La forteresse des Highlands – Avis +

Présentation de l’éditeur

La vie de Margaret McDonald paraît toute tracée. En tant que fille du laird, elle sait qu’elle épousera celui à qui elle est promise depuis l’enfance, puis elle vivra à la cour du roi d’Angleterre. Cet avenir est bien différent de ce que lui a prédit la devineresse :  » il te faudra affronter des dragons, ma fille ! ».

Elucubrations de sorcière, sans doute. Pourtant quand Margaret surprend son fiancé au lit avec sa meilleure amie, elle se rebelle. Il a trahi sa confiance, elle ne l’épousera pas, quoi qu’en dise le roi ! Mais le destin va bouleverser son existence sous la forme d’une horde de Vikings sanguinaires, jusqu’à sa rencontre avec un immense guerrier celte à la chevelure d’or. celui dont lui avait parlé la devineresse…

Résumé

La vie de Margaret McDonald paraît toute tracée. En tant que fille du larid, elle sait qu’elle épousera celui à qui elle est promise depuis l’enfance, puis elle vivra à la cour du roi d’Angleterre. Cet avenir est bien différent de ce que lui a prédit la devineresse :  » il te faudra affronter des dragons, ma fille ! ». Elucubrations de sorcière, sans doute. Pourtant quand Margaret surprend son fiancé au lit avec sa meilleure amie, elle se rebelle. Il a trahi sa confiance, elle ne l’épousera pas, quoi qu’en dise le roi ! Mais le destin va bouleverser son existence sous la forme d’une horde de Vikings sanguinaires, jusqu’à sa rencontre avec un immense guerrier celte à la chevelure d’or. celui dont lui avait parlé la devineresse…

Avis de Callixta

Kathleen Givens est passionnée par l’Ecosse et son histoire tumultueuse et, après avoir évoqué ses rapports difficiles avec les Anglais voisins dans ses premiers livres, elle est revenue presque aux sources, au Moyen-Age, au moment où le pays naît et se forge une identité. Elle pousse même le raffinement à situer son intrigue dans le nord-ouest de l’Ecosse, dans ces Highlands de légende où elle avait installé ses premiers romans. Ceux-ci devraient certainement être traduits en français et permettront de découvrir la descendance des héros de ce roman.

Il commence en 1263 dans une Ecosse que nous ne connaissons pas et qui a du mal encore à se définir. Dirigée par un jeune roi, Alexandre, l’Ecosse a encore des frontières floues et mouvantes et entretient des rapports méfiants avec ses voisins irlandais et surtout vikings, installés sur les îles proches. La jeune Margaret McDonald est la fille d’un de ces « lairds » écossais et doit bientôt épouser un jeune homme d’une autre famille importante du pays. Jeune fille instruite, issue d’une famille aisée et prête à épouser un homme qui lui plaît, Margaret semble avoir toutes les chances de bonheur. Mais la tragédie va arriver sous la forme de navires à tête de dragons et un raid terrible d’un chef viking. Sa vie bascule et va prendre un tour totalement différent.

Kathleen Givens réussit à la perfection ce que peu d’auteurs font : elle mêle à l’histoire personnelle de ses héros la grande Histoire. Ici, le contexte est rigoureusement exact. L’Ecosse est alors en train de naître comme état et si elle choisit ce moment, ce n’est pas par hasard. C’est une période fascinante par sa fragilité et par sa richesse. Un peuple prend conscience de son identité. Les Ecossais sont le produit de la rencontre entre les Celtes, les Pictes, les Normands et les Vikings. Kathleen Givens prend bien soin de donner un peu de toutes ces origines à ses personnages et elle n’hésite pas à monter que ce mélange ne s’est pas fait dans la douceur ni la tolérance. Le livre prend une dimension souvent tragique et n’édulcore en rien la violence et les mœurs des Vikings qui utilisaient le pillage et le massacre comme technique de conquête. Pourtant rien n’est gratuit ni complaisant. Ce contexte très vivant et réaliste contribue à emporter le lecteur curieux de cette Ecosse méconnue.

