Lucky Luke, tome 74 : L’Homme de Washington – Avis +/-


– Dis donc le pied tendre, ici on se présente quand on entre.
– Soit : je suis Rutherford Hayes, le futur président des États-Unis d’Amérique.
– Ouais, et moi je suis Laura Ingalls !!

En cette année 1876, Lucky Luke le valeureux cow-boy reçoit comme mission d’escorter Rutherford Hayes, candidat à la présidence américaine lors de sa campagne électorale dans l’Ouest sauvage. Ce colis encombrant lui a été remis par deux agents spéciaux ressemblant beaucoup à James West et Artémus Gordon. Et c’est le début d’un périple amenant le candidat à rencontrer entre autres une chanteuse nommée Britney Schpires (toute ressemblance…), les frères Jackson et Elvis Presley. On reconnaîtra le chasseur de prime Eliot Belt, sans oublier Pat Poker. De même l’épisode en diligence rappelle quelque chose à Jolly Jumper.

Cependant, l’auteur se permet quelques allusions au contexte géopolitique. Ainsi Hayes reçoit une délégation d’ouvriers chinois du chemin de fer. Venus protester contre les salaires misérables ? Non, ils sont deux fois plus élevés qu’en Chine ! Par contre ils manifestent contre leurs conditions alimentaires. Privés de riz, ils sont obligés de consommer cette immonde nourriture capitaliste que constitue le cheese burger !

Le mélange des deux époques pour les gags est une méthode éprouvée. Cependant l’humour spirituel n’est pas toujours au rendez-vous. Ainsi le candidat à la présidence échappe de peu à un attentat à l’explosif dans une communauté d’immigré allemands. Le mur d’un dénommé « Berlin » est victime d’une explosion, d’où le commentaire « Le mur de Berlin est tombé » : simpliste.

Plus grave lors de son intervention contre des membres du Ku Klux Klan, Lucky Luke leur demande d’ôter ces costumes ridicules :

Ridicule ma taie d’oreiller 100% plus blanc que blanc ??!
La ferme Ariel !

Là, c’est limite !

Le contexte récent des USA est également évoqué. Ainsi Hayes évoque le futur « un jour il y aura un candidat noir à la présidence des Etats-Unis » [[l’album a été réalisé avant l’élection de Barack Obama, le 4 novembre 2008]]. De plus il me semble avoir reconnu en Peter Camby le candidat dont la famille a fait fortune dans le pétrole et dont le programme est simpliste : « Je ferai baisser les impôts et j’augmenterai les pendaisons« , un certain George W. Bush. Certains pourraient objecter que l’adversaire d’Hayes n’utilise pas un micro dissimulé qui lui fournit des réponses dans un débat (Camby bénéficie d’un souffleur). De même son allié n’est pas Sarah Palin, mais Sam Palin.

N’oublions pas le vieux continent. Ainsi Jack Lantyer le machiniste de la locomotive de Hayes est une référence à Jack Lantier le personnage de Zola interprété par Jean Gabin dans « La Bête humaine ».

Quant à la citation de Hayes « Les Américains sont des veaux ! » elle renvoie à une référence française, que dis-je : gaullienne !

Fiche technique

Scénario : Laurent Gerra
Dessin : Achdé
Edition : Dargaud/Lucky Comics
Collection : Les Nouvelles aventures de Lucky Luke
Sortie : décembre 2008
Prix : 9,45 euros
Inédit, grand format, 48 pages couleurs