Les pièges du crépuscule – Avis +

Le professeur Mathias se tenait entre deux tables d’autopsie. Sur l’une reposait le corps sans tête, sur l’autre l’abomination que représentait cette tête séparée du corps.

En ce début du XXe siècle, Vienne constitue un haut lieu de culture, mais se trouve être parfois le théâtre de crimes singuliers. Lorsque des affaires criminelles hors du commun se présentent, l’inspecteur Rheinhardt a l’habitude de faire appel à son ami le psychiatre Max Liebermann. Et il est évident que la découverte d’un cadavre décapité constitue une anomalie non négligeable. Le seul indice recueilli sur place consiste en des traces de boue. Curieusement l’autopsie révèle que le corps n’a pas été décapité avec une arme blanche. En fait la tête a été plutôt arrachée, acte qui nécessiterait plusieurs hommes à la force considérable. La perplexité est de mise, d’autant qu’un autre corps à la tête arrachée est découvert. A proximité se trouvent également des traces de boue ou plutôt d’argile.

L’enquête s’oriente vers la communauté hassidique de Vienne, d’autant que l’un de leurs rabbin avait prédit la mort prochaine d’une des victimes. Or les décapités étaient des ennemis politiques de la communauté juive. Quoiqu’il en soit les enquêteurs restent perplexes quant au mode d’exécution. Voyons : force prodigieuse, traces d’argile, ennemis des Juifs…Finalement un nom est prononcé : le Golem ! Max Lieberman exclut cette théorie, tout comme il n’accepte pas l’idée de pouvoirs prophétiques. Puis un laboratoire de kabbaliste est découvert…

Max Lieberman refuse toute interprétation faisant appel à l’occulte ou au surnaturel. Aussi il cherche une explication rationnelle quant au mobile et aux moyens employés. Et… il ne trouve pas.

A première vue le lecteur pourrait constater que quelque chose cloche. Car la méthode d’assassinat a été présentée à Max Liebermann au milieu de l’ouvrage. Cependant il ne faut pas oublier que cette série nous présente également la psyché de Max Liebermann. Et force est de constater que ce disciple de Sigmund Freud éprouve des difficultés à appréhender son propre psychisme.

Il semble qu’inconsciemment il refuse de voir ce qui saute aux yeux. Ainsi pour lui l’antisémitisme ne constitue qu’un défaut de l’intelligence. Il n’en perçoit pas les dangers, alors qu’il est au courant de l’afflux de réfugiés juifs résultant des pogroms de Russie, et qu’il est menacé de perdre son emploi en raison de l’ostracisme. Malgré tout il se rapproche peu à peu de la vérité et attire l’attention. Ainsi tout indique qu’il est appelé à devenir la prochaine victime.

L’auteur poursuit habilement sa description de la mentalité de son héros et des différentes communautés de l’Empire austro-hongrois. Motivations, handicaps et force se situent au plus profond des individus comme des collectivités.

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 420
Titre original : Fatal Lies
Traduction : Michèle Valencia
Editeur : 10/18
Collection : Grands détective
Sortie : avril 2009
Prix : 8,60 euros