L’Esclave – Avis +

Présentation de l’éditeur

Seyonne n’a pas toujours été esclave.

Autrefois, les membres de son peuple étaient les gardiens d’une magie protégeant le monde contre les démons. Autrefois… avant que les Derzhi ravagent leurs terres et les réduisent en esclavage. Après seize années de misère et d’humiliation, Seyonne est résigné : il attend la mort en évitant le surcroît de souffrance qu’apportent l’espoir et le souci d’autrui.

Mais, lorsqu’il est acheté par Aleksander, prince de l’empire Derzhi, son fatalisme désespéré vacille. Ce nouveau maître, d’une insouciante cruauté, héritier d’une civilisation qui a assujetti la sienne et règne sans partage sur son monde, semble la proie des démons. Que deviendrait le monde sous l’emprise d’un empereur à leur merci ? Devinant en Aleksander les germes de la grandeur, l’esclave devra, pour le sauver, trouver la force de mener son dernier combat.

Avis d’Enora

Le narrateur de cette histoire, Seyonne, est maintenu en esclavage depuis seize ans par les Derzhi. Son récit commence lors de son rachat par l’héritier de l’empire, le prince Aleksander, jeune homme capricieux, cruel, irascible mais profondément intelligent. L’intérêt que lui porte ce nouveau maitre vient du fait que Seyonne est un lettré qui sait lire et écrire contrairement aux nobles de la cour des Derzhi. Cette rencontre va faire vaciller les défenses que Seyonne s’était bâti pour sa survie pendant les longues et douloureuses années de captivité. Son passé, son pays, son peuple, tout ce qu’il cherchait à effacer de sa mémoire pour se préserver de la folie, revient lentement l’envahir. Gardien d’une magie destinée à protéger le monde contre les démons, il se retrouve face au dilemme de sauver l’empire de ceux là même qui ont détruit son peuple et annihiler sa liberté.

Les cinq cents pages de ce premier livre tournent principalement autour de deux personnages, Seyonne et Aleksander. Avec une superbe écriture et dans une intrigue intelligente et riche en rebondissements, Carol Berg décrit avec beaucoup de finesse psychologique l’évolution des liens entre les deux hommes. C’est à travers la relation à l’autre qu’ils vont se réaliser, chacun à leur manière : Seyonne dans la reconquête de son ancienne identité, refoulée pendant les nombreuses années de captivité et Aleksander dans la découverte du coté caché de son âme, à travers les épreuves et le combat contre le mal, à la fois extérieur et intérieur.

Entre mort et souffrance, défiance et mépris, haine et amitié, entre ce qui les oppose et ce qui les rapproche, dans un double mouvement d’attraction et de répulsion, chacun va être le catalyseur de l’autre dans la connaissance de lui-même. Au terme de ce premier tome, Seyonne comme Aleksander feront face à leur destin, acceptant chacun l’héritage qui leur est transmis non plus comme un fardeau mais dans un libre choix dont ils sont redevables l’un à l’autre.

D’une structure classique de fantasy – quête initiatique, voyage, épreuve, merveilleux médiéval et mythe biblique – L’esclave est aussi une réflexion sur la liberté – le don de Seyonne, tout en étant sacralisé, n’est-il pas cette partie de l’homme qu’on ne peut asservir ? – et la connaissance de soi – les démons qui sont ici des esprits parasites s’incarnant dans ceux qu’ils rencontrent, renvoient quelque part à notre propre monstruosité qu’il faut savoir reconnaitre et accepter.

L’esclave est une histoire riche, intelligente et captivante qui commence le cycle des Livres de Rai-Kirah de façon vraiment très réussie. Et pour couronner le tout, l’illustration de Jean-Sébastien Rossbach est superbe !

Fiche technique

Format : broché
Pages : 478
Editeur : Bragelonne
Sortie : 15 mars 2009
Prix : 22 €