Une fiancée pas comme les autres – Avis +

Résumé

Lars, frère cadet de Gus Lindstrom vit particulièrement replié sur lui-même dans le garage de la maison familiale qu’ils ont hérité à la mort de leur père. Karin sa belle-soeur, s’inquiète de son mutisme et tente de le sortir d’un mutisme qui confère à l’autisme.

Lars ne parle jamais de lui, se contente de répondre rapidement et fuit tout rapprochement, surtout depuis que sa belle-soeur est enceinte, lui dont la mère est morte en le mettant au monde. Il finit par céder à l’insistance de Karin et profite de l’invitation à dîner pour leur présenter sa petite-amie, Bianca. Cette dernière est une jeune brésilienne de toute beauté mais qui cumule l’handicap d’être tétraplégique, ne parler que le portugais et… d’être une poupée grandeur nature en silicone.

Avis de Marnie

Timide et introverti, Lars vit seul dans le garage aménagé de son frère Gus et de sa belle-soeur Karin, dans un petit village du Middlewest. Quand il leur annonce qu’il a enfin rencontré une jeune fille sur Internet et qu’elle va bientôt lui rendre visite, Gus et Karin sont soulagés et très impatients de faire sa connaissance.

Leur surprise est grande lorsque Lars leur présente très officiellement l’étrange Bianca. Sur les conseils de leur médecin, Karin et Gus décident de ne pas heurter Lars et d’accepter son amie. Bianca accompagne Lars à table, à l’église ou au supermarché attirant l’attention et la stupéfaction générale du village.

Avec un sujet pareil, nous aurions pu assister au pire… du racoleur vulgaire jusqu’au désastre. Or, le scénario joue sur l’amour et la sensibilité… Pas seulement l’amour entre un homme et une femme, mais une petite bourgade entière pour l’un des piliers de sa communauté qui souffre, entre deux frères, entre le héros et sa belle-soeur, entre deux collègues… Voici une fable baignée d’optimisme, qui nous parle de souffrance psychologique avec délicatesse mais aussi humour. En fait, le traitement choisi fait la différence.

Nous sommes donc très loin de la farce grossière que l’on pouvait craindre. Voici notre héros, Lars (Ryan Gosling en contre-emploi stupéfiant mais crédible) qui vit seul dans le garage dans le jardin de la maison familiale qu’il a laissé à la disposition de son frère aîné, Gus (Paul Schneider dont les fêlures vont se deviner d’un jeu de regard ou d’expression) et de son épouse Karin (Emily Mortimer d’un naturel rafraîchissant). De plus en plus renfermé, il ne supporte même plus un dîner chez eux ou d’adresser la parole à ses collègues de travail. C’est la grossesse de sa belle-soeur qui semble avoir provoqué une presque situation de crise. Tout le monde va bientôt pouvoir constater qu’il est enfermé dans une sorte de psychose où sa profonde solitude et sa misère affective vont apparaître au grand jour. Mais c’est la réaction de tout le village qui va peu à peu nous étonner…

C’est le retour à la vie réelle de Lars qui nous est racontée ici, dans ce village au nord de l’Amérique où les rues sont enneigées huit mois dans l’année, de l’hiver jusqu’au printemps. Loin de montrer une société aussi froide que l’extérieur et la rudesse des habitants ne pouvait le laisser craindre, c’est l’acceptation et la bonté et l’entraide des gens qui vont se laisser prendre au jeu, même sans rien comprendre à la situation. En même temps, Lars va apprendre lui à se livrer peu à peu au docteur de famille, la fine et compréhensive Docteur Dagmar Bergman (excellente Patricia Clarkson).

Inutile de raconter plus avant cette histoire de tolérance, de complicité et de compréhension, ces blessures d’enfance non-dites, qui n’ont jamais été surmontées et qui soudain ressurgissent en provoquant de gros dégâts dans une famille où la communication s’est interrompue bien longtemps auparavant… Ce sont les autres qui peuvent alors nous aider. Nancy Oliver, une des scénaristes de Six Feet Under, signe ici un scénario et des dialogues qui font énormément penser à l’atmosphère tragicomique de cette série. Le récit joue sans cesse avec des situations données qui peuvent déraper sans cesse de la pire des façons, mais le moment de grâce ne sera jamais rompu. Assistant réalisateur de la plupart des films des frères Coen, John Cameron, devient le producteur de ce récit provocateur où la sensibilité des dialogues est si primordiale… Pour sa seconde réalisation, Craig Gillespie (Mr Woodcock) ose jouer avec le danger du sujet mais aussi nous offrir une histoire originale toute en émotion dans une atmosphère où la glace et la neige se confrontent avec la chaleur de ses habitants.

Avis de Valérie

Avec un tel scénario, on pouvait avoir peur de glisser lentement mais sûrement vers le scabreux. A la surprise générale, ce n’est pas le cas, et c’est même le contraire qui arrive car nous avons le privilège d’assister au déroulement d’une très jolie histoire où prévaut l’affection, la tolérance et la résilience d’une âme blessée.

Ryan Gosling habite totalement son personnage au point où ses tics, ses regards, ses postures se fondent en lui et le spectateur ne voit plus que Lars. Tout en justesse, Emilie Mortimer et Patricia Clarkson étalent leur délicate palette d’émotions et donnent de la profondeur à l’histoire et permettent à chacun de comprendre le processus de résilience qu’effectue Lars. Intelligemment, l’auteur fait dire à Lars que pour respecter leur engagement en tant que chrétien (la congrégation est luthérienne, comme c’est souvent le cas dans le Midwest qui abrite les descendants d’immigrés norvégien ou suédois), Bianca doit loger dans la maison familiale, son frère et sa belle-soeur étant de facto nommé chaperon.

Le « personnage » de Bianca prend sa place grâce aux regards et attention de la famille Lindstrom, mais aussi tous les habitants du bourg, qui acceptent de jouer le jeu par affection pour ce jeune homme qu’ils ont du mal à appréhender mais qu’ils acceptent tel qu’il est.

Cette petite merveille peut rappeler Little Miss Sunshine ou Juno, mais se révèle au final bien plus fine, plus intelligente, tout en ménageant un vrai comique qui a la grâce de ne jamais tomber bas. Véritable coup de coeur, nous sortons émerveillés par ses jolis sentiments, par cette solidarité des petites villes qui peut avoir ses défauts mais montre aussi toute la force que l’entraide apporte. Une belle réussite.

Fiche Technique

Sortie : 24 décembre 2008

Avec Ryan Gosling, Patricia Clarkson, Emily Mortimer, Paul Schneider, Kelli Garner, etc.

Genre : comédie romantique

Durée : 1h 42min.

Titre original : Lars and the Real Girl

Distribution : Diaphana Films