Présentation de l’éditeur
Je m’appelle Jean Atwood. Je suis interne des hôpitaux et major de ma promo. Je me destine à la chirurgie gynécologique. Je vise un poste de chef de clinique dans le meilleur service de France. Mais on m’oblige, au préalable, à passer six mois dans une minuscule unité de » Médecine de La Femme « , dirigée par un barbu mal dégrossi qui n’est même pas gynécologue, mais généraliste ! S’il s’imagine que je vais passer six mois à son service, il se trompe lourdement. Qu’est-ce qu’il croit ? Qu’il va m’enseigner mon métier ? J’ai reçu une formation hors pair, je sais tout ce que doit savoir un gynécologue chirurgien pour opérer, réparer et reconstruire le corps féminin. Alors, je ne peux pas – et je ne veux pas – perdre mon temps à écouter des bonnes femmes épancher leur cœur et raconter leur vie. Je ne vois vraiment pas ce qu’elles pourraient m’apprendre.
Avis d’Enora
Le narrateur est une interne brillante qui se destine à la chirurgie gynécologique et qui, pour finir son internat, est sommée d’aller dans un service où l’on ne fait que de la clinique. Elle se retrouve face à un médecin qui est aux antipodes de sa façon de travailler, dans une unité métaphorique, l’unité 77, qui ne s’occupe que des femmes. Tiraillée entre le médecin et les patientes, son séjour qui se déroule sur un peu plus d’une semaine, va changer non seulement sa façon d’exercer son métier mais aussi sa vie.
Dans ce livre qui est dans la lignée de La maladie de Sachs, Martin Winckler nous livre une sorte de roman pédagogique dont l’idée fondamentale est peut-être que ce ne sont pas les ainés qui enseignent aux plus jeunes mais que l’apprentissage est horizontal et que ce sont les patients qui enseignent aux médecins .Tout ce qui se passe repose sur les paroles et les émotions, d’où l’idée de chœur dans sa profondeur polysémique. Si l’on écoute les patients, une fois le prétexte de sa venue évacué, les choses importantes peuvent se dire dans une sorte de chœur antique traversé de mélopées individuelles.
Ce roman qui tourne autour de l’identité sexuelle, de la vie, de la mort, de la relation de soins et de la relation pédagogique horizontale, explique comment on peut écouter et soigner et les remises en question que cela peut soulever quand les patients sont des femmes. Et parce que tout peut se dire et s’entendre, vont alors se rejoindre les histoires individuelles de ces deux médecins.
Martin Winckler réussit le pari de faire un roman de six cents pages qui se dévore d’une traite. Il mêle avec un grand art, la fiction, le suspens et l’action qui font de ce livre un roman, avec un coté documentaire (constat assez navrant des études médicales en France, transcription de ce qu’il entend auprès de ses patients) et un coté militant de part sa grande humanité et le respect qu’il a toujours manifesté auprès de ses patients. Un livre que bien sûr tout praticien qui s’occupe de médecine auprès des femmes devrait lire mais qui intéressera et touchera tous les lecteurs par son profond coté humaniste.
Fiche technique
Format : broché
Pages : 602
Editeur : POL
Collection : Fiction
Sortie : 27 août 2009
Prix : 22,80 €