Confidences : 4 nouvelles – Avis +

Présentation de l’éditeur

Et si vous vous laissiez surprendre par les confidences très intimes d’Amy, Rose, Emma et Chloe ? Quatre femmes, quatre voix, quatre situations très différentes, toutes sensuelles. Osées. Presque inavouables… Leurs histoires sont troublantes, extrêmes, car ces femmes ont choisi d’aller au bout de leurs fantasmes les plus secrets, et, toutes, elles vont flirter avec les limites. Jusqu’où iront-elles ? Et dans cet univers de plaisir, qui fixe ces limites : elles… ou les hommes qu’elles rencontrent ?

Avis de Marnie

Il est un peu tiré par les cheveux de trouver comme point commun entre ces quatre nouvelles, de supposées confidences. Seul, le second récit (et le moins réussi) s’apparente à une confession, impression accentuée par le déroulement raconté à la première personne et par le ton « Je suis une mauvaise fille » qui détonne franchement au milieu des trois autres histoires au rythme, au péripéties, aux lieux, aux époques et aux caractères singuliers et différents. L’impression finale est inégale avec surtout quelques excellentes surprises qui rattrapent l’effet un peu « fourre-tout » du mélange des genres.

Amy

La première nouvelle est la plus longue. Nous avons l’impression de lire un roman de la collection « Audace » tombé dans la BSM… soft, il faut tout de même le préciser ! Kit Tunsdall franchit « gentiment » les limites de la romance avec les scènes de sexe, mais se sent plus à l’aise en décrivant l’évolution des sentiments de nos deux héros, qui devient le point central de ce récit. Que ce soit Amy ou Roan , chacun a du mal à s’avouer qu’il ou elle est en train de tomber amoureux de l’autre.

Nous sourions de l’incohérence du point de départ, lorsque notre héros est mortifié d’avoir sans le faire exprès assommé Amy et qu’il ne cesse de se dire que son père l’aurait battu comme plâtre d’avoir osé maltraiter une femme… vu ce que Roan lui réserve après, cela prête franchement à rire, entre les pinces, le martinet, les morsures et autres joyeusetés des relations sado-masochistes, qu’aurait fait le père du héros ? Il l’aurait écartelé ?

Au final, nous nous laissons séduire par l’écriture simple et concise de Kit Tunsdall, qui remplit sans génie mais avec efficacité son contrat dans les descriptions soft, comme dans l’étude de caractères, avec cette histoire qui peu à peu prend le temps de s’installer et de s’approfondir.

Rose

Ici, nous pouvons prononcer le mot « ratage ». Portia da Costa passe totalement à côté de son sujet. Pourtant, l’idée était excellente : un manoir anglais décrépi en pleine rénovation, un héros désargenté, une décoratrice américaine qui n’a pas froid aux yeux… cependant le soufflé retombe bien vite. L’auteur ne sait pas créer une atmosphère passionnante, ni apporter du relief à ses personnages qui n’ont aucune consistance.

Lorsque l’héroïne se sent toute émoustillée en regardant sur une cassette le héros donnant une fessée et rêve de subir le même sort… nous frôlons le ridicule, dans lequel tout cela va sombrer assez rapidement. Rose et Christian se retrouvent amoureux l’un de l’autre sans que nous comprenions ce qui a pu se passer. Dommage, il y avait à écrire un roman érotique intéressant !

Emma

Voici la nouvelle qu’il ne faut en aucun cas manquer. En quelques lignes, l’ambiance victorienne est soudain transcendée alors que les pensées érotiques du héros, aussi passionnées que poétiques, aussi crues que désespérées, apportent un ton singulier et captivant à cette nouvelle. Très intelligemment, Charlotte Featherstone a su garder jusqu’à la dernière ligne cette ambiance en demi-teinte ne faisant pas tomber son récit dans un final à l’eau de rose !

Que ce soit Adrien ou Emma, nous sommes totalement sous le charme de ces deux personnages malheureux et très touchants qui tentent de gagner une part de bonheur alors que leurs différences sociales semblent inconciliables. En même temps, les scènes sensuelles donnent à ce récit une chaleur et une passion saisissantes. Charlotte Featherstone domine parfaitement son sujet en pourtant peu de pages. Un auteur à suivre, indubitablement !

Chloe

Pour cette dernière histoire, en une trentaine de pages, il devient très difficile de concocter une intrigue avec des personnages consistants. Lillian Feisty n’a que partiellement réussi son pari… En effet, son héroïne est cohérente, les deux héros également. Les motivations des uns et des autres ainsi que les méandres et l’évolution des relations complexe au sein d’un ménage (une relation amoureuse à trois personnages) est très bien rendue et nous pouvons même saluer la finesse du propos qui nous entraîne sur les possibles problèmes que tout cela engendre…

En fait, l’auteur n’avait plus que deux pages pour terminer sa nouvelle, et cela se sent malheureusement. Elle opte pour un virage « tout est bien qui finit bien » peu convainquant qui nous laisse sur notre faim. Son style redevenu soudain joyeux tranche avec les confidences de deux des héros et contribue à apporter à l’ensemble une impression de superficialité malvenue.

Toutefois, l’auteur domine parfaitement son sujet quand elle décrit les scènes sensuelles, tout en restant très soft, surtout quand elle évoque l’aspect homosexuel de cette relation qu’elle humanise explicitement en ne tombant pas dans le piège de l’idéalisme. Chloé devient l’héroïne de ce « ménage » et tout l’érotisme se construit autour d’elle, la domination restant masculine ce qui convient à ses fantasmes alors qu’elle joue de son charme pour mieux assujettir nos deux héros. Un prêté pour un rendu !

Au final, quatre histoires inégales, dont une frôle l’excellence, qui explorent de façon très douce les aspects singuliers de l’érotisme au féminin, soit le sado-masochisme, le fétichisme, l’interdit et le « ménage ». Une façon agréable de se lancer dans ce genre de récits très répandus aux États-Unis mais qui restent assez confidentiels en France.

Fiche Technique

Format : semi-poche
Pages : 341
Editeur : Harlequin
Collection : Spicy
Sortie : 1 juillet 2009
Prix : 7,90 €