La chambre mortuaire – Avis +

Présentation de l’éditeur

Étrange personnage que le docteur Simon Bloomberg ! Dans son hôtel particulier de la rue Mazarine à la façade presque aveugle, conçu comme une pyramide égyptienne, cet aliéniste au regard pénétrant et à la réputation sulfureuse traite ses patients selon des méthodes avant-gardistes qui font scandale. Lorsque la jeune Anglaise Sarah Englewood entre à son service, elle tombe immédiatement sous le charme de ce scientifique hors du commun, fascinée par le mystère qui l’entoure.

Pourquoi ne voit-on jamais sa femme, une archéologue de renom dont les trouvailles encombrent chaque recoin de la maison ? Et pourquoi une des pièces est-elle interdite d’accès ? Tandis qu’une série de meurtres inexpliqués défraient la chronique parisienne, une relation trouble se noue entre l’intrépide Anglaise et l’ombrageux médecin…

Avis d’Enora

C’est dans son cabinet privé, baptisé Cour des Miracles que le docteur Simon Bloomberg accueille ses patients. Aliéniste passionné par les découvertes de Charcot, il s’évertue à employer de nouvelles méthodes de traitements qui le laissent en butte à la vindicte et à la haine de ses confrères. Les bruits les plus fous courent à son sujet et ce n’est pas la mystérieuse disparition de son épouse qui va rassurer la jeune Sarah Englewood, nouvellement embauchée comme gouvernante ! Barbe Bleue ou fascinant médecin avant-gardiste ? L’intrépide Sarah est bien décidée à tirer cela au clair. Et tandis que le Tout-Paris fasciné par le spiritisme est secoué par une série de meurtres inexpliqués, elle se lance à l’assaut des secrets de l’aliéniste, relayée en cela par les deux inspecteurs Léonce Desnoyers et Raoul Mesnard.

C’est dans le Paris haut en couleurs de cette fin du XIXe siècle que Jean-Luc Bizien plante son intrigue, entre faluchards, rapins, grands fêlés du ciboulot, petits vendeurs de journaux et marchands de quatre saisons retranchés derrière leur charrette à bras. Dans un Paris où les badauds se pressent quotidiennement à la morgue, ce lugubre bâtiment dressé à la pointe de l’Île de la Cité, pour contempler les corps nus baignés dans l’eau froide des morts non identifiés; où une ancienne fabrique de munitions, la Salpêtrière, fut commuée en hospice vieillesse-femme afin d’y tenir enfermées les filles de petite vertu, les gamines abandonnées et les malades sans le sou. On retrouve chez Jean-Luc Bizien le souffle d’Emile Gaboriau, dans sa façon de disséquer le quotidien à travers une intrigue très élaborée, avec des personnages bien campés et une touche de surréalisme empruntée à Leroux ou Poe. L’originalité du roman vient aussi des deux tandems de détectives qui œuvrent en parallèle : le tandem amateur formé de Sarah et du docteur Bloomberg et celui plus professionnel mais tout aussi mal assorti de Mesnard et Desnoyers. Avec ces deux générations d’inspecteurs qui s’essaient tant bien que mal à la cohabitation, c’est toute l’évolution de la police avec des techniques d’enquête plus modernes qui est ainsi pointée dans ses balbutiements.

Comme son « maître » Serge Brussolo, Jean-Luc Bizien mélange les genres avec bonheur. Ses romans policiers empruntent à la SF et au fantastique avec des personnages extrêmement fouillés et humains. Ce premier tome inaugure avec beaucoup de réussite une série d’enquêtes de l’aliéniste Simon Bloomberg dont nous attendons impatiemment la suite prévue pour juillet.

Fiche technique

Format : poche
Pages : 432
Editeur : 10/18
Collection : Grands détectives
Sortie : 19 février 2009
Prix : 8,60 €