Doit-on ou non dénoncer les siens ? Huit Oscar dont celui du meilleur film, Lion d’argent à Venise, ce vibrant plaidoyer contre les pratiques maffieuses dans le milieu des dockers new-yorkais touche au coeur une réalité bien moins glorieuse : la participation « active » de Elia Kazan aux procès intentés par la Comission des activités anti-américaines où il dénonça lui-même plusieurs de ses camarades communistes pour éviter une condamnation.
Si son indéniable talent de metteur en scène est ici au service d’une cause juste, d’un scénario intelligent et brillant et aussi d’acteurs magnifiques, comme Marlon Brando dont c’est le meilleur rôle, ou encore Karl Malden, Rod Steiger, Lee J. Cobb, Leif Erickson, et la toute jeune et touchante Eva Marie-Saint, rien ne pourra effacer ce choix de trahir ses amis, qui ternit l’image de l’homme de façon persistante et pesante tout au long de son existence.
Un film inoubliable grâce à sa force vibrante, mais aussi totalement partie prenante d’une époque trouble de l’histoire des États-Unis.