Spaghetti Brothers : intégrale – Avis +/-

– Il n’aurait vraiment pas dû sortir son revolver à ce moment-là !
– Ouais, 120 balles dans le corps, c’est vraiment excessif, tu ne trouves pas ?

Venu de sa Sicile natale, Don Amerigo Centobucchi exerce en Amérique l’activité de… homme d’affaires. Oui, le terme convient parfaitement. Complet-veston, cravate, chapeau élégant, colt 45 sous l’aisselle : ses affaires prospèrent. Ses gardes du corps sont sereins. Ils sont efficaces et qui oserait s’en prendre à Don Amerigo ? Ah si… lui ! Armé d’un crucifix, vêtu d’une soutane, voici le père Franck (alias le père Francesco) qui d’un coup d’épaule défonce la porte et à grands coups de crucifix (frappant en long, en large, à travers, mais jamais à tort) exerce la colère du seigneur sur Don Amerigo Centobucchi. Il faudrait bien intervenir. Mais l’agresseur est prêtre et porte comme nom de famille Centobucchi. En effet à la différence de son aîné mafieux, ce bien cher frère a choisi la voie de la prêtrise tout en s’accordant de succomber au péché de la colère devant les agissements d’Amerigo (c’est fou le nombre de choses que peut entendre un prêtre catholique en confession).

Mais Amerigo n’est pas le seul frère du père Franck. Voici Antonio qui a choisit le métier de policier. Il ne passera jamais en grade (trop honnête) et s’il a choisi cette profession c’est pour avoir l’occasion de tuer sereinement son gangster de frère. Heureusement le père Franck a également deux soeurs. Caterina et Carmela sont honnêtes, chastes et pures… Vous y croyez ? Quant au père Franck nous découvrirons sa part d’ombre (la révélation s’avère riche en humour noir). Les années passent. Les membres de la famille survivent entre les aléas de la vie, les balles, les problèmes de coeur et ceux de la conscience, sans oublier la crise économique (celle de 1929) et l’arrivée du cinéma parlant.

Les deux auteurs argentins nous procurent des épisodes d’une huitaine de pages où la tragédie voisine avec des situations cocasses. Ainsi si des témoins auraient osé rapporter certains faits, ils auraient pu raconter avoir vu et entendu Don Amerigo Centobucchi fuir dans la nuit en hurlant son innocence. Serait-il innocent pour la première fois de sa vie ? Lentement les pièces du puzzle se mettent en place. Ainsi Il faut plusieurs histoires pour comprendre pourquoi Amerigo s’énerve quand on parle de l’actrice Gipsy Boone, la soit-disante princesse gitane. De plus il existe de nombreux secrets de famille. Lorsque quelqu’un évoque la ressemblance familiale d’un bébé, le père officiel s’interroge tandis qu’en arrière-plan les membres de la famille qui sont au courant de la véritable filiation affichent des sourires crispés (très crispés).

Les tranches de vie se succèdent. Et tout en contemplant les impact de balles sur les murs de son église le père Franck s’interroge. Pourquoi Dieu lui a t-il donné une telle famille ? Mais la volonté de Dieu étant impénétrable pourquoi ne pas aller rendre une fraternelle visite à Amerigo dont on vient de retirer les plâtres (plâtres placés suite à la dernière visite fraternelle de la religion).

Au fait peut-on considérer qu’il s’agit d’une attaque à main armée si l’arme utilisée est un crucifix (d’un poids respectable) ?

Fiche Technique

Scénario : Carlos Trillo
Dessin : Domingo Mandrafina
Editeur : Vents d’Ouest
Sortie : décembre 2008
Prix : 39 €
Poids : 3 kilos !
Réédition, grand format, 772 pages noir & blanc