Dans cette période très difficile, Margaret MacDonald, l’Ecossaise, va rencontre Gannon MacMagnus, à moitié Irlandais et Viking. Pour ceux qui connaissent le reste de l’oeuvre de cet auteur, ils seront les fondateurs du clan MacGannon de Kilgannon. C’est la genèse de cette famille à laquelle nous assistons. L’histoire entre eux est simple : entre deux personnes qui ont beaucoup de raisons de se méfier l’un de l’autre va naître un tendre sentiment qui va résister à tout : la mort qui menace à chaque instant, les engagements de l’un et de l’autre. C’est un caractère fréquent dans les livres de Kathleen Givens : l’amour abat des montagnes. Dans un style limpide et par des scènes magistrales, l’auteur tisse des liens indestructibles entre eux.

Elle ajoute d’innombrables détails sur la vie quotidienne de cette époque et de nombreux personnages secondaires. En Ecosse, les membres du clan ont des liens étroits, la famille de Margaret est nombreuse. Sa petite sœur, Nell, est particulièrement intéressante. Très jeune encore, nous suivons souvent l’histoire à travers ses yeux et elle apporte une note de fraicheur et d’intelligence très agréable. Nous pourrons la retrouver dans le tome suivant qui poursuit l’histoire avec les descendants de cette première génération de MacDonald et de MacGannon. C’est alors un autre moment de tension dans l’histoire de l’Ecosse et sans nul doute une autre plongée dans ce pays que Kathleen Givens sert si bien.

Avis de Marnie

Depuis quelques mois, le changement d’orientation de la collection Aventures et Passions nous offre non seulement de très belles histoires, mais également la découverte d’auteurs passionnants. La forteresse des Highlands constitue un parfait exemple à suivre… Pour la première fois, Kathleen Givens est traduite en français avec pour conséquence, de nous faire connaître un auteur très talentueux qui a notamment gagné un Rita Awards en 2003. Cela doit être amplement mérité au vu de la qualité de cette présente histoire ! On pourrait reprocher aux éditions Jai Lu de commencer par la parution de son sixième roman de ce qui semble pour le moment une série de sept… sauf que Kathleen Givens elle-même s’amuse à écrire selon ses envies et non par ordre chronologique. Ainsi, ici, il s’agit en fait de l’histoire des deux héros qui ont créé la dynastie de ceux déjà évoqués dans ses autres récits…

Vous, qui comme moi, avez adoré lire les romans mettant en scène des Highlanders (soit habitants des hautes terres d’Ecosse), vous ne connaissez qu’un seul ennemi à nos redoutables et toujours si attachants guerriers : l’Angleterre qui les envahira… Or, ici, l’action se déroule en 1263. Le mot « anglais » ne sera prononcé qu’une fois. En effet, nous sommes sur la côte ouest de l’Ecosse, occupée par des clans chargés de repousser d’éventuels envahisseurs et de pacifier l’intérieur des terres. Qui sont les ennemis de l’Ecosse ? Principalement, les troupes du roi de Norvège qui lorgnent les nombreuses îles de l’Océan Atlantique et de la mer du Nord comme les Hébrides ou encore l’île de Skye, alors indépendante, alliée de tous pour mieux tirer son épingle du jeu. Or, entre la Norvège et le nord de l’Ecosse, les 67 îles qui composent les Orcades habitées par les Vikings (mais sous domination norvégienne) vont provoquer des troubles entre ennemis… ou amis[[Elles ne seront cédées à l’Ecosse, avec les îles Shetland qu’en 1469]].

Si ce préambule est un peu long, il est nécessaire tant cette période et cette guerre larvée, faite de raids et de massacres perpétués sur de nombreuses années au Moyen-Age, nous est totalement inconnue, à nous Français… C’est un reproche alors totalement injuste d’ailleurs que l’on peut faire au livre. Il nous faut au moins deux chapitres pour tenter de comprendre les manœuvres des uns et des autres, les alliances qui se font et se défont, les protections où les terres sont plus importantes que la fortune. Notre héroïne, Margaret MacDonald est une femme forte, au tempérament indépendant et à l’intelligence vive, qui a conscience du monde qui l’entoure. Toutes ses forces sont focalisées sur sa réflexion pour échapper à un mariage qu’elle ne veut plus. La description d’une « fille de chef de clan » représente un des points les plus passionnants de ce roman. En effet, Kathleen Givens ne tombe pas dans le piège de l’anachronisme grossier en donnant à son héroïne un caractère actuel ! Margaret trouvait son fiancé charmant, même si elle ne l’aimait pas, cependant il ne lui serait certes pas venu à l’idée d’être amoureuse de son mari. Tout ce qu’elle souhaitait, c’est faire plaisir à ses parents, agir comme son devoir le lui imposait, et aller à la cour d’Ecosse pour vivre une existence de noble… C’est l’humiliation et donc sa fierté blessée qui provoque sa réaction de rejet. Mais que peut faire une jeune noble à cette époque contre la volonté des hommes… et des autres femmes ? Quels choix se présentent à elle ? Bien peu…

Gannon MacMagnus n’est qu’un guerrier sans terre et sans fortune, avec seulement un bateau et des hommes sous ses ordres. Il est à moitié Irlandais, moitié Viking (ceux-ci avaient envahi depuis des siècles l’Irlande et s’y étaient installés). Pour les uns, il se nomme encore Gannon Magnusson, mais il s’est détourné de cet héritage pour devenir Irlandais. Appelé par son cousin qui n’est autre que le chef de l’Ulster (actuelle Irlande du Nord), lui et son frère vont venir en aide aux Ecossais, victimes de terribles pillages, car ces attentats contre les côtes menacent directement la sécurité de l’Irlande… Fin stratège et combattant accompli, il représente le « parfait » héros, dur, froid, silencieux, et malgré une blondeur éclatante, ténébreux à souhait !

C’est alors le talent de Kathleen Givens fait la différence. Non seulement, certaines péripéties sont inattendues, les méchants ont une personnalité impressionnante, certains personnages secondaires sont nuancés, au caractère fouillé, mais l’originalité de cette période nous offre un dépaysement des plus réjouissants. Son récit, pleins de bruits, de drames, d’émotion et de fureur est passionnant jusqu’à la dernière page. Nous sommes totalement emportés par la violence des personnages, l’aspect terrible de la situation, la peur qui les habite. Nous sommes au XIIIe siècle, très loin d’une société policée et des troubadours. Kathleen Givens ne s’attarde pas sur le fait que Margaret doit avoir au plus… quinze ans. L’existence est courte pour tous, hommes, femmes, enfants… maladies, tueries, accouchements, et même esclavage. Nous nous attachons à des personnages sympathiques qui perdront la vie, mais ici, tout cela fait partie du quotidien. Il faut donc vivre vite et intensément. C’est cette impression d’urgence qui est présente dans le livre et que nous gardons alors longtemps après avoir refermé ce roman.

La porte reste ouverte (et annoncée par l’auteur) pour Nell, la petite soeur de 12 ans de Margaret, personnage au comportement d’adulte, ce qui n’étonnera personne. Nous nous attendions à la retrouver héroïne du roman suivant de Kathleen Givens qui vient de paraître aux États-Unis. Or, non… c’est le fils de Margaret et de Gannon qui en est le héros pour une période plus connue des Highlands… où Robert Bruce et le roi d’Angleterre vont s’affronter. Il faut espérer qu’il sera prochainement traduit en français !

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 410
Editeur : J’ai lu
Collection : Aventures & Passions
Sortie : 30 mars 2009
Prix : 7,40 €