Prise de guerre – Avis –

– Même le réseau du métro et les conduites d’eau devraient être contaminés par les retombées radioactives. Après l’explosion, plus rien, ni personne ne pourra transiter à travers cette zone. Londres sera totalement asphyxiée, pour plusieurs années.

Ancien du Special Air Service, Matt Browning connaît quelques difficultés financières. Il semble que l’endettement vis à vis de la maffia russe soit une très mauvaise idée. Parfaitement au courant de l’état de ses finances et de son futur trépas, le MI5 lui fait une offre qu’il n’a pas vraiment les moyens de refuser.

Voici donc Matt Browning et quelques ex-collègues, eux aussi anciens du SAS, qui se retrouvent dépendre brièvement des services secrets de sa majesté britannique et ceci pour une mission ponctuelle. Il s’agit de donner l’assaut à un cargo transportant 10 millions de dollars, somme appartenant à Al-Qaida.

Chris Ryan est célèbre pour avoir échappé à la capture de son unité durant la première guerre du Golfe. Après avoir relaté ses aventures[[ celui qui s’est échappé (édition Nimrod)]], il s’est lancé dans la rédaction de thrillers et dans le rôle de conseillers pour jeux vidéos [[Projet IGI & IGI 2 : Covert Strike]].

A première vue sa description de la micro-société des SAS est instructive. On y apprend que les officiers soucieux de la vie de leurs hommes ne montent pas en grade. De même est évoqué les conditions sociales critiques des anciens SAS. D’où la réflexion placée dans la bouche d’un des personnages selon laquelle la pègre traite mieux ses hommes que l’armée britannique. Puis vient le déroulement de l’intrigue et cela se gâte.

Tout d’abord, on remarque que le MI5 a recruté des SAS et non pas des SBS (Special Boat Service). Ces forces spéciales dépendant de la marine britannique auraient été parfaitement aptes à s’emparer d’un navire. Au lieu de cela le commando de cinq hommes bénéficie d’un entraînement sommaire pour mener l’abordage. Cela n’est guère réaliste, mais contribue à l’intensité dramatique. Ensuite ils ne possèdent pas dans leur équipement d’un brouilleur de téléphone portable, ce qui leur causera par la suite quelques désagréments (effet dramatique). En prime, ils n’ont pas été pourvus de grenades pour combattre dans cet espace clos que constituent les cales d’un navire. Par conséquent l’artificier de l’équipe bricole en urgence des explosifs (effet dramatique toujours).

Cet expert en explosifs se trouve être un ancien membre de l’IRA. Ce personnage aurait mérité un développement de sa personnalité. Evidemment le faire collaborer avec d’anciens commandos de la lutte antiterroristes n’est guère crédible, mais contribue à la paranoïa qui s’empare des héros.

L’histoire se poursuit laborieusement entre fausses pistes, assassinats et menaces d’un attentat terroriste nucléaire. Puis vient la surprise finale… qui n’en était pas vraiment une, car David Morell avait eu la même idée dans Les Conjurés de la pierre[[Le livre de poche]]. Plagiat ? On peut laisser le bénéfice du doute à Chris Ryan. Par contre, quand il nous décrit la méthode pour leurrer un sniper en lui présentant une fausse silhouette, il est difficile de ne pas faire le lien avec Conan Doyle. Rappelons que Sherlock Holmes avait utilisé une ruse similaire pour berner le colonel Moran, tireur d’élite au service de Moriarty.

En résumé s’il existe peu de personnes capables d’échapper à l’armée de Saddam Hussein, il en existe bien d’autres capables d’écrire un meilleur livre.

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 450
Editeur : Pocket
Collection : Thriller
Titre original : Greed
Traduction : Frank Mirmont
Sortie : avril 2009
Prix : 7,30 euros