifty – Avis +

Présentation de l’éditeur

Pearce recouvre des dettes impayées pour un usurier d’Édimbourg. À la force de ses énormes poings d’étrangleur, et au gré de son inspiration féconde. Un dur de dur, qui n’aime que sa maman. Lors du braquage foireux d’un bureau de poste par trois amateurs aux abois, m’man, caissière, est tuée d’un coup de poignard. Pearce crie : Vengeance ! Le trio de braqueurs s’est constitué à l’hôpital psychiatrique : Robin, carrière de pianiste avortée, violent et schizo ; sa femme Carol, complètement tapée et frigide, et l’abominable Eddie, le soi-disant amant qui en fait ne l’a jamais touchée. Pour le magot, qui attire. également les convoitises de l’usurier et d’un privé véreux, ils sont prêts à s’entretuer. L’action, serrée en à peine trois heures par une journée glaciale de janvier, est portée par des dialogues grinçants et une énergie d’enfer.

Avis de Marnie

Il n’est pas étonnant que ce premier roman de l’écossais Alan Guthrie ait été plusieurs fois récompensé. Agent littéraire depuis plusieurs années, il commet ce thriller dont la construction moderne est évidente, tout en faisant preuve avec audace d’hommages aux grands romans noirs des années 40. Si toute la partie intrigue est indéniablement maîtrisée, un autre point positif est d’avoir su créer des personnages passionnants.

La mise en scène et la tension permanente proche de la folie jubilatoire font immédiatement penser à Tarentino, celui de Pulp Fiction, sans oublier le petit clin d’oeil à Fight Club, tout en ajoutant la touche bien anglo-saxonne de Snatch… C’est évident que si l’on pense à ces films, c’est que l’atmosphère, le rythme et l’écriture sont indéniablement cinématographiques, avec la présentation de ces personnages « pittoresques » et surtout stéréotypés qui, peu à peu dévoilent certaines facettes plus profondes et inattendues de leur personnalité au fur et à mesure que les rebondissements surgissent. Comme pour enrichir ces caractères, au détour d’une page, certains des éléments de leur passé viennent alors éclairer la scène de manière bien plus subtile que nous le pensions.

Si l’argent est au coeur de l’intrigue, il n’est que le moyen… et non le but ! Chaque personnage est en premier lieu à la recherche de lui-même. Pearce, à peine sorti de prison, est une grande brute, qui n’aime pas seulement sa maman. Sa façon de vouloir s’arranger avec les autres, sa conscience, entre ce qui aurait pu être et ce qui sera, une sorte d’arrangement qui pourrait passer pour un pacte, mais peut-être pas seulement avec le diable, constitue avec une ambiguité intelligente, la vraie réussite du roman. Puis viennent les dingues, les minables, les victimes, les voyous, les témoins qui se croisent, ou ne se verront jamais, subissent les pires avanies des uns et des autres, ou s’entraident suivant les circonstances.

Le rythme est dirigé par le trio de braqueurs qui disjonctent dès les premiers moments et entraînent aussi bien le lecteur que les évènements, dans une rapide spirale vers la folie et la mort, en seulement quelques heures. Allan Guthrie utilise également ses dialogues, avec une efficacité redoutable, comme moteur de l’action, de petites phrases qui semblent souvent sortir comme des balles de mitraillettes. Nous lisons cela d’abord de façon détachée comme une aventure aux multiples personnages, puis nous nous attachons bien vite à la quête de chacun, à sa vulnérabilité et à sa souffrance, tout en nous laissant surprendre par l’action.

Un auteur est né !

Fiche Technique

Format : broché
Pages : 309
Editeur : Le Masque
Sortie : 7 octobre 2009
Prix : 18 €