Le 3 février 1962, le paquebot France quitte Le Havre pour sa première traversée des eaux glaciales de l’Atlantique Nord. Il emporte à son bord 2 000 passagers et 1 000 employés. Soit un employé pour deux passagers : un record absolu pour un palace des temps modernes. Tout sur le France est du même ordre, hors normes, exceptionnel. Ce paquebot est l’œuvre la plus aboutie et inégalée à ce jour de ce qu’il a été convenu d’appeler « L’art de vivre à la française ». Les plus riches étrangers ont réservé leurs places des années à l’avance.
Dans la cohue, Sophie, une jeune journaliste chargée d’écrire un reportage pour son magazine monte à bord persuadée qu’elle va vivre des heures de rêve telle une star de cinéma. Michèle Morgan, Juliette Greco, ne sont-elles pas du voyage parmi bien d’autres personnalités ? C’est bel et bien sa vie qui va basculer et son destin qui l’attend au bout de ce voyage.
Avis d’Enora
3 février 1962, le France, ambassadeur de l’art de vivre à la française quitte Le Havre pour sa première traversée transatlantique, avec à son bord 1806 passagers et parmi eux moults artistes célèbres et personnalités en vue dont Michèle Morgan, Tino Rossi, Joseph Kessel, Juliette Gréco.
C’est l’époque où la France rayonne d’un art de vivre et d’une élégance reconnus dans le monde entier. Courrèges, Cardin inventent des robes futuristes en des matières inédites comme le plastique, tandis que Paco Rabane privilégie le métal. La décoration apprivoise de nouveaux matériaux, les bois précieux cèdent leur place à l’aluminium et au formica. Mais ce début des années 60 marque aussi la naissance d’une société de consommation et de loisirs. Avec l’élévation du niveau de vie et le souci de démocratisation, apparaissent les classes touristes. Le luxe parait à la portée de tous, même si les nantis conservent de façon subtile leurs privilèges et que les mentalités ne changent guère.
Sur le France, mélangés à toutes les célébrités, se pressent une horde de journalistes et de photographes surnommés depuis peu paparazzi, du nom du compère de
Le personnage principal de ce roman est sans conteste le France, ce paquebot métaphorique, symbole de perfection, d’idéal et pour lequel les hommes sont prêts à tous les efforts, tous les sacrifices, même faire taire les conflits entre le syndicat et la direction. Mais autour de lui (ou dirais-je à son bord) gravite tout un panel de personnages plus complexes les uns que les autres, repliés sur leurs secrets, leurs désirs. Sophie bien sûr mais aussi :
– L’académicien, un vieil écrivain qui aspire à la Coupole, fidèle aux vertus anciennes, il contemple impuissant et dépassé les aspirations de liberté individuelle de cette nouvelle société.
– L’officier Vercors, héritier d’une histoire familiale qui l’empoisonne, emprisonne sa révolte et lui a fait perdre sa capacité de confiance dans les hommes.
– Chantal que la vie a blessée, durcie et rendue incapable d’exprimer son amour.
– Andrei, jeune homme arrivé de Russie à l’âge de dix ans qui, depuis qu’il a perdu ses parents lors des purges staliniennes, connait le terrible chemin de l’asservissement des hommes et ne croit plus en rien.
Bernadette Pécassou-Camebrac brosse avec une formidable fluidité de narration, le portrait d’une société en pleine mutation qui préfigure les bouleversements sociaux à venir. À la richesse didactique s’ajoute une intrigue romanesque riche en rebondissements (quelquefois un peu invraisemblables quand même), qui tient le lecteur en haleine du début à la fin. Le récit fourmille de personnages émouvants que l’auteur décortique subtilement et qui poursuivent longtemps après la dernière page.
La passagère du France nous embarque avec elle dans un voyage passionnant, entre rêve et nostalgie !
Fiche technique
Fiche Technique
Format : broché
Pages : 348
Editeur : Flammarion
Parution octobre 2009
Sortie : 21€