Présentation de l’éditeur
La collection » Petite philosophie du voyage » invite Sébastien Jallade, journaliste, à réfléchir aux raisons qui poussent le voyageur à se risquer dans une région déserte ou à affronter l’agitation des métropoles. En quête de liberté, l’homme à l’épreuve de la route répond à un appel qui lui permet de s’ouvrir à l’altérité et de mieux cerner sa propre identité.
Avis de Eric
« Vivre à l’étranger est l’école buissonnière d’un exotisme banalisé»
Voici un livre court (89 pages), dense, philosophique, à comparer aux livres du philosophe suisse Alexandre Jollien, et qui tient ses promesses de somme métaphysique.
Des innombrables récits de voyageurs, et surtout de sa propre expérience de routard, Jallade entend tirer la substantifique moelle et y réussit très bien.
Passées les quelques pages du début tenant des propos convenus qui se ressentent dans le style (les victimes sont consentantes, on recule ses limites, et le parcours est initiatique comme il se doit), Jallade trouve très vite le vif de son propos.
Il voit tout d’abord dans cet appel de la route la quête d’émerveillement qui lui semble aussi indispensable à l’homme que l’air et l’eau pour vivre. Il pose comme idéal « l’apologie d’un savoir qui naîtrait de façon empirique dans l’action perpétuelle qu’est le voyage » qu’il appelle le « nomadisme actif ».
L’homme qui part dès lors devient un « prédateur en quête de l’autre », même si cette quête de l’autre peut être le fondement au choix d’un espoir de compréhension du monde, d’une mystique de la rencontre, ou encore d’un voyeurisme exotique.
Mais le vrai nœud de sa réflexion est atteint quand il réfute l’exaltation des clivages culturels opérés par les sociétés occidentales pour satisfaire notre appétit de divertissement folklorique et exotique. En lieu et place, il propose l’idée que la justification de la route, du voyage, du pèlerinage réside dans la rencontre du voyageur avec l’universel commun à chaque homme par-delà les différences de condition, de culture et de pays.
Enfin, le concept le plus intéressant de Jallade est introduit comme le dépassement de la conscience qu’ont les six milliards d’homme d’aujourd’hui de « faire partie d’une entité commune et [de se reconnaître] dans la sphère du monde cathodique. Ce concept, il l’appelle la sédentarité à l’étranger.
Plutôt que des allers-retours dans las pays, fussent-ils exotiques, il prône l’installation dans un pays pour côtoyer le langage des petits gestes, expérimenter « la banalité loin de chez soi » car « la vie quotidienne offre un inépuisable vivier d’apprentissage » : négocier un bail, trouver un logement, acheter des meubles. « En quelques jours, plus sûrement qu’en plusieurs semaines de vagabondage, on pénètre dans l’intimité du pays d’accueil ». « C’st aussi le temps de la connivence par le jeu de la langue. » « Ces moments [de la vie quotidienne du pays d’accueil] en apprennent plus sur le rapport à la mort, à l’argent ou au pouvoir dans la pays hôte que bien des livres ». Et le lecteur de se faire le commentaire in petto que ceci concerne également les livres de récits des voyageurs.
Qu’attendre finalement de plus d’un départ sur la route ? Ce livre nous ouvre les yeux sur cette vérité de façon magistrale.
Fiche Technique
Format : semi-poche
Pages : 89
Editeur : Transboréal
Collection : Petite philosophie du voyage
Sortie : 21 mai 2009
Prix : 8 €