Le secret du lac – Avis +

Présentation de l’éditeur

Des éclats de voix, un bruit assourdissant… Brutalement arrachée à son lit, Clémence hurle. Elle tente de se dégager mais on la jette dehors. Son père, ses frères, ivres et vociférants subissent le même traitement. Sous le regard cruel de Gray Bouvier, leurs maigres biens volent par la fenêtre…

Il faudra douze ans à Clémence Devlin pour surmonter cette nuit de cauchemar et revenir à Prescott. Car, aujourd’hui, elle sait et veut régler des comptes. Sa mère ne s’est jamais enfuie avec Guy Bouvier. Gray, son fils, l’homme qu’elle n’a jamais cessé d’aimer, Gray, qui les a expulsés sans pitié, s’est vengé pour rien.

Pour laver l’humiliation qui la hante, pour oublier, elle doit savoir ce qui s’est passé cette nuit-là, la nuit où sa mère et Guy Bouvier ont disparu. Mais à Prescott, rien n’a changé. Ni la haine, ni les préjugés, ni Gray… Tous se sont trompés, mais comment auraient-ils soupçonné toute l’horreur de la vérité ?

Avis de Domino

Le secret du lac est sans aucun doute un des romans les plus aboutis de Linda Howard. Ecrit un an seulement après Un fascinant regard, Linda Howard y révèle l’ampleur de son talent. Dans ce livre, l’émotion et la finesse de l’analyse psychologique prennent le pas sur l’humour et la caricature.

L’intrigue du roman est à la fois simple et complexe. La trame est la recherche de la vérité sur des évènements qui se sont déroulés douze ans plus tôt et qui ont bouleversé à jamais la vie de tous les protagonistes de l’histoire. Clémence en voulant faire la lumière sur cette affaire va réactiver des haines anciennes, rouvrir des blessures jamais complètement refermées et déclencher une réaction en chaîne.

La complexité de l’intrigue réside dans le passé tourmenté des différents personnages. A l’enfance chaotique et sordide de Clémence répond celle de Gray et Monica, apparemment idyllique alors que la froideur et l’égocentrisme de leur mère les affectera durablement. Tous ont été marqués par l’absence d’amour au sein de leurs familles respectives. Clémence trouvera son salut dans l’amour sans borne qu’elle porte à son petit frère tandis que Gray et Monica trouveront le leur dans les liens puissants qui les unissent. C’est dans cet amour fraternel et celui porté au père disparu que gisent les clés de la scène très forte de l’expulsion de la famille Devlin. Les Bouvier et les Devlin vivent cet été là un moment qui déterminera la suite de leurs vies et les changera à jamais.

La réussite du roman tient également à l’attention portée non seulement à l’intrigue très fouillée mais aussi aux personnages qui lui donnent vie. Linda Howard a apporté un soin extrême à tous ceux qui traversent l’histoire, qu’ils soient de simples silhouettes tels les Morgan, Francis Pleasant ou les héros Gray, Clémence, Monica…

Autant, Dan Hollister, version moderne de l’homme de Néandertal pouvait apparaître caricatural, autant Gray Bouvier est infiniment plus riche et complexe. Sous des dehors d’homme inflexible, sûr de sa force et de sa position, Gray est aussi un homme profondément meurtri par la disparition de son père. Il traîne des blessures d’enfance jamais cicatrisées et ses réactions violentes à l’égard de l’héroïne en sont le symptôme le plus flagrant.

Avec un personnage aussi complexe, on pouvait craindre que l’héroïne ne fasse pâle figure, réduite à jouer les faire-valoir du héros. Il n’en n’est rien et Linda Howard offre une Clémence qui se distingue dans la galerie des personnages féminins de l’auteur. Clémence, socialement à l’opposé de Gray est cependant, psychologiquement, très proche de lui. Sous des dehors assurés également, la jeune femme lutte pour faire oublier la petite fille effrayée qu’elle fut.

La rencontre de ces deux êtres qui affichent une façade policée alors que bouillonne en eux un flot d’émotions intenses confère au roman une tension qui est perceptible tout du long. A la tension sexuelle répond la violence des réactions et des échanges verbaux qui finira par éclater, à la manière d’un volcan, par l’irruption d’une brutalité quasi animale dans une scène de sexe plus graphique que sensuelle. L’intrigue, conduite avec une maîtrise parfaite, enchaîne les scènes pour culminer une première fois avec une scène paroxystique qui est le tournant du roman puis une seconde fois avec un dénouement qui a des accents de tragédie grecque.

Lire ce roman ne peut faire que regretter que Linda Howard ait abandonné cette veine pour basculer dans des intrigues à la fois plus basiques et résolument humoristiques. Il est en effet dommage qu’elle soit plus connue aujourd’hui pour son Mister Perfect que pour ses romans à l’intrigue riche et aux héros complexes, tel Le secret du lac. On peut se consoler en les relisant…

Blue Moon

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 317
Editeur : J’ai Lu
Sortie : 7 janvier 1999
Prix : épuisé