Les disparues de la Tamise – Avis +

Présentation de l’éditeur

Une réception, un soir, chez M. et Mme Hastings. Au lieu de danser et de s’amuser, l’énigmatique Anthony Stalbridge rôde à l’étage de la demeure et tombe sur Louisa Bryce, qui semble elle aussi fureter dans les parages. A l’arrivée d’un vigile engagé par Hastings, pour donner le change, les deux espions ne trouvent leur salut que dans un baiser langoureux. Finalement, ils décident de travailler ensemble. Anthony est convaincu que Hastings est mêlé à une série de prétendus suicides, il veut le confondre à tout prix ; quant à Louisa, jeune journaliste déguisée en veuve, elle cherche à prouver que Hastings est copropriétaire d’un célèbre bordel londonien. A deux, l’enquête sera plus facile, mais peut-être aussi doublement risquée…

Avis de Domino

C’est avec une impatience mâtinée d’appréhension qu’était attendu le dernier roman d’Amanda Quick, Les disparues de la Tamise. Car, il faut bien le reconnaître, ses dernières romances historiques avaient déçu. Si on sentait bien la patte de l’auteur, il y manquait la flamme qui caractérisait ses premiers romans.

Les disparues de la Tamise est une vraie réussite et l’on retrouve l’Amanda Quick qui a su si bien charmer par le passé. L’intrigue est bien construite et menée avec brio, les héros avec leurs failles et leur passé tourmenté surprennent agréablement et comme à son habitude l’auteur crée une galerie de personnages secondaires irrésistibles. L’auteur alterne scènes émouvantes et comiques et insuffle beaucoup de rythme à son récit où l’on ne s’ennuie pas une seconde.

Amanda Quick range au placard des accessoires inutiles la superficialité qui imprégnait ses dernières romances historiques et y substitue une solide intrigue policière et des héros avec une véritable épaisseur psychologique. Ici pas de charmante excentrique à la limite de l’anachronisme mais une jeune femme qui essaie de survivre dans un monde dominé par les hommes et les classes sociales, une jeune femme qui porte sur les épaules un douloureux secret loin d’être anodin. Face à elle, le héros hanté par un épisode douloureux de son passé, accablé par un profond sentiment de culpabilité ne laissera personne indifférent.

Ce livre est aussi l’occasion d’une plongée dans une époque assez peu explorée par les auteurs de romance. L’action se situe à la toute fin du règne de Victoria, à l’aube du XXe siècle qui verra l’émergence des femmes dans la vie sociale et économique. C’est une époque terrible pour qui n’appartient pas à l’élite, une époque effroyable pour les femmes à qui la prostitution apparaît comme l’unique moyen de survivre. Amanda Quick dresse un tableau assez terrifiant de ces années dominées par le cynisme et la violence faite aux plus faibles. Venant contrebalancer cette noirceur pour le moins inhabituelle chez l’auteur, les dialogues étincelants de drôlerie et les situations cocasses rappellent que nous ne sommes pas dans un roman de Dickens. Amanda Quick se permet même de dynamiter certains passages obligés de la romance, les réinventant pour la plus grande joie du lecteur.

Si vous étiez restés déçus des dernières productions d’Amanda Quick, Les disparues de la Tamise devrait vous réconcilier avec cet auteur. Espérons seulement que c’est vraiment une nouvelle orientation de l’auteur et pas juste un feu de paille…

Avis de Marnie

Après avoir refermé ce roman, nous ne pouvons que dire : « Merci Amanda Quick » (alias Jayne Ann Krentz aka Jayne Castle) d’avoir su renoué avec vos premiers amours… Oublié l’absurde et improbable Vanza, ou les intrigues « psychiques » ! Voici ce que vous savez faire de mieux : le romantic suspense historique, bourré d’anachronismes, certes, mais où l’humour fait tout passer !

Premier bon point : l’auteur a su construire une intrigue avec fausses pistes et fil d’ariane complexe qui tient ses promesses jusqu’à la fin. Son récit se poursuit de rebondissements en péripéties dans un rythme soutenu, sans temps mort, retenant ainsi notre attention même si nous devinons assez rapidement les tenants et aboutissants, ce sont les réactions de ses héros face aux évènements qui nous importent.

Amanda Quick réussit à concilier expérience, mais aussi fraîcheur et renouveau. Elle conduit son récit comme à l’accoutumée, donc deux héros qui ont en commun un même ennemi et qui allient bon gré mal gré leurs capacités, informations et talents pour déjouer les manœuvres frauduleuses d’un membre de la haute société, tout en tombant dans les bras l’un de l’autre. Seulement, comme les jeunes auteurs actuels, elle place le lecteur directement dans l’action façon deuxième chapitre (les héros se sont donc déjà rencontrés…) et nous poursuivons à toute allure une séance de rattrapage, ce qui nous attache littéralement au récit, que nous ne pouvons plus quitter.

Pour une fois, l’auteur oublie de nous opposer un homme froid, ténébreux et presque muet, et une fofolle agitée et extravertie. Le héros est lui-même considéré comme un excentrique, il est rationnel, certes, mais il perd un peu ses moyens (comme nous le verrons avec un humour certain dans la première scène sensuelle…), a de l’humour et aime l’action. Louisa cache un lourd passé, ainsi que nous l’apprenons dès le prologue, n’a en fait plus grand chose à perdre ce qui la rend assez intrépide, d’une franchise un peu amère, ayant appris à vivre avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête.

L’humour est teinté d’un peu de cynisme, ce qui est une bonne chose. Amanda Quick semble raconter son histoire avec un certain second degré des plus appréciables. Il faut noter ici une excellente traduction, le langage choisi étant particulièrement soigné, réfléchi, ce qui donne à l’ensemble une impression de légèreté, mais aussi de finesse « charmante » très agréable. C’est évident que la trame est une romance très classique, que les héros manquent de profondeur, et que l’ensemble n’est pas bourré de sensibilité ou de vraie émotion. Mais, nous sentons la patte d’un écrivain plus que confirmé, sa maîtrise, son habileté mais surtout son plaisir à orchestrer des dialogues amusants, dynamiques et vifs. La sauce prend et nous nous laissons entraîner dans cette histoire rocambolesque et qui pourtant quand on y réfléchit a été lue des dizaines de fois auparavant… Le tout est de savoir se renouveler ! Il faut aussi préciser que la fin un peu en demi-teinte (tout ne s’arrange pas miraculeusement) constitue un élément de surprise intéressant qui soudain apporte un peu de profondeur au roman.

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 344
Editeur : J’ai lu
Collection : Aventures & Passions
Sortie : 4 novembre 2008
Prix : 6,50